Habitués depuis une dizaine d’années de la scène rock suisse romande, les Houston Swing Engine sont le projet rock’n’drôle de personnages issus de groupes bruyants tels qu’Unfold, Shovel, Eastwood et Sweet Disease. À plusieurs encablures (le vocabulaire marin est une véritable mode en Romandie depuis quelque temps – allez savoir pourquoi) du style de leurs formations précédentes ou parallèles, ces quatre lascars distillent un rock difficile à cataloguer (y compris pour les principaux intéressés) mais franchement efficace dont les influences se trouvent quelque part entre le stoner, le punk et le rock. Roger Deluxe, ex-frontman des regrettés Sweet Disease et membre actif de Kruger, qui officie en tant que bassiste dans ce quatuor s’est gentiment dévoué pour notre interview.
Tu es le dernier arrivé au sein des Houston Swing Engine. Vu vos expériences respectives tu connaissais déjà tous les membres du groupe. Ton intégration fut-elle aisée ?
Relativement, oui ! Je suis le dernier. Je suis arrivé il y a six mois, une année plus ou moins, à l’époque de la sortie du premier maxi enregistré avec mon prédécesseur qui est parti pour que je lui succède. Le batteur et le guitariste sont mes colocataires depuis six ans donc nous nous connaissions déjà passablement ainsi qu’Igor Rocket que je connaissais depuis longtemps par Unfold. Toute cette scène est assez petite ainsi tu as assez vite fait le tour des gens. Ils m’ont proposé de les rejoindre étant donné que je les connaissais déjà tous très bien et qu’ils ne voulaient pas trop aller chercher ailleurs.
Peux-tu brièvement m’expliquer pourquoi des gens qui sont issus d’univers musicaux beaucoup plus radicaux ont opté pour le style que vous pratiquez actuellement ?
Non ! Je ne pourrais pas te l’expliquer et j’ignore si c’est moins radical.
C’est quand même nettement moins agressif qu’Eastwood, Shovel, Unfold et Sweet Disease !
Oui tout à fait mais nous avons tous des groupes à côté à l’exception de Bob Morlock ; Kiki De Montparnasse est dans A Season Drive, Igor Rocket dans Unfold et moi-même dans Kruger. C’est pour nous intéressant de faire quelque chose de différent de ce que nous faisons dans un autre groupe. Je ne pense pas que ce que nous pratiquons soit plus consensuel que Shovel.
Est-ce que Houston Swing Engine est à la base un projet potache de rock’n’roll qui a fini par vous emballer ?
Je crois. Au début il y a eu quelques jams puis l’enregistrement du premier maxi et, comme ça intéressait un peu les gens, ce projet a pris une tournure un peu plus sérieuse. Quoiqu’un peu plus sérieuse ne soit pas tout à fait le bon mot !
Qu’est-ce qui t’a séduit dans la musique que vous pratiquez désormais ?
Je ne sais pas mais ça fait des milliards d’années que je côtoie Kiki De Montparnasse et Bob Morlock. Je suis souvent parti avec eux en tournée que ce soit Shovel ou Eastwood, et c’était pour moi surtout l’occasion de pouvoir jouer avec eux. En ce qui les concerne c’est un peu la même chose car depuis le temps que nous logeons ensemble c’est marrant de jouer dans le même groupe. En ce qui concerne la musique, elle est assez simple, directe et super cool à jouer. Les riffs sont assez simples et groovy, je crois que c’est vraiment une musique cool au niveau du jeu de scène.
Comment définirais-tu votre musique ?
Nous sommes toujours un peu emmerdés pour le faire. Le premier maxi était quand même un peu stoner dans le style de Fu Manchu. L’album est, il me semble, beaucoup plus varié, il y a des trucs très rock, des trucs stoner et des trucs assez hardcore avec la voix d’Igor Rocket qui est très influencé par ce style musical. Notre musique est un peu un mélange de tout cela, nous dirons du punk, du rock, du stoner et du hardcore.
Quels sont les groupes qui ont influencé ce que vous jouez maintenant ?
Au début c’était vachement orienté entre des trucs comme Fu Manchu et Kyuss et des trucs punk / hardcore à la Refused. Sur le nouvel album il y a beaucoup plus d’influences rock genre les Queens Of The Stone Age mais aussi Abinhanda et les Dead Kennedys, en fait c’est un mix de tout cela. De plus comme nous avons déjà tous joué dans plusieurs groupes par le passé, il y a vraiment une pétée de groupes que l’on retrouve en filigrane là-derrière. L’album actuel est certainement plus rock et moins extrême que son prédécesseur.
Pourquoi, alors que tout le monde vous connaît, avoir choisi des noms de scène ?
Parce que nous faisons ceci essentiellement pour rire, se fendre la gueule et s’amuser. Comme le tout est assez déconne nous avons pris des pseudonymes nuls et drôles (à notre avis). C’est aussi parce que nous ne prenons pas tout ceci très au sérieux, que nous sommes tous vieux et que ça fait longtemps que nous ne nous cassons plus le cul à faire des plans de carrière qui ne marcheront jamais. Nous faisons cela pour le fun et ça va dans ce sens-là.
Il s’agit donc clairement d’une barrière avec vos projets parallèles ?
Pas forcément mais ce projet n’est pas spécialement très sérieux, je ne pense pas que les autres groupes soient plus importants pour nous, même si celui-ci est, à la base, une sorte de boutade.
Les visuels de vos pochettes sont-ils une manière d’exprimer une nostalgie du vinyle ?
Oui c’est un graphiste super cool, Richard Charrier, qui nous a fait la première et la deuxième pour que nous essayions de vendre un peu ces disques. Étant donné que nous les avions faits, autant en vendre quand même un peu et comme l’identité de notre truc est quand même rock’n’roll, nous sommes partis sur un truc inspiré des Rolling Stones et de certains groupes des sixties. Nous avons essayé de garder une certaine cohérence au niveau du visuel de nos deux productions.
Le titre de ‘Brian Molko Vs Nigel Tuffnel’ est-il en quelque sorte un résumé de votre style qui pourrait très bien correspondre au télescopage de Placebo et Spinal Tap ?
Alors, sur le premier maxi, un titre se nommait déjà ‘Jimmy Hendrix Vs Tom Selleck’ parce qu’un riff était très proche d’un morceau d’Hendrix. Sur ‘Brian Molko Vs Nigel Tuffnel’, il y a un plan très très Placebo dont nous nous sommes aperçus après l’écriture du morceau et, plutôt que de laisser tomber ce titre, nous avons décidé de revendiquer haut et fort ce plagiat. D’où le titre du morceau et comme il fallait encore trouver une connerie nous y avons ajouté Nigel Tuffnel qui était tout à fait de circonstance.
Quel but est poursuivi en nommant un morceau ‘Gay Rodeo’ alors que l’International Gay Rodeo est une association qui organise des rodéos pour les homosexuels ?
C’est génial ! En fait je ne sais pas de quoi parle cette chanson tout comme les autres titres dont nous nous fichons tous un peu sauf Igor Rocket. C’est une coïncidence fortuite !
En ce qui concerne ‘Sweet Thirteen’ il en va de même ? Il n’y a aucun rapport avec le film ?
Absolument ! C’est amusant que les gens cherchent des explications sur les titres de nos chansons qui sont pris un peu au hasard.
Avez-vous des projets pour ce groupe après la tournée en compagnie d’Hellsucker ?
Non, en fait on n’a quasiment pas joué depuis que l’album est sorti et la tournée a été réduite de deux à une semaine, cependant nous nous réjouissons de jouer avec eux. Ensuite nous allons un peu jouer en Suisse et filer un coup de main à notre label pour sortir ce disque ailleurs qu’en Suisse et en France (et aller y jouer).