Ce qu’il y a de marrant avec ce groupe bien barré qui blaste à l’écart des chemins balisés, c’est qu’ils n’ont jamais inclus de photos des nombreux membres du groupe dans les visuels de leurs quatre albums. Aussi il a fallu chercher un peu dans le sympathique Bikini Test de la Tchaux pour trouver Johannes Persson, guitariste et chanteur de la formation, qui ressemble plus à Monsieur tout-le-monde qu’à un bidouilleur fou. Une fois que nous avons mis la main dessus nous l’avons interrogé dans les règles de l’art sur son projet musical.
Comment se passe cette tournée européenne ?
Johannes : C’est certainement la meilleure que nous ayons faite et spécialement les deux dernières semaines avec notre passage en Angleterre. Il y a eu de bons jours et de mauvais jours aussi là-bas, mais en Irlande c’était bien et nous avons joué à guichet fermé à Londres ce qui était hallucinant.
Cette tournée a débuté avant la sortie de votre dernier album Somewhere Along The Highway’. N’est-ce pas un danger que de jouer des morceaux inconnus de votre public ?
Je l’ignore, mais comme ce sont les meilleurs morceaux que nous ayons jamais composés, les gens seront plutôt favorables pour acheter notre nouvelle production.
Et comment les gens ont-ils réagi à l’écoute de ces nouvelles plages ?
C’était impressionnant car quand tu es en tournée et que tu as déjà quatre disques derrière toi ainsi que tout le matos, ça devient un peu ennuyeux de rejouer certains titres pour nous. Par exemple nous ne jouons pas et ne rejouerons pas The Watchtower’ pour un bout de temps.
Vous avez décidé de tourner sans votre chanteur Klas resté à la maison pour cause de paternité – , comment s’est passée la mise en place du groupe avec cette nouvelle configuration sans frontman sur scène ?
C’était un challenge, nous jouons quatre nouveaux morceaux et je chante sur deux d’entre eux sur le disque et Fredrik (guitare et percussions) sur un. Pour les autres, j’ai composé les vocaux avec Klas et j’ai aussi fait ceux que je chante donc il n’y avait pas de problème pour ces titres. Pour le reste des titres, Klas a une énergie dans sa voix que personne d’autre ne possède, donc j’étais vraiment challengé là-dessus même si ça fait dix ans que je joue sur scène. J’avais aussi déjà chanté, mais jamais en tant que lead, désormais c’est devenu une routine. L’enfant n’est pas encore né, il doit encore attendre environ deux semaines.
Comment avez-vous réagi à cette décision, trouve-tu normal que dans un groupe, le chanteur reste à la maison alors que vous sortez un disque et partez sur la route pour la promotion ?
Oui, je pense qu’on ne peut pas argumenter contre cet état de fait.
Carrément ?
Nous savions que cela devait arriver et que nous aurions des difficultés avec Klas, j’ai aucune idée de ce qui va se passer à l’avenir. Sur le nouvel album il y a sept titres et sa voix n’est posée que sur trois d’entre eux c’est donc pas si dérangeant que ça.
Reporter la tournée n’était pas une option envisageable à vos yeux ?
Non ! Aucun membre n’a plus d’importance qu’un autre dans notre groupe. J’espère que nous tournerons de nouveau en sa compagnie, mais on ne sait jamais comment les choses tournent avec les enfants.
Vous êtes à l’affiche des Eurockéennes de Belfort. Pensez-vous partager la même chose avec le public de ces festivals qu’avec votre public dans un club à taille humaine ?
Il s’agit de deux choses totalement différentes, nous jouons dans les festivals devant bien plus de monde y compris des gens ne nous connaissant pas, nous rencontrons de nouvelles personnes, jouer dans des festivals et une des meilleures choses pour faire mieux connaître un groupe. Jouer dans les clubs est bien plus intime car les gens se déplacent que pour nous. Je n’ai pas vraiment de préférence pour l’une ou l’autre de ces deux types de prestation, il s’agit clairement de deux choses incomparables, mais qui nous apportent beaucoup de plaisir.
Somewhere Along The Highway’ est sorti depuis une quinzaine de jours, comment le public et les médias ont-ils réagi à cette nouvelle production ?
La presse à 90% a apprécié et le reste ne l’a pas trouvé franchement mauvais, mais ça arrivera. Nous savons que quelques journalistes ne l’apprécieront pas car nous avons évolué. La stagnation est la chose la plus horrible pour un groupe Nous ne pouvons pas faire comme Iron Maiden qui propose la même chose depuis plus de vingt ans. Nous cesserons avant !
Les Ramones l’ont réalisé avec brio !
Oui, mais c’est ennuyeux et peu efficient. Ca ne te challenge pas en tant que musicien de faire toujours les mêmes morceaux sauf si tu le fais pour le fric !
Votre dernière production est tout de même assez proche de Salvation’.
C’est la même chose, mais une marche plus haut. Nous avons tout essayé de la faible résolution, des batteries électroniques et des banjos. Les vocaux ont été diminués et les synthés ont pris plus de place.
Il est aussi un peu moins remuant.
Sûrement.
Il explose littéralement à la fin de l’ultime plage Dark City Dead Man’, était-ce une manière de procéder pour éviter de vous retrouver frustrés ?
C’est sûr que cette partie est bien en place. Je l’ignore, mais c’est ce que nous devions faire, nous aimons la dynamique. Pour nous, depuis le début, il était question de dynamique même si le reste est assez calme. Nous ne pouvons pas jouer calmement une heure. Ce morceau a une dernière partie vocale qui se colle vraiment bien dessus.
La version promotionnelle de l’album est entrecoupée de messages publicitaires pour cet opus qui nous empêchent de rentrer vraiment dans la musique. Comment avez-vous pu faire une chose pareille ?
Nous n’étions pas pour et avons beaucoup ri à l’écoute de ceci (ndlr : pas moi !) . Nous ne voulions pas ceci, mais des journalistes mettent des disques sur le web donc nous devions nous protéger aussi.
Le disque est déjà découpé en 99 plages ce qui semble suffisant non ?
C’est ce que j’ai dit à Earache, mais ils ont dit qu’il était tout de même assez facile de regrouper ceci. Nous n’avions rien à dire.
Vous vendez un ep sur la tournée. Que peux-tu me dire de ce nouvel objet uniquement trouvable sur les lieux de concerts ?
La première reprise est un morceau de Smashing Pumpkins que nous avons mis en boîte en cinq minutes lors d’une session studio précédente il y a trois ou quatre ans; les vocaux ont été posés dernièrement dessus. L’autre reprise c’est un morceau de mon groupe favori Unbroken tiré de leur album Life. Love. Regret.’. Il s’agit un peu du même processus, nous nous sommes décidés à travailler sur une autre reprise.
Pourquoi avoir opté pour des artwork ne vous présentant jamais ?
Comme je te l’ai confié, aucun membre n’a plus d’importance qu’un autre et nous ne faisons pas ça pour qu’on nous reconnaisse, nous nous en foutons, je me sens mal quand on me reconnaît en tant que musicien. Nous ne voulons pas mettre des photos de nous dans l’artwork car l’important réside dans la musique et dans les émotions que nous voulons faire passer avec. Ceci dit, notre guitariste Erik qui s’occupe de ça le fait très bien presque parfaitement.
Vous êtes sur Earache depuis quasi-toujours
non, le premier album était d’abord sorti sur un label indépendant et ils ont repris les droits
et ce label est spécialisé dans le death metal, le black metal ou le grind
des musiques que je n’écoute pas
vous êtes un ovni sur cette structure.
Ils nous apprécient et font un assez bon boulot. Ce n’est pas le meilleur label, mais certainement pas le pire. Tous les groupes ont des problèmes avec leurs maisons de disques.
Vous ne craigniez pas d’être assimilé aux groupes qui sortent sur ce label ?
Je ne pense pas que ça pose un réel problème. Le plus grand problème que nous avons c’est qu’aucun d’entre nous vient de la scène metal et n’écoute ça.
Comme vous n’êtes pas un groupe metal, comment décris-tu votre style ?
Ce n’est pas mon boulot ! J’écris la musique et laisse ceci aux autres.
Et pourquoi, penses-tu que vous êtes assimilés par certains à la scène stoner ?
Nous sommes plus proches d’eux, nous aimons Sleep et Andreas (basse) est un énorme fan de Queens Of The Stone Age ainsi que de Kyuss. Nous avons enregistré un morceau qui a d’énormes influences stoner, il n’est pas sur l’album. Il sera certainement bientôt sur I-Tune Music Store et pas en CD.
Quels sont vos projets ?
Nous allons finir cette tournée, faire quelques festivals cet été et retournerons sur la route en automne prochain avec une partie aux Etats-Unis et peut-être le Japon.
Vous retournez en studio et sortez un album l’an prochain ?
J’aimerais déjà le sortir maintenant. Nous avons quelques projets avec d’autres artistes, il y a quelque chose dans l’air.
Comment composez-vous ?
Erik et moi écrivons en jammant ensemble. Puis nous enregistrons ceci et ajoutons les touches individuelles.
Un dernier mot ?
C’est cool d’être en Suisse, nous avons fait un de nos meilleurs concerts l’an passé à Lausanne.
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