Ce n’est pas moins de 26 dates qui composent la tournée européenne des ricains de Yob. Et parmi ces dates, je vous en place une en Belgique, deux en Suisse et quatre en France ! Il faut dire que depuis leur première venue dans notre pays il y a maintenant plus d’une décennie, Yob a toujours su venir faire un tour par chez nous et les murs des Combustibles et Glazart s’en souviennent encore. Lille, Rouen, Paris et Lyon, même si ce n’est pas le tour de l’hexagone, c’est déjà bien réparti pour contenter un maximum de monde. Et la date Lilloise aura fait pas mal d’heureux puisque l’Aeronef (dans sa « petite » configuration) annonce complet. Cela nous met donc la jauge à plus de 500 personnes. Et le vieux de la vieille que je suis (car du groupe d’amis qui m’accompagnait, je dois le dire, j’étais le doyen) ne peut que se réjouir et s’étonner de ça. Que de chemin parcouru depuis qu’en France, même une tête de gondole avait du mal à remplir une salle de 200 fans. Un groupe comme Yob peut maintenant remplir une jauge de plusieurs centaines en province et comme vous le savez, Yob ce n’est pas le plus accessible des groupes de la scène.
Donc déjà, un énorme merci au groupe, au tourneur et à la salle qui avec un tarif d’environ 9 € (5 € abonné et étudiant !!) rendent les choses bien plus accessibles.
Sur la presque totalité des dates de la tournée, c’est Spirit Adrift qui accompagne pour ouvrir. Je ne suis pas un fan de ce groupe mais ma foi en ouverture, je prends. C’était assez carré, bien interprété et assez énergique. La setlist est brodée principalement autour des trois derniers albums et du dernier EP en date Forge Your Future. L’accueil du public, sans être débordant, est assez enthousiaste. Projet monté autour de Nate Garrett, c’est clairement lui qui mène la barque et il est aidé de trois compagnons fort talentueux. Space Adrift nous offre donc un bon show solide et sérieux.
Travis Foster n’ayant pas pu faire le déplacement en Europe, c’est Dave French (du groupe Brothers Of The Sonic Cloth) qui le remplace à la batterie et accompagne donc Aaron Rieseberg (basse) et Mike Scheidt (chant, guitare) sur cette tournée. Sur les sept titres que le groupe jouera ce soir, quatre sont extraits de Atma, album qui date de 2011 mais qui a vu l’année dernière une (excellente et fortement conseillée) version entièrement remixée sortir. On y ajoute un titre de The Unreal Never Lied et deux de The Great Cessation et le compte y est, aucun titre des deux derniers albums donc. Pour moi cela n’a pas grande importance puisque Yob fait partie de ces groupes qui peuvent piocher ce qu’il veut dans les albums qu’il veut, j’y trouverai toujours mon bonheur.
C’est donc après avoir rodé un peu les instruments que le groupe se lance dans un immédiatement dantesque “Prepare the Ground”. Puissant, parfaitement équilibré, le son est énorme. Il faut parfois de longues minutes avant de rentrer dans le moule d’une sonorité Doom comme celle-ci. C’est une écriture particulière et qui n’est pas accessible sans une certaine préparation. Mais le groupe est devant des connaisseurs, pas besoin de commencer avec de l’abordable. C’est instantanément dans le vif du sujet que l’on se retrouve. “Atma” enfonce le clou immédiatement après avec son riff de guitare sorti d’outre-tombe. Mike Scheidt attire à lui les regards, son jeu est transcendant et son chant hypnotique. Le public est attentif, captivé et fasciné. Les interprétations proposées sont assez fidèles aux versions studio mais avec cette puissance du live inégalable chez soi.
Le groupe enchaine alors “The Lie that is Sin”, “Upon the Sight of the Other Shore”, “Adrift in the Ocean” et “Burning the Altar” avec la même réussite. Chaque titre pourtant assez long, je ne vois pas le temps passer. Le groupe m’emmène où il veut, je suis complétement absorbé par leur performance. Pour le dernier titre, “Grasping Air”, Mike Scheidt se fait accompagner de Levy Seynaeve (ex-Amenra et actuel Wiegedood entre autres) au chant. La Belgique n’étant qu’à quelques kilomètres, l’ami Levy s’invite donc à la fête (et vu le flamand entendu dans le public, il n’est pas le seul).
Le concert se termine sous des applaudissements généreux et amplement mérités. Cette soirée Doom à Lille est une franche réussite et j’espère que cela encouragera Yob à revenir et d’autres groupes à venir rassasier les fans. Contrairement à leur habitude, le groupe préfère prendre des précautions (Covid oblige) et ne pas venir rencontrer les fans à l’issue du concert. Enfin, ça c’est ce que de Mike Scheidt dira un peu avant la fin du concert. Mais ces personnes sont bien trop sympathiques et au final, le public Lillois a l’occasion de prendre quelques photos avec les membres et de faire signer quelques petites choses.
Très bon état d’esprit, très bon son, très bonne performance, on ne peut que souhaiter que chaque concert de leur tournée soit à l’égal de cette soirée.
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