YOB (+ Black Cobra + Sunnata + Au-Dessus) – 05/10/2016 – Paris (Glazart)

Le 5 octobre dernier s’est tenu une nouvelle édition des Stoned Gatherings, dont la programmation avait de quoi affoler tout être humain doté d’une sensibilité accrue aux fréquences chatouilleuses de côlon. L’événement de la soirée était sans conteste la présence du géant Yob, grand gourou du doom astral, dont la venue en France est aussi rare qu’un Golden Ticket dans une barre de Willy Wonka. La suite de l’affiche n’était pas en reste pour autant, puisqu’on y trouvait le duo roi de la taloche Black Cobra, les excellents Sunnata, et les post-blackeux de Au-Dessus.

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Même s’il est encore tôt, le Glazart est déjà bien rempli pour accueillir les lituaniens de Au-Dessus, aperçus il y a quelques mois aux Blackened Gatherings. Les 4 compères sont habillés d’une tunique noire avec capuche sur la tête masquant leurs visages, et si on avait jusqu’ici un petit doute, le pied de micro aux formes géométriques nous confirme la présence d’une force occulte par ici. Pour l’originalité, on repassera. Côté musique, le groupe alterne passages agressifs d’influence black, à d’autres plus écrasants et plus low-tempo, le tout fonctionnant assez bien. Au-Dessus quitte la scène d’une manière tout aussi froide que l’a été leur prestation. Vous inquiétez pas les gars, Aleister Crowley ne vous aurait pas tenu rigueur de lâcher un petit signe de remerciement au public !

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Après l’énorme Zorya, album sorti cette année et sans conteste un des meilleurs de 2016, c’est peu dire que l’on attendait impatiemment de (re)voir Sunnata en live. Pas besoin de plus d’une minute pour être directement plongé dans l’hypnose total, entouré d’une spirale de riffs et d’une basse dont la hargne fait même plier celui qui en joue, au sens propre du terme (attention à la scoliose tout de même). Le groupe est définitivement aussi bon en live que sur disque : « Beasts Of Prey » ou encore « Long Gone » nous le prouvent sans problème. Depuis leur dernière venue au Glazart il y a un an, on sent maintenant un groupe plus mûr, plus à l’aise, et s’accaparant la scène et son public avec une aisance indiscutable. Plus qu’une claque, un crochet du droit.

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Quiconque a déjà écouté Black Cobra a certainement connu des douleurs aux cervicales. Ce duo guitare/batterie de Los Angeles brille dans un sludge rapide et tranchant, dont les fondations reposent sur une batterie excessivement énervée et un guitariste ne laissant que peu de place au silence et à la méditation. Les voir en concert est donc toujours l’assurance de se faire ramoner les tympans sans commisération. Un petit problème subsiste pourtant à chacune de leur performance live : les compositions sont tellement denses qu’il est parfois difficile de distinguer les subtilités de Jason Landrian à la guitare, pourtant nombreuses. Qu’à cela ne tienne, des titres comme « Chronosphere », « Omniscient » ou « Five Daggers » faisant largement le boulot, on sort de là souillé et content de l’être.

Point d’orgue de la soirée, apothéose finale de toute beauté, les trois américains de Yob arrivent sur scène. La rareté du groupe sur nos terres explique une salle pleine à craquer, surement en grande partie constituée de paires d’oreilles venues effectuer leur dépucelage yobien, le cœur battant et les mains moites. En 20 ans d’existence, le groupe de Mike Scheidt a construit un doom extrêmement profond et intimement lié à la spiritualité et au mysticisme. Quand le groupe commence son set, la force de déflagration de l’ensemble surprend presque nos tympans, que l’on croyait pourtant habitués. Les 3 groupes précédents ne faisaient pas dans le bal musette, mais là, tout est plus… Grand. Cela constaté, vient l’heure de l’extase face à des compositions littéralement absorbantes et pleines d’émotions, faîtes d’arpèges poignants et d’autres moments plus écrasants et impitoyables. Une ode à la vie, qui ne nous fait pas remuer bêtement la tête mais nous laisse bien béat, mâchoire et yeux grands ouverts, filet de bave en commissure des lèvres et cerveau en ébullition.
Dans un tel contexte, on déplore sincèrement les quelques rigolos certainement émoustillés par la bière à l’eau du Glazart qui confondent concert et jukebox et qui entre deux morceaux hurlent à l’attention du groupe des titres à jouer. Toi le profanateur, as-tu déjà vu quelqu’un suggérer au prêtre quel extrait de l’Évangile lire durant la messe du dimanche ? Que ton nom soit maudit.

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Comme souvent avec les Stoned Gatherings, il y en avait pour tous les goûts au menu de ce soir ; des amateurs de sludge épicé aux autres, davantage orientés doom enivrant et agréablement corsé. Une chose est sûre, le dessert a mis tout le monde d’accord. Une sacrée soirée, mais sans Jean-Pierre Foucault.

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