Low Vibes. Ce nom renvoie l’image d’un animal à sang froid, dont les fréquences cardiaques seraient particulièrement basses. Un peu comme un anaconda du Venezuela retranché au fond d’un marigot que l’Orénoque aurait fini d’abreuver, pour digérer paisiblement le cochon sauvage goulûment avalé quelques jours plus tôt. Or, les trois gaillards du groupe sont le négatif parfait de cette image. Chaleureux, accessibles et nullement gênés par des estomacs encombrés. Ils seraient même plutôt du genre affamés. Avides de rock’n’roll. Ou plus exactement, insatiablement désireux de se produire en public et de faire partager leurs enregistrements. On ne peut, dans ces conditions, les comparer qu’à des prédateurs au sang chaud. Leurs cibles privilégiées ? Les fans de ce que l’on regroupe sous l’appellation générique de stoner rock. En particulier ceux qui affectionnent les ambiances heavy rock (pop) mélancoliques à la QOTSA et autres Wellwater Conspiracy. On se rapproche donc davantage d’un tigre à l’apparence souple et féline dont l’imagerie populaire à tôt fait d’occulter le potentiel de sauvagerie pure qu’il contient. C’est de cette ambivalence que Low Vibes tire sa force et son originalité. Au moment même de la livraison d’un nouvel EP prometteur et introspectif « Psychic Travel », ce prolifique groupe de Paname nous révèle les bêtes qu’il contient.
Pouvez-vous dresser un rapide historique du groupe ?
Matt : Le groupe à été monté en Avril 97 par Nico (batterie) et moi (basse/chant) et nous avons été rejoints par Stéphane dès le mois de Juin. Lorsque nous avons eu une dizaine de morceaux, nous nous sommes attelés à tous les enregistrer en Août 98, ce qui a donné naissance à notre première démo 4 titres en Décembre 98. Cette étape a permis au groupe d’évoluer, notamment avec un changement d’accordage en C#. Les 2 premiers titres composés ainsi apparaissent sur notre premier maxi « in the midst of a drama » sortie chez Water Dragon records en Avril 99. En Juin 99, notre démo est rééditée en CDr par Water Dragon records sous le titre « PUT YOUR GUN DOWN sweetie !! ». Durant l’été suivant de nouvelles chansons sont enregistrées et figurent sur le split CD Low Vibes / Space Patrol « Coming down to the Velvet Lodge » qui sort finalement en Décembre 99. Nous participons également à la compilation du nouveau label anglais Pimp Records prévu pour l’été 2000. Entre temps nous n’avons pu faire que peu d’apparitions scéniques, vu la difficulté de trouver des dates à Paris.
Pourquoi Low Vibes et pas Matt et les garçons ou autre chose ?
Matt : AB production menaçait de nous poursuivre donc nous avons opté pour Low Vibes, étant quelque peu affecté par cette mésaventure.
Hahaha ! Quel a été le processus de constitution du groupe ? Quel en a été l’élément fondateur ?
Matt : Avec Nico, nous nous connaissons depuis 8 ans et jouons ensemble depuis lors. Black Sabbath a toujours été l’un des points communs entre nous. Il l’est également avec Stéphane. Jane’s Addiction & Kyuss sont également des groupes que nous aimons beaucoup.
Quelles sont vos influences musicales individuelles et lesquelles mettez-vous en commun ?
Nico : Bill Ward & Black Sabbath en général.
Matt : Pour ma part, Motorhead, AC/DC & les Beatles ont été les premiers groupes que j’ai aimé et je pense que leur influence peut encore se sentir ici et là. Des gens comme Dennis Dunnaway, le bassiste originel d’Alice Cooper et Jaimie Stewart du Cult m’ont donné envie d’être bassiste.
Stéphane : Mais influences majeures vont du rock des années70, Hendrix, Led Zep, Sabbath jusqu’à Pantera et le scène de Seattle pour ce qui est des années 90.
Matt : En clair, Black Sabbath est LE truc commun.
Comment expliquez-vous cette discographie abondante pour un aussi jeune groupe que vous ?
Matt : Plus régulière qu’abondante ! Il me semble primordial d’enregistrer pour pouvoir avancer, franchir des étapes et comme nous sommes en mesure de le faire lorsque nous en ressentons le besoin et l’envie
Steph : On pourra parler d’abondance au 15 ème album. . . je pense en fait, qu’on suit un cursus assez classique. En trois ans 2 maxis et un split CD, soit une sorte d’aboutissement logique de 3 années de répétitions ensemble.
Oui, mais comment procédez-vous pour enregistrer aussi fréquemment et dans quelles conditions techniques le faites vous ?
Matt : J’ai réalisé moi-même tous les enregistrements existants avec mon matos. Bien sur, cette technique a également ses inconvénients, comme de se faire fustiger par certains pour notre son. Il est vrai que celui ci est plus « garage » que la majeure partie des groupes officiants dans le même registre que nous. J’utilise un vieux 8 pistes Tascam couplé à une vielle table Fostex ainsi qu’un rack d’effets. Le parc micro quant à lui est des plus rudimentaire. Toutes les sessions ont eu lieu dans notre ancien local, une cave d’immeuble aménagée, ce qui confère ce son mat.
Nico : Disposant de peu de temps, et d’argent, nous sommes obligés d’enregistrer très vite ce qui occasionne du stress.
Steph : Les conditions sont assez sommaires, il faut faire au plus vite avec les moyens du bord.
Combien de fois répétez-vous par semaine ?
Matt : Eternelle problématique !! La fréquence des répétitions tient beaucoup à nos finances et au facteur « lieu ». Malheureusement nous sommes plutôt fauchés et venons de perdre notre avantageux local. Par conséquent il fût une époque ou nous répétions 2 à 3 fois par semaine pour actuellement ne répéter qu’une seule fois par semaine.
Et comment procédez vous pour composer ?
Matt : Généralement j’amènes les riffs d’une chanson écrites dans les grandes lignes & nous faisons les arrangements et modifications finales ensemble. Néanmoins, une Jam peut être à l’origine de certains de nos titres, tel que Get Lost.
Comment définissez-vous votre musique ?
Steph : Mélange de trois individualités amenant des influences diverses avec aux différents points de convergence, une brique du mur du son Low Vibes. C’est clair, non !!
Nico : Elle est à la fois triste & hargneuse.
Matt : J’aime assez la définition apparue lors des chroniques qui nous décrivait comme un groupe de Heavy Psychedelic Groove. D’ailleurs, depuis, je la reprend à notre compte pour les flyers.
Ce genre de musique a-t-il une audience en France selon vous ? et Paris dans tout ça ? Vous exportez-vous et si oui, comment ?
Nico : Moins d’une centaine de personnes à Paris, au vu des concerts de Stoner .
Matt : La France est plus molle que les autres pays en matière de rock, néanmoins des groupes comme Pearl Jam ou Soundgarden ont remplis de grandes salles ici et leurs influences sont similaires aux nôtres, même si le résultat diffère un peu. Si la presse devient moins frileuse les choses peuvent prendre, seulement cette dernière attend que le public réagisse en masse et le public quant à lui ne connaît que très minoritairement la scène dite « stoner ». Toujours le même cercle vicieux. Pour ce qui est de l’étranger, nous recevons globalement de bons échos, l’Internet facilitant grandement la tache pour promouvoir le groupe. Néanmoins, nous n’avons pas encore eu l’occasion d’aller jouer hors de nos frontières.
Quels sont vos meilleurs souvenirs de concert ou vous avez joué ?
Matt : Vu le peu de concerts que nous avons pu donner, ça va être rapide !
Nico : Le concert de la Péniche Déclic en 1 ère partie de Subway en décembre 99 & le dernier en date dans l’ atelier d’artistes du collectif Oblik, en juin.
Steph : Indéniablement celui de l’atelier Oblik malgré un set un peu court, mais nous avions LE son.
Quel est le meilleur concert auquel vous ayez assisté ?
Matt : The Cult « Ceremony Tour » il y a quelques années, comme quoi un album très moyen peu donner une bonne tournée ! Fu Manchu à la Boule Noire pour la Tournée d’ Action is Go & plus récemment QotSA, toujours à la Boule Noire pour le nouvel & excellent album.
Nico : Fu Manchu à la Boule Noire, avec un son hyper fort mais hyper bon. Une tuerie !! Voivod, la dernière tournée avec Snake.
Steph : Monster of Rock incluant les Black Crowes, Metalllica, AC/DC & Patrick Rondat qui ouvrait le bal.
Quels sont vos projets à court, moyen, long terme ?
Matt : Trouver un local de répète, enregistrer l’album d’ici la fin de l’année.
Que faites-vous dans la vie lorsque vous ne faites pas de musique ?
Matt : Je bosse pour un importateur d’instruments et je m’occupe de Water Dragon records. Que de la musique, quoi.
Nico : J’ai un boulot sans intérêt qui m’emmerde.
Steph : De la musique, rien que de la musique !
Quelle place occupe le rock dans votre vie ?
Matt : Primordiale.
Steph : Number one.
Nico : Idem.
Une vie sans rock’n’roll a-t-elle un sens pour vous ?
Matt : Le rock’n’roll ne suffit pas mais c’est un élément essentiel.
Steph : Non !!
Nico : Oui !!
Quels sont vos disques, bouquins, films etc., qui vous ont réellement percuté ces derniers temps ?
Matt : Rollerball « Lost in Space », le nouveau QotSA, euh la compile « The Mob’s new Plan » de Water Dragon records Pour les bouquins « Le Démon » d’Hubert Selby jr. Est incroyablement puissant, « La pluie de néons » de James Lee Burke est très bon également.
Nico : Le dernier Dream Theater, The Perfect Circle « Mer de noms ». En film, Le 6 ème sens & en bouquin, le dernier Caleb Carr.
Steph : « Life after life », un livre troublant. Le dernier Primus déchire !
Un truc à rajouter pas trop con, ni trop bateau ?
Steph : Merci au gens qui nous soutiennent, on espère vous voir plus nombreux à nos rares concerts.
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