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GREENLEAF (février 2016)

Lors de leur dernier passage à Paris, on a taillé le bout de gras avec Greenleaf pour parler de leur dernier album Rise Above The Meadow, mais aussi de choses et d’autres.
Face à nous, Tommi, guitariste à l’origine du groupe, et Arvid, arrivé sur Trails & Passes en 2014. Dans une ambiance détendue et bon enfant, la complicité entre nos deux suédois est évidente. Tout cela confirme notre hypothèse : après quelques pérégrinations, Greenleaf semble avoir enfin trouvé une composition qui lui sied à merveille.

 

On connaît Greenleaf depuis de très nombreuses années, et c’est la première fois qu’on a l’impression d’avoir en face de nous un VRAI groupe et pas uniquement un side-project, est-ce que collectivement vous avez le même ressenti sur Greenleaf ?

Tommi : Depuis la sortie de Trails & Passes, oui. À l’époque, lorsque ce n’était encore qu’un side-project et que je jouais avec Dozer, nous tournions beaucoup et je n’avais pas beaucoup de temps pour faire pareil avec Greenleaf. Nous le faisions sans prendre tout ça au sérieux, j’appelais quelques amis, voir si ils étaient disponibles… C’est aussi pour cela que le line up a beaucoup changé. Mais après Trails & Passes et l’accueil qu’il a reçu, on a commencé à prendre ça plus sérieusement…
Arvid : On a fait 2 tournées, et on s’est rendu compte que ça commençait vraiment à prendre de l’ampleur. À partir de ce moment, on s’est dit : « ok, maintenant, on est un vrai groupe ». L’année dernière, nous avons fait environ 70 concerts, cela fait beaucoup pour un simple side-project ! (rires)

Comment ce nouvel album a-t-il été composé ? Est ce que vous vivez tous à proximité les uns des autres pour que l’écriture soit plus facile ?

T : Pour le moment, nous ne vivons pas du tout à proximité. Sebastian [ndlr : le batteur] et moi vivons dans une petite ville en Suède appelée Borlänge.
A : Et moi j’habite à Stockholm.
T : À 200km de chez nous. Et Hans habite en Allemagne…
A : Il est berlinois. Mais sur Rise Above The Meadow, c’est Johan de Dozer qui joue de la basse, et il vient aussi de Borlänge. Nous avons écrit cet album entre deux tournées, en 3 ou 4 mois.
Ce que nous faisons en général c’est que l’on écrit tout en studio de répétition. La plupart du temps, Tommi arrive avec un riff, on l’essaye. D’autres fois, Tommi et Sebastian répètent de leur côté et m’envoient tout ça. Chez moi, à Stockholm, j’ai un petit home-studio où j’enregistre des démos, mes parties vocales, que je leur renvoie ensuite…
T : Parfois, je lui envoie aussi des trucs enregistrés sur mon Iphone.
A : Tommi enregistre toujours tout sur son Iphone mais ne donne jamais de titre à ses enregistrements ! C’est toujours « Enregistrement 1 », « Enregistrement 2 », et c’est très difficile de se retrouver ! Pour le prochain album, je ne vais pas te laisser enregistrer sans donner de nom…
T : Figure-toi que j’ai commencé à le faire !
A : Super ! (rires) Voilà donc comment on s’organise pour les compositions. On a tout fait dans le même studio que Trails & Passes, avec la même personne, Daniel Liden, l’ancien batteur de Dozer et de Greenleaf. On a donc nos petites habitudes et tout va plutôt vite. On enregistre tout en prise live et on y ajoute les voix, enregistrées dans un plus petit studio pour économiser un peu d’argent… on a fait tout ça en 4 jours. Par contre, le mixage dure un peu plus longtemps.
T : Trop longtemps ! (rires)
A : Daniel m’envoie des démos en me disant « OK, j’ai fait ça, alors voilà comment ça sonne maintenant »
T : C’est un perfectionniste. Mais bon, nous avons le temps, c’est donc un bon point pour nous !

Comment le définiriez-vous, comparé à vos albums précédents ?

T : Je pense que c’est une évolution assez naturelle, même si nous découvrons de nouveaux territoires pour l’instant inexplorés, de nouvelles choses plus douces, comme sur le début de « Levitate and Bow ».
A : Mais d’un autre côté, on est aussi devenu un peu plus heavy. Globalement, je pense que cet album est plus dynamique. On a joué énormément de concerts ensemble, on commence donc à très bien se connaître. Pour les parties voix, Daniel m’a beaucoup plus mis la pression qu’avant, il voulait que je chante comme si j’étais en live, il voulait faire sortir toute ma rage.
T : C’était drôle car je n’étais pas là mais il me demandait « je peux le pousser ? Je peux l’énerver ? ». Je lui répondais « oui, fais ce que tu veux, du moment qu’il chante ! » (rires)
A : Et il l’a fait ! Mais le résultat est satisfaisant, c’est ce qui importe.

Quelle chanson du nouvel album recommanderiez-vous à quelqu’un qui ne connait pas votre groupe ?

 T : (hésitant) Je ne sais pas… Peut être « A Millions Fireflies ».
A : Oui, c’est une chanson entrainante, je pense qu’elle est bien pour découvrir le groupe. Par la suite, vous pouvez aussi jetez un œil à « Levitate And Bow »… Mais mettons-nous d’accord sur « A Millions Fireflies ».

TOUS vos albums ont 9 chansons et durent entre 37 et 43 minutes. Cet album est toujours dans le même « moule ». Est-ce qu’il s’agit d’une sorte de « proportion magique » ?

: C’est un résultat totalement aléatoire, nous ne nous disons pas « c’est parti, faisons 9 chansons ». Mais nous faisons toujours attention à la durée…
A : (les yeux au ciel) Oh oui, la durée est très importante pour toi !
T : Oui, ça l’est. Si un album de rock dépasse les 45 minutes et dure 50 minutes, 1 heure… Il peut devenir ennuyant. Pour moi, un album de rock ne doit pas dépasser une certaine durée.

Par qui sont composées les paroles et quels sont les thèmes abordés ?

A : Maintenant, c’est moi. Avant mon arrivée, j’imagine que c’était Oskar.
: Oui. Avant cela, n’importe qui qui souhaitait écrire des paroles en écrivait ! Certaines des paroles des premières chansons ne sont d’ailleurs qu’un ramassis de conneries ! (rires)
A : Me concernant, mes écrits sont très souvent reliés à la nature. Je ne sais pas trop pourquoi, peut être parce que nous venons d’un pays où celle-ci prend beaucoup de place. J’aime aussi le travail de paroliers comme Nick Cave ou Tom Waits, où la tristesse est toujours très présente… En général, c’est beaucoup de choses sur la marginalisation sociale, ou ce genre de choses… J’y suis très sensible.

Tu écrivais des choses avant ton arrivée dans Greenleaf ?

: Oui, j’ai commencé à écrire vers 12 ans. Mais heureusement, j’ai évolué depuis ! (rires) C’est vraiment dur d’écrire des paroles de chanson, c’est un apprentissage quotidien. Je ne pense pas écrire les paroles parfaites, mais j’espère que je m’améliore d’album en album.

Rise Above The Meadow est un nouvel album de Greenleaf et une fois de plus le personnel impliqué a changé. Comment se fait-il que le groupe n’ait jamais sorti deux albums avec le même staff ?

A : Celle là est pour toi… Parce que je vais peut-être me faire virer ! (rires)
T : Les quatre premiers albums étaient vraiment un side-project où comme je l’ai dit je demandais à des amis de participer…
A : Sur le dernier album, il y a seulement Bengt  [ndlr: l’ex-bassiste] qui est parti… Enfin, il ne partira jamais vraiment de Greenleaf.
: Non, il en fera toujours partie.
A : Mais vous tourniez beaucoup trop pour lui et il n’en pouvait plus. De plus, il est aveugle, ce qui rend les choses encore plus difficile pour lui.
T: Il avait aussi peur de nous ralentir sur certaines choses, alors qu’il souhaitait que Greenleaf gagne en notoriété et devienne plus gros. Il a donc décidé de se mettre en retrait, tout en précisant qu’il serait toujours là pour nous aider.
A : On lui a même proposer de jouer la basse sur le dernier album mais il a préféré que ce soit le nouveau bassiste qui s’en charge.

Vous ne savez donc pas si le line up va de nouveau changer…

: On espère que non ! On pense que le line up actuel est très bien.
A : Du moment qu’on ne commence pas à se battre… (rires)

Arvid, c’est désormais ton deuxième album en tant que chanteur du groupe, on n’a pas eu l’occasion de te parler depuis, et on trouve assez peu d’informations sur ton parcours avant Greenleaf. Pourrais-tu te présenter pour nos lecteurs ?

: Déjà, je viens d’une ville voisine de Borlänge. Je suis un peu plus jeune que les autres… Enfin, beaucoup plus jeune même ! 10 ans ? (montrant Tommi du doigt) Il est vieux !
T : 14 ans exactement.
A : Oui, c’est ça. J’ai grandi en écoutant Dozer. Je jouais dans un groupe typé rock 70’s qui s’appelait Moscovitch, et aussi dans un autre appelé Giant Space Cruisers, plus orienté stoner.
J’avais déjà rencontré Tommi une ou deux fois, on avait même joué ensemble. J’imagine que depuis ce jour là Tommi m’avait en quelque sorte « repéré ». Puis j’ai commencé à étudier à l’Opera Academy de Stockholm, mais j’ai arrêté au bout d’un an et je me suis lancé en tant que chanteur jazz et soul. J’avais aussi un projet pop-rock avec un groupe appelé Humphrey Bogart. Puis un jour, Tommi m’a appelé et m’a demandé si je voulais chanter sur une chanson de Greenleaf, j’ai tout de suite accepté car j’étais fan de Dozer et de Greenleaf. J’étais super content. On a fait une chanson démo que Tommi et Bengt ont beaucoup aimé, ils m’ont donc proposé de faire un album entier ! Ça a donné Trails & Passes.

Le côté visuel de Rise Above The Meadow est hyper léché ; comment se sont déroulées les interactions entre le designer et Greenleaf ?

A : C’est l’oeuvre de Sebastian Jerke, il est incroyable. C’est un allemand qui travaille beaucoup avec Napalm [ndlr: auteur notamment pour Ahab ou My Sleeping Karma]. Ce sont eux qui nous l’ont recommandé. On lui a donné le titre de l’album et il est arrivé avec cette idée de planète dont on était très content.
T: On l’a laissé complètement libre de faire ce qu’il voulait et le résultat est génial. Le booklet est aussi super, il ressemble à un livre pour enfant, avec toutes les paroles, des peintures… C’est magnifique.

Comment est l’ambiance sur les premières dates de cette tournée ? Connaissez vous tous les musiciens de tous les groupes ?

: On connaissait My Sleeping Karma, ce sont vraiment des gens adorables et très professionnels. C’est un vrai plaisir de travailler avec eux. Par contre, c’est la première fois que nous rencontrons Mammoth Mammoth mais ils sont aussi très gentils.
T : Il a seulement fallu quelques heures pour avoir l’impression qu’on se connaissait depuis des années ! Ils aiment boire de la bière et du whisky, c’est donc assez facile de devenir ami avec eux… (rires)
A : C’est vrai qu’ils aiment ça… En tout cas, tout s’est très bien passé jusqu’ici. Hier, nous étions à Londres et c’était super. On espère que ça va continuer.
Me concernant, c’est aussi la première fois que je fais une tournée en bus de nuit, ce qui est absolument génial, parce que l’on peut dormir, ce qui n’est généralement pas le cas en tournée. J’ai l’impression de ne pas avoir dormi pendant 2 ans… Je sens qu’il ne faut pas trop que je m’y habitue mais c’est quelque chose que j’ai envie de faire plus souvent. (rires)

Des projets de jouer ailleurs qu’en Europe ?

T : Oui, on en discute en ce moment. Les États-Unis peut être à la fin de l’année, même si rien n’est encore confirmé. Puis l’année prochaine, peut-être l’Australie. On devait jouer en Russie en mars mais ça a été annulé et reporté à plus tard…
A : On va aussi jouer en Ukraine.
T : On essaie de jouer dans un maximum d’endroits. L’année dernière, nous sommes allés dans des pays où nous n’avions jamais tourné, comme la Serbie ou la Grèce.
Nous sommes prêts à aller n’importe où du moment que des gens veulent nous voir !
A : Oui, on ne dit jamais non ! Ce qui n’est pas forcément le cas de nos copines… (rires)