DOZER – octobre 2005


Dozer est de retour ces jours-ci sur nos platines avec un album flambant neuf intitulé « Through the eyes of heathens ». Ce chef d’œuvre à la pochette ornée d’un trophée (vous n’apprendrez pas dans cette interview s’il s’agit d’un clin d’œil à la nourriture préférée de nos quatre hommes venus du froid, d’un hommage à une boisson alcoolisée à base de plantes ou d’une spéciale dédicace à tous les cocus de la planète et de ses environs) est certainement le meilleur album du groupe à ce jour malgré les disques déjà sortis sur le mythique label Man’s Ruin par qui le stoner – entre autres styles – a acquis ses lettres de noblesses. Dozer a fait le point sur son actualité par l’intermédiaire de son extraordinaire guitariste Tommi qui s’est dépensé sur toutes les scènes du monde pour que le groupe accède à son statut actuel, celui d’une des locomotives du stoner mondial.

 

Premièrement je tiens à vous féliciter pour le fantastique album que vous venez de pondre. Pensez-vous que le fait de l’avoir mis en boîte dans un endroit aussi martial qu’une base militaire désaffectée a contribué au son agressif de « Through the eyes of heathens » ?

Merci beaucoup ça fait du bien d’entendre ce genre de choses. Je suis content que tu aies apprécié ce nouvel album. Nous sommes fiers de ce que nous avons fait ; c’est un peu comme la naissance d’un nouvel enfant, nous trépignons d’impatience pour le présenter à tout le monde ! J’ignore d’où vient ce son agressif c’est juste la manière dont tout ça sonne, nous avons uniquement tenté de capturer l’énergie brute que nous avons sur scène et je pense que nous avons bien réussi notre job. Avant de nous rendre en studio pour enregistrer nous avions débattu de la manière dont devait sonner cet album et avions conclu qu’il devait être le plus dur possible afin qu’il regorge d’énergie et nous botte le cul.

En le mettant en boîte dans une forteresse militaire vous désiriez challenger Metallica et l’interminable session qui donna le jour à « St.Anger » ?

Yeah ! Nous sommes là pour leur botter le cul ! Il faut qu’ils se méfient ! Je plaisante, nous avons enregistré au Seawolf studio surtout parce que nos potes finlandais de Sunride nous l’ont recommandé. Ils ont enregistré leur dernier album là-bas et nous avons apprécié le son. Wille nous a proposé un super deal sur le prix donc il n’y avait plus de question à se poser à ce sujet. Et le fait qu’il se trouve sur cette île dans la baie d’Helsinki c’était notre bonus !

Vous avez déjà joué certains morceaux sur scène lorsque vous avez ouvert pour Mastodon en début d’année. Est-ce pour vous une manière de tester vos titres ?

Effectivement, trois ou quatre morceaux ont été testés la plupart des soirs avec Mastodon. C’était pour nous une manière de voir comment le nouveau matériel passait en public. C’est parfois un vrai risque d’essayer de nouveaux morceaux sur scène, mais la plupart du temps, ces morceaux ont été appréciés par le public. En particuliers « Big sky theory » qui a été accueilli les bras ouverts. Ce qui est vraiment cool parce que c’est un de mes morceaux favoris sur le nouvel album.

Chips K. avait produit « Call it conspiracy » et vous avez fait le job sur le nouvel opus. Pourquoi avoir opté pour produire vous-même cet album ?

Nous avons parlé de retravailler avec Chips qui avait envie de faire un autre album avec nous, ce que nous désirions aussi, mais son agenda était tellement plein, et vu le budget que nous avions pour cet album nous ne pouvions pas payer un producteur. Plutôt que d’attendre plus longtemps d’avoir plus d’argent, nous avons décidé d’essayer de le faire nous-même. Chips est un grand producteur et nous espérons bien recollaborer une fois encore avec lui, mais je pense que nous avons fait un bon boulot en le faisant nous-même.

 

Le dernier morceau de cet album, « Big sky theory » est un ovni sur cet album par rapport à la majorité des titres qui sont dans votre style habituel. Qu’est-ce qui vous a poussé à composer cette chanson si longue dans un style progressif ?

Je suis content que tu me poses cette question car comme je te l’ai dit avant cette composition est une de mes favorites dans le répertoire de Dozer. La genèse de ce morceau a débuté, il y a un an et demi : Daniel et moi avons parlé d’écrire un morceau long pour le prochain album afin de faire quelque chose de moins typiquement assimilable à du Dozer. Toujours du Dozer, mais quelque chose de frais et nouveau pour nos oreilles ; pas dans le style couplet/refrain/couplet. Je suis arrivé avec l’idée de la mélodie chorus en répétition et les autres ont apprécié. Après il n’y a pas eu de problème pour mettre en place le reste du morceau un peu comme s’il s’était écrit lui-même. En résumé pour répondre à ta question nous essayons toujours d’apporter des idées nouvelles et excitantes ; quand nous avons composé ce morceau nous nous sommes vraiment sentis bien. Nous avions touché le jackpot ! Il n’y a pas de sentiment meilleur que celui d’écrire un bon morceau, un morceau qui va faire naître un énorme sourire sur ton visage quand tu le joues. Avoir cet énorme sourire voilà ce qui nous a poussé !

Troy Sanders de Mastodon apparaît sur « Until the man exists no more », une tuerie, comment cette collaboration est-elle née ?

Sur la tournée que nous avons faite ensemble nous sommes tous devenus potes après ces nombreuses nuits de beuverie dans le bus nous avons parlé de cela et du fait que ce serait cool si Troy venait faire quelques apparitions sur notre album à venir, mais avons pensé que cela ne se ferait jamais parce qu’ils tournaient toujours et que nous enregistrions en Finlande. Nous pensions que ça resterait que des discussions d’ivrognes dans un bus. Quand nous sommes revenus chez nous, nous avons vu que Mastodon allait jouer à Helsinki en première partie d’Iron Maiden pendant que nous étions en session. Nous n’avons donc pas hésité une seconde pour demander à Troy s’il voulait venir en studio. Il s’est pointé une journée de juillet et a hurlé. Ce type sait vraiment ce qu’il fait ; sa partie vocale fini parfaitement ce morceau. Nous sommes vraiment fiers et honorés d’avoir ce gars comme guest sur notre album.

Comme la voix de Fredrik n’est pas dans le même registre, allez-vous jouer ce morceau sur scène ?

Nous allons le faire bien sûr et Fredrik chantera la partie de Troy, mais dans son style à lui. Cette composition est trop cool pour ne pas être jouée juste parce que le « guest vocalist » est absent… et puis nous espérons la faire un jour avec Troy ça la ferait vraiment !

 

La plupart des groupes évoluent dans un style plus calme avec les années. « Through the eyes of heathens » est le plus brut et le plus brutal des albums que vous ayez sortis. Qu’est-ce qui vous a mis dans cet état d’esprit ?

Je vois exactement de quoi tu parles ! La plupart des groupes ont ce problème, mais est-ce un problème ? C’est arrivé à une tapée de formations. Soundgarden, Metallica…ils ont tous été bien plus bruts et brutaux sur leurs premiers albums ; leurs derniers efforts sont les plus softs. Je me demande pourquoi ceci s’est il passé ? Peut-être que c’est cela que de vieillir et nous essayons d’éviter de vieillir. Tout ceci n’est en définitive que ce que tu veux faire ou pas, d’écrire la musique qui te fait aller mieux. Actuellement, le brut et le brutal sont ce que nous voulons faire donc nous le faisons… et nous ne voulons pas grandir !

« Through the eyes of heathens » sort sur Small Stone records, un label américain. Est-ce que tourner aux States sera plus facile pour vous ?

Je l’espère ! Nous avons tourné là-bas l’an passé et avons passé de bons moments. Il y a pas mal de monde dans cette scène donc bien sûr que nous espérons que ce deal nous portera aux USA pour une plus longue tournée. Nous voulons réellement y retourner et, à ce que j’ai entendu, nous y serons certainement pour une tournée l’an prochain !

Comment s’est fait ce deal ?

Nous faisions notre marché pour obtenir un deal d’un label. La plupart d’entre eux aimaient notre musique, mais n’avaient pas vraiment les tripes nécessaires pour sortir un disque de stoner parce qu’ils considèraient ce genre comme moribond. D’autres étaient d’accord si nous composions quelques nouveaux morceaux de plus dans le style de Queens Of The Stone Age de nous prendre sur un coup de cœur ! Qu’ils aillent au diable ! Nous ne changerons pas pour un label. Small Stone Records était une des structures qui nous appréciaient vraiment pour ce que nous sommes. Ils nous ont laissé les mains libres pour faire un album de Dozer et pas autre chose. Par conséquent la décision n’était pas trop difficile à prendre pour nous en ce qui concerne notre collaboration.

Martin, votre manager, m’a confié que si aucun label ne le sortait, il serait à nouveau sur Molten Universe. Quel est l’avantage de cette collaboration par rapport au fait de sortir votre production sur votre label ?

Nous étions effectivement parti pour le sortir sur Molten Universe si nous ne trouvions pas de label. Le gros avantage de cette situation c’est que Martin/Molten Universe peut consacrer tout son temps à manager le groupe, obtenir des interviews, travailler sur la tournée et tout ce genre de trucs. Nous sommes dans une situation gagnant-gagnant ave un bon label et un bon management.

Vous êtes très connu, mais n’êtes pas dans le bon créneau pour devenir rapidement riche. A partir d’un certain âge, le gouvernement suédois coupe le robinet aux jeunes groupes. Comme votre pays est vaste et peu peuplé, y a-il un risque de voir émigrer les vieilles formations de rock en Allemagne qui est la grande nation du rock ?

C’est correct pour ce qui est de l’aspect financier : nous ne faisons pas beaucoup d’argent, mais ne le faisons pas pour ça. Si j’avais voulu faire de l’argent, je jouerais dans un groupe de reprises dans les pubs suédois, ces formations se font bien plus de fric que nous. Nous, nous le faisons pour le plaisir. Nous essayons de voyager un maximum en tournée et ça, c’est cool. Aussi longtemps que nous y trouverons notre compte nous continuerons à le faire et comme nous avons une tapée de bière à l’œil et que la bière, c’est bon…Ceci dit, j’ignore si tous les vieux groupes vont aller en Allemagne, mais j’espère que non car nous avons besoin de bons groupes ici. Par contre si les groupes de reprises y vont ça ne va pas me gêner.

 

Maintenant que vous avez une autre structure que Molten Universe, aurons-nous la chance de voir ressortir les objets de collection que vous avez sorti sur Man’s Ruin et le split avec Unida ?

Nos deux premiers albums, sortis à l’époque sur Man’s Ruin, seront réédités par Molten Universe dans le futur. J’espère que ce ne sera pas dans trop longtemps car ils sont épuisés depuis un moment et les gens ne devraient pas avoir à les payer cher sur e-bay. Néanmoins nous devons sortir le nouvel album avant de nous consacrer aux anciens. Mais sois patient, je te promets qu’ils seront ressortis !

Il y a dix ans, vous étiez les premiers en Suède à vous lancer dans ce style fuzz. Maintenant beaucoup de formations ont suivi votre trace. Etes-vous en contact avec elles ?

Il y a beaucoup de bons groupes dans ce style par ici : Lowrider, Truckfighter, Astroqueen, Grand Magus… juste pour en nommer quelques-uns. Nous faisons des concerts avec eux ici en Suède, ce qui est agréable car ce sont de bons groupes. Longue vie au Fuzz !

Vous êtes considéré comme une référence dans la mouvance stoner. La dernière fois que nous avons causé, vous m’aviez déclaré pratiquer du heavy rock. Considérez-vous encore que vous ne faites pas du stoner et quels sont les groupes qui pratiquent ce style selon vous ?

Et bien nous sommes stoner rock, fuzz rock, heavy rock, hard rock… peu importe l’étiquette que l’on nous colle tant que les gens nous écoutent. Nous faisons ce que nous voulons, nous jouons ce que nous aimons et si les gens appellent ça du stoner ou du heavy rock peu importe. J’ignore réellement comment qualifier notre style… difficile… disons que nous faisons du Dozer !

Que pensez-vous du trend actuel de ce style ?

Le trend du stoner rock est en marche dans l’underground, il ne mourra jamais, mais ne sera jamais à la mode non plus. Bien entendu certains groupes sortiront du contexte et arriveront dans les charts, mais ce ne sera jamais la prochaine grande mode. Ce serait cool si ça arrivait parce qu’il y a beaucoup de bons groupes qui pourraient avoir plus de public.

Vous êtes considéré comme un très bon groupe de scène. Quand aurons-nous la chance d’avoir un live officiel de Dozer ?

Nous donnons toujours cent dix pourcent de nous-même sur scène parce que nous ne pouvons rien cacher. Tout donner nous fait nous sentir bien et ça se transmet au public. Nous sommes là pour offrir du bon temps à notre public. Nous n’avons pas réellement projeté d’album live maintenant, mais qui sait cela arrivera peut-être un jour…un double vinyle doré serait monstrueux ! Un peu comme « Alive » de Kiss.

Comment réagissez-vous quand vous trouvez vos morceaux en mp3 sur des sites de peer to peer ?

Je me fous des mp3 tant que les gens nous écoutent. Je pense que c’est un bon moyen de diffusion pour la musique de groupes inconnus qui cherchent d’abords à mettre leur musique à disposition du plus grand nombre. Si les gens, ensuite, apprécient cette musique, ils doivent venir aux concerts et acheter les productions ainsi que du marchandising. Ils doivent supporter leurs groupes favoris. Je sais que les gens, moi compris, téléchargent pour écouter les nouvelles productions de certains artistes. S’ils apprécient, ils doivent acheter l’album, mais je n’ai pas de problème avec la musique diffusée sur la toile.

Qu’allez-vous faire au retour de votre tournée européenne ?

Cette tournée prendra place en novembre et décembre sur le continent, après nous serons en Scandinavie pour une tournée au début de l’an prochain et une tournée aux States après. Nous espérons faire quelques festivals l’été prochain en Europe aussi. Nous allons nous consacrer essentiellement à Dozer comme d’habitude, mais il y aura aussi du temps pour nos projets parallèles. J’enregistrerai un album avec Peder de Lowrider l’an prochain, nous avons déjà fait quelques bonnes démos qui sonnent bien ; un des morceaux sera sur la compilation « Sucking the seventies vol. 2 » qui sortira sur Small Stone Records en fin d’année. J’ignore quand cet album sortira, mais le temps nous le dira.

Une dernière question de la part de Shinkibo : désirais-tu être le père de l’enfant de Britney Spears ?

Très bonne question ! Je me la serai bien faite, mais j’ignore si j’aurais voulu être le père de son enfant.

octobre 2005 par Chris.

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