Cela faisait un bout que nous n’étions pas allés écouter quelques bonnes notes de musique à l’ex-Scène Michelet, ex-Michelet et désormais nommé Décadance. Le lieu porte bien son nom pour le metalleux de passage car oui le remplacement de la déco d’origine par de douteuses couleurs criardes à de quoi laisser dubitatif pour ne pas dire pantois. Mais laissons ces considérations à Valérie Damidot et venons en à l’objet de notre visite, une soirée sous pavillon de Crumble Fight oú sont l’honneur Ecstatic Vision et Weedpecker.
Le maître de cérémonie vient battre le rappel sur la terrasse, c’est la tradition et alors la horde des spectateurs déjà chargée de houblon se rend devant la scène du club à l’étage.
Le quartette qui se définit comme la seconde venue de Hawkwind attaque le set par le seul bout qu’il connaisse, c’est-à-dire celui d’un heavy acide et psychédélique. Bien que la musique de américains aie de quoi en décontenancer plus d’ un, la salle comble est vite happée par le vortex. La frappe métronomique et quasi monotone du batteur est hypnotique. La section rythmique tient la salle dans sa main grâce à un jeu répétitif mais aux patterns pourtant séducteurs.
On en prend plein les oreilles et plein les pieds. La salle fait corps avec le groupe, son plancher renvoyant aux auditeurs toutes les vibrations pendant que les stroboscopes illuminent le visage torturé et satisfait du chanteur. Accompagnés de saxo ils descendent au milieu du public, se roulent par terre, font le show sans concession, haranguant le public où lui filant même sa gratte à l’occasion (Ce qui vaudrait à l’heureux élu de se faire acclamer au nom de Bernard Tapping). Avec de telles conditions suintantes d’absence de clim, la salle devient vite un sauna et nous replonge quelques années en arrière du temps ou cette particularité était une marque de fabrique du lieu. L’heure de set est vite écoulée et on se retrouve à devoir atterrir pour aller se désaltérer encore essoufflé d’une prestation toujours aussi folle et puissante.
Bien évidemment quelques-uns dont je suis se sont interrogés sur la personne de programmer Weedpecker en seconde partie. Comment les Polonais vont ils pouvoir assurer l envol du public après le rouleau compresseur précédent? Cela ne semble pas désarçonner les cinq compères que certains sont venus voir de loin ce soir. Après des balances qui impatientent une partie du public dont je suis, le set démarre sans crier gare. Curieuse approche mais après tout, quoi de mieux pour remplir la salle que d’envoyer un bon son hypnotique et éthéré ?
L’astuce fait mouche et il faut peu de temps avant que les rangs ne se resserrent. Le set me semble tout d’abord un peu poussif, cela manque de transport. Le son est bien là, les lights ambiancent la scène à merveille pour un si petit club mais quelque chose ne prend pas tout de suite. Cependant d’un titre à l’autre on monte d’un cran et probablement que le taux d’alcoolémie moyen montant lui aussi la salle se laisse convaincre par ce son à la fois massif, enveloppant et pourtant si léger avec son chant dans les aigus et le clavier qui fait son office avec subtilité tout en jouant les mimes pour exhorter le public à entrer plus loin dans la musique délivrée. Tout cela ne sera pas diminué par une coupure de courant au milieu du set et le groupe reprend de plus belle pour une seconde partie de show qui soulève le public et le conquiert totalement. Les titres les plus massifs font goûter des plaisirs presque proches de Dopelord sans qu’ on ne puisse vraiment l’expliquer. La musique est enivrante à souhait et on s’y plonge totalement, personne ne semble être exempté de ce bain de psyché.
Weedepecker tient 50 minutes de set avant de rendre les armes et malgré un organisateur qui crie depuis le premier rang qu’il reste 10 minutes, malgré les vociférations du public et le rappel scandé durant bien cinq minutes personne ne réapparaîtra sur scène. Clairement une déception pour une fin de set que je n’ose qualifier de fonctionnariale pour ne pas salir les agents de l’État.
Ne soyons pas mauvaise langue cependant, cette soirée était une réussite et clôturait un week-end de pont avec brio. Deux claques musicales pour deux groupes qui loin d’être des découvertes pourtant leur styles avec originalité et talent d’une fois sur l’autre. Je ne sais pas combien de temps vivra encore le lieu mais ce soir il écrivait encore une page de son histoire avec une soirée faite sur mesure par un organisateur bien à la barre de son affaire. Merci Crumble Fight pour cette soirée si réussie.
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