Quand on rencontre Mario Lalli, on se frotte au mythique guitariste qui a inspiré les plus grands de nos groupes favoris, Kyuss en tête. Le bonhomme a croisé le fer avec certains des artistes les plus intéressants de la scène stoner, et continue d’influencer des tonnes de groupes et de musiciens. Pour autant, passés les premiers échanges, le gars fait redescendre immédiatement la pression : gentil, à l’écoute, affable, intéressant, honnête, accessible… “Boomer” est tout ça à la fois, et est surtout un passionné de musique, tout simplement, et ça transparaît dans tous ses propos.
On t’a retrouvé sur scène ce soir à jouer dans deux groupes différents au cours du même concert, comment t’es venue cette idée ?
Je joue avec Yawning Man depuis environ trente ans, ce sont des amis d’enfance, on a joué ensemble si longtemps… Et avec Fatso Jetson, ça fait presque vingt ans… Maintenant mon fils nous a rejoint à la guitare, il a grandi autour de tous ces mecs, qui sont mes meilleurs amis, il nous voyait à la maison jouer plein de trucs ensemble. Et pour revenir à ta question, Matte[Note : de Sound Of Liberation, tourneur de Fatso Jetson et accessoirement organisateur du Desertfest Berlin] est venu nous voir lors du festival Stoned From The Underground et nous a parlé de venir jouer au Desertfest avec Fatso Jetson. Je me suis immédiatement dit Wow, quelle incroyable opportunité de faire venir tout ce monde avec moi pour jouer. Mon cousin qui est bassiste au sein de Fatso Jetson [Larry Lalli] a été un membre de Yawning Man, il connaît tous les morceaux à la basse ou à la guitare, et mon fils aussi connaît la plupart des chansons… Donc mon idée à l’origine était de créer cette sorte de jam sans fin, avec des musiciens qui rentraient et sortaient durant le set. Mais quand on a commencé à confronter cette idée avec les contraintes propres à un festival, la gestion du backline et autres, on a un peu changé notre vision des choses. On est donc revenus à notre idée de faire cette super expérience avec tous nos amis, et voilà comment on en est arrivés là.
Comment s’est passé le concert, finalement, ainsi que celui à Londres hier dans la même configuration ?
Incroyable. Hier c’était super, on a eu notre première séance de dédicaces de toute notre vie, au magasin Vans : on s’est installés derrière une table et on a signé des trucs (rires). Et puis ils avaient installé une mini-scène avec des instruments, on a donc joué quelques morceaux. Ensuite on a juste traversé la rue, il y avait ce groupe anglais Yawning Sons, qui est en quelque sorte inspiré par Yawning Man : Gary Arce a monté ce projet avec ce groupe [Sons Of Alpha Centauri], et moi-même j’y ai contribué sur une chanson de leur album. J’ai donc été jouer sur cette chanson avec eux. Après ça, j’ai joué de la basse avec Yawning Man, puis de la guitare avec Fatso Jetson… Donc si tu comptes, entre le show au magasin Vans et la fin du Desertfest, j’ai joué quasiment cinq heures non stop ! (rires) Mais musicalement c’était super. Quant à ce soir c’était tout aussi bien, car évidemment je m’entends bien avec tous les musiciens avec qui je joue, et par ailleurs je connais tous les gens à la production, notamment Matte dont je te parlais tout à l’heure, et toute l’équipe. On était vraiment très très excités à la perspective de ces concerts, je te promets, on en tremblait presque, je suis sérieux, on était comme des piles ! On est super heureux, vraiment.
On ne vous avait quasiment jamais vus durant la dernière décennie en Europe, or vous enchaînez la seconde tournée de Fatso Jetson chez nous en moins d’un an ! Qu’est-ce qui est à l’origine de cet heureux changement ?
En fait j’avais un restaurant / night club à Los Angeles. Or quand tu gères ta propre boîte, en particulier un night club, c’est complètement impossible de partir en tournée, et le simple fait de jouer de la musique est très difficile. C’était genre à chaque fois qu’on nous bookait un concert, c’était forcément à Los Angeles, et je devais toujours répondre : “J’adorerai faire ce concert, mais je dois fermer mon bar avant, et on ne peut aps commencer à jouer avant minuit, voire une heure du matin au mieux” (rires). Ca ne le faisait pas du tout… Mais maintenant c’est fini, le restaurant c’est fini, et d’ailleurs, quel jour sommes-nous ? Le 27 ? Et bien dans deux jours, ça fera exactement un an que l’on a arrêté le restaurant. Et la dernière tournée que nous avons faite ici l’an dernier, c’était à peine deux semaines après que l’on ait arrêté. Donc à partir de maintenant, j’espère qu’on jouera de plus en plus. J’ai cinquante ans maintenant, je ne sais pas pour combien de temps – enfin je sais que je n’arrêterai jamais… Et puis j’ai mon fils maintenant, il n’a que seize ans, donc si jamais je deviens trop fatigué, il aura la force de continuer, alors je me fais fort de lui faire partager toutes ces expériences.
Tu as été impliqué à différents degrés dans de très nombreux groupes ou projets. Considères-tu néanmoins toujours Fatso Jetson comme ton groupe principal ?
Oui, je le pense. C’est ma famille, tu sais, avec mon cousin, mon fils… Yawning Man est tout aussi important pour moi. Le seul petit problème… Non, c’est un gros problème, en fait, c’est que nous vivons à deux heures de route avec les mecs de Yawning Man. Or pour moi, faire partie d’un groupe, c’est jouer tout le temps. Pas toujours jouer des concerts, mais surtout aller dans le garage, et jouer, jammer, se laisser aller à faire de la musique ensemble. Ca doit faire partie de ma vie, de manière continue, régulière. Avec Fatso Jetson c’est comme ça que ça se passe, c’est ce qui le rend spécial à mes yeux. En plus, je compose activement, c’est moi qui organise tout autour du groupe… Donc oui, je dirai que c’est mon groupe principal, même si je ne me pose jamais trop la question en ces termes…
Puisque tu parles de famille, peux-tu nous en dire plus sur le projet Auto Modown ?
Ouais, et pour tout te dire, j’espérais presser des CD pour les emmener avec moi sur cette tournée, afin d’en donner un peu à tout le monde, mais j’ai dû dépenser tant d’argent pour faire des tee-shirts pour cette tournée, et emmener nos propres CD, que je n’ai pas pu le faire. Mais je pense qu’on a peut-être suscité l’intérêt d’un label italien pour sortir le disque [Note : enregistré chez son pote Scott Reeder l’an dernier] , une version vinyl et une en téléchargement. C’est un super disque, on en est très fiers. C’est 100% instrumental, du hard rock instrumental. Ca ne ressemble en rien à Yawning Man, c’est très heavy. Ca serait vraiment super pour le Desertfest, ce serait le groupe parfait !
OK on va faire passer le mot !
Ouais, fais ça !(rires) L’autre léger problème avec Auto Modown, c’est que le batteur lui aussi n’a que seize ans, alors je devrai partir en tournée avec deux gamins ! (rires) Déjà que j’ai dû sortir mon fils du lycée pendant deux semaines, je dois lui faire faire ses devoirs dans le van, tu imagines le genre de plans ! Mais plus sérieusement, le truc important c’est que c’est moi qui joue dans le groupe de mon fils, et non l’inverse.
Quelles vont être les prochaines sorties d’albums que l’on peut attendre de ta part ?
Un album de Fatso Jetson, puis un album de Yawning Man, on est en train de composer… On a sorti un split pour cette tournée qui donne un avant-goût de ce que l’on peut attendre du prochain Fatso Jetson. Mais on va faire un vrai album bientôt. On va aussi tenter une nouvelle expérience en faisant quelques clips vidéos avec un artiste de Los Angeles : c’est un truc que l’on n’a jamais fait. Tu sais, toutes les vidéos que tu vois de nous sur Youtube, ce sont des mecs qui font ça chez eux dans leur coin, on n’en est jamais à l’initiative, donc ça sera un réel changement, c’est très excitant. Et concernant Yawning Man, on va enregistrer un nouvel album pour Tee Pee Records.
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