Vallet est une commune située à moins de 10 bornes de Clisson, ville emblématique du Hellfest (donc de le la Valley, scène stoner du festival) et à moins de 25 de Nantes (qui est en passe de revendiquer le titre de ville stoner psychédélique la plus active de France) Pour la cinquième année se tient ici un festival connu des initiés de la scène, le Westill, qui comme beaucoup aura reporté son organisation de 2020 sur cette année.. Ce rassemblement a le chic pour mettre les petits plats dans les grands; outre une salle d’une taille impressionnante et une orga d’une vingtaine de personnes, le Westill propose un plateau ambitieux avec une affiche qui invite Supertzar, Wallack, Veuve, Goatfather, Monkey3 et 1000Mods, excusez-nous du peu et on oubliera vite que Duskwood et Samavayo ont dû annuler leur venue. Dès lors entrons vite dans la salle Le Champilambart pour découvrir un accueil autour du merch des groupes, et divers artistes graphistes ou disquaires. Une fois passé ce centre névralgique, on entre dans une salle d’une belle taille et on se retrouve face à une scène pouvant accueillir les moins ridicules des groupes du circuit. Il est 16h30, c’est l’heure d’attaquer les hostilités.
La salle est encore vide quand Supertzar attaque son set, lla file d’attente à l’entrée est encore encombrée, sans doute à cause d’une succession de contrôles COVID, sécurité et billets qui débouche sur l’achat des jetons de consommation. Tant pis, l’heure c’est l’heure et Supertzar ne va pas se laisser démonter. Le trio envoie de la buche ou résonne les classiques du genre, leur stoner doom se teinte de heavy et fait la part belle aux soli aussi agressifs que démonstratifs. Cette touche d’originalité est mise en valeur par une scénographie au poil. Il faut dire qu’une belle console tout juste dépoussière trône au fond de la salle et que les spots au-dessus de la scène sont légion. Quel régal de pouvoir assister à un set de découverte du groupe dans de telles conditions d’autant que le son sonne net et en place malgré un an d’arrêt de l’ingé son. Autant vous dire que le set passe à une allure folle.
A peine le temps de retrouver les camarades de concerts qui étaient coincés dans la file, que déboule Wallack. Ce Quintette à clavier vient de Poitier et la richesse de leur musique offre une expérience originale. Si le son mérite une correction en début de set à cause d’une basse qui écrase tout, c’est très vite le retour à la normale. Le public peut alors profiter pleinement des nappes brumeuses d’un synthé couplé à une basse linéaire et enveloppante. Le titre “Anxiety” lorsqu’il est annoncé fait bruisser la satisfaction, il semblerait que le groupe soit déjà attendu malgré un parcours nanti de seulement deux albums. Le mélange des genres proposé par Wallack se veut immersif et complexe quitte à parfois dérouter l’auditeur. Mais c’est bien cette originalité qui leur vaudra ce soir un juste succès.
Pour prendre la suite, c’est un groupe Italien avec un nom bien français qui entre en scène, Veuve. Le trio sonne immédiatement bien installé dans le genre stoner. Alors attention, pas le stoner qui tache, on joue là tout en subtilité et en riffs enjôleurs. L’approche fait penser parfois à celle de Valley of The Sun et si l’accueil n’est pas fou de prime abord on sent tout de même dans la fosse la présence d’une certaine fan base. Les riffs déboulent, s’enchainent et tournent sous un show light de qualité. C’est alors que se produit un de ces instants propres aux lives de qualité, la foule adoube le groupe en resserrant les rangs et se massant au devant de la scène. Veuve a pris ses vitamines et secoue la fosse. Le concert joue la progression tout du long et personne ne sortira de ce set en ayant quelque chose à redire sur réussite de la prestation.
A présent il est temps de quitter toute objectivité et tout esprit critique en vous racontant le set de Monkey3 . Les grappes de fans s’accrochent à la scène, quitte à prendre en pleine gueule les fumigènes (le bruit court que ce seraient même eux qui auraient inventé la e-cigarette et le brouillard), le temps est venu d’honorer les transcendants Vaudois. D’ailleurs que dire de leur prestation ? Elle étreint l’assemblée, il ne faut pas long à la majorité des auditeurs ici présents pour entrer dans le set. Et à écouter les murmures qui se faufilent dans la salle on comprend facilement qu’ils ont été un élément décisif pour prendre son billet pour le festival. Le quartet déroule sa set list avec talent, il est impressionnant de voir des musiciens jouer autant de notes aussi lentement, c’est un paradoxe, ils submergent massivement l’assistance avec une placidité incroyable qui n’exclut pas les blasts soniques pour autant. L’émotion dans la fosse est bien réelle, des larmes d’émotion coulent. Monkey3 nous aura offert un moment de grâce et de communion que l’on aurait accepté de voir s’étendre sur des heures. Revenez vite nous bénir s’il vous plait.
Malgré tout il faut passer à la suite et ce sont les non moins attendus 1000Mods qui après des balances qui semblent interminables prennent le relais. Et quel relais ! Une profonde déception envahit la fosse. Le son est puissant, la batterie assène ses coups avec une généreuse violence, mais pas un brin de voix ne filtre, ou presque malgré le titre magistral qu’est “Above179” et qui ouvre ce set. Très vite l’envie de bouger dans la salle devient une nécessité et si en navigant vers la console on retrouve une agréable qualité de son, on sent bien qu’une gratte va chercher trop de décibel et que la batterie écrase tout sur son passage. Il ressort de tout cela que certains dont je fais partie se sentent exclus du show et en viennent vite à le considérer comme poussif, sans supplément d’âme. Quel dommage car 1000Mods sait être une belle claque live et ils auront d’ailleurs l’occasion de le prouver sur le dernier tiers du set. La foule se sépare en deux, la batterie et la gratte font monter la pression. Les combattants se font face et enfin c’est le pogo et les auditeurs s’agitent dans la fosse. C’est à la force du poignet que 1000Mods clôture sur “Vidage” et réconcilie ainsi tous ceux présents devant la scène.
Les Lyonnais de Goatfather vont se charger de boucler la soirée. Le choix parait incongru, en effet, après les deux mastodontes qui se sont succédé il paraît étonnant de voir débouler ces quatre stonerheads au parcours plus confidentiel, pourtant ils vont prouver qu’ils sont à leur place sur ce créneau. La salle a beau être fortement clairsemée à cette heure tardive (il est minuit) cela n’empêche pas Goatfather de délivrer une prestation qualitative et granuleuse. Leur musique s’accorde d’ailleurs parfaitement avec l’heure de passage et l’alcoolémie qui en résulte. On est face à un groupe festif et qui met le pied au plancher sans s’encombrer de délicatesse, fini la dégustation de rigolos muscadets, on attaque le pot de cote qui pique et on s’empiffre d’une musique légère comme un tablier de sapeur. Le titre “Hipster Fister” pose là l’état d’esprit. Les riffs et les hurlements prennent la salle par les parties et du fond de la salle on voit émerger quelques zombies assoiffés de bagarre. Il ne faut plus longtemps pour que les pogos s’enchaînent et que les stagedivers apparaissent. Voilà un groupe qui finalement aura trouvé sa place dans une brèche inattendue où le besoin de se défouler était encore bien présent au final.
Le Westill se termine donc dans la sueur et les acouphènes et les lumières trop vite rallumées n’auront pas laissé le temps d’un rappel au dernier groupe. Espérant sans doute chasser rapidement l’assemblée, l’organisation fait le choix d’une bande son hip hop foutraque… fatale erreur, les quelques vaillants spectateurs toujours présents s’empressent de sauter partout et de danser pour marquer le terrain. La soirée finit de s’éterniser autour de quelques verres et les derniers présents se promettent déjà d’être là l’an prochain et nous comptons bien en être!!
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