MASTODON – juin 2005


Alors, stoner, pas stoner ? Ouais, bof. ca vaut le coup de se prendre la tête ? Le fait est que Mastodon doit une bonne part de sa notoriété à une « fan base » très proche des fans de stoner. Plutôt que de chercher à savoir pourquoi, autant en profiter ! Par ailleurs, quand le groupe est aussi talentueux, et rencontre un si grand succès (avec son dernier album « Leviathan »), il faudrait être stupide pour leur tourner le dos ! Loin de nous cette idée donc, quand on a demandé à discuter un peu avec le groupe. C’est le batteur Brann Dailor qui se propose de répondre à nos questions, véritable leader du groupe, un musicien sympathique, passionné et intelligent. Rare !

 

Cela ne fait même pas un an que « Leviathan » est sorti, et pourtant il s’en est passé des choses dans le petit monde de Mastodon depuis ! Peux-tu nous dire quel est ton sentiment aujourd’hui sur cet album et le succès qu’il a rencontré ?

Je suis pleinement satisfait de l’album, je l’étais déjà lorsque nous l’avons enregistré, et je peux te dire que je l’adore toujours à l’heure qu’il est ! C’est un peu comme le « gravy » (ndlr : sorte de sauce bien américaine servie traditionnellement en accompagnement de viandes…), tout le monde semble aimer ça ! Hahaha ! Ben là c’est pareil : on dirait que tout le monde aime l’album, public et critiques, et ça fait forcément plaisir ! Ca me rend d’autant plus impatient d’entrer à nouveau en studio ! Je n’ai plus qu’une envie c’est de retourner enregistrer de nouveaux titres, faire quelque chose de neuf…

Et ça sera quand ?

Je pense qu’on rentrera en studio à la fin de l’année. On commencera probablement à composer à partir de septembre je pense.

Vous n’avez encore composé aucune chanson, à l’heure qu’il est ?

Si, en fait on a déjà des petits bouts de chanson, des riffs, des choses comme ça, mais il faut qu’on se retrouve tous autour de ça pour en faire de vraies chansons.

 

Donc tu n’as pas encore d’idée sur quelle sera l’orientation du nouvel album, quel son il aura ?

Non, pas vraiment. Tu vois, on va vraiment prendre les choses comme elles viennent, petit à petit, sans se prendre la tête : on a toujours fonctionné comme ça, on va pas changer maintenant ! On va simplement se retrouver tous ensemble, et on va partager des idées. « Hey, tu aimes ce riff ? » – « Ouais, il est génial ! » – « Cool, on le garde, écrivons une chanson autour ». Quelque chose de très naturel. On se fout de savoir comment ça va marcher, ou à quel point ça va être bordélique… Si on aime, on le jouera, c’est pas plus compliqué.

Revenons quand même un peu sur « Leviathan » : comment expliques-tu le succès qu’il a rencontré ? Musicalement, il n’est pas beaucoup différent de « Remission », et pourtant son succès est sans commune mesure… Est-ce dû au marketing, aux concerts… ?

Peut-être… Les tournées en grande part, tu as raison, je crois. On a été remarqué par plusieurs grands groupes, qui nous ont proposé de les accompagner en tournée, c’étaient d’excellentes opportunités ! Cela a été le cas de Slayer, Slipknot, des groupes comme ça… Ils nous ont emmenés en tournée et nous ont permis d’être exposés à des publics plus larges… Ca nous a beaucoup aidé.

 

Vous venez de signer avec un gros label, après Relapse : Warner Bros Records. Or, tu dois le savoir, pour les groupes « underground » comme vous, ce saut du petit label à la grosse major ne se passe pas toujours super bien : souvent, après un album ou deux, ils retrouvent les petits labels. Que penses-tu faire pour éviter ça ?

Rien, en fait ! Hahaha ! Non sérieusement, je pense qu’on va se comporter comme on l’a toujours fait jusqu’à aujourd’hui. On espère juste faire ce que l’on sait faire, mais à plus grande échelle avec eux. Je sais pas, quand on y pense, s’ils nous veulent c’est pour ce que l’on sait faire, finalement, non ? Donc il ne serait pas très judicieux de changer maintenant… Ils nous ont juste dit de ne plus nous brider au niveau des moyens, et je ne vois pas en quoi ça peut être mauvais, ils veulent que l’on « pense grand »… Et puis tu sais, tu imagines bien qu’on y a longuement réfléchi, et de toute façon, on dirait bien que l’on ne peut pas se tromper : c’est une décision qui ne peut pas nous nuire. Même si au final on se fait virer, on n’en a rien à faire, tu vois ce que je veux dire ? Mastodon aura toujours le dernier mot, Mastodon jouera toujours la musique qu’on aime, on jouera toujours live, et on s’éclatera toujours ! Ca n’a aucune importance pour faire ça d’être signé chez Relapse ou chez Warner ou chez n’importe qui, ça changera pas… On va continuer à faire ce que l’on sait faire, ce qui nous amuse, et changer de label c’est une étape positive : on passe au niveau supérieur. C’est fun !

J’ai entendu que vous aviez un DVD en prévision, tu peux m’en dire plus ?

Et bien il devrait sortir aux alentours de Noël, je pense, ou en tout cas c’est ce que Relapse souhaite faire… Pour des raisons évidentes… (ndlr : une fin de contrat délicate peut-être ?…) On va mettre plein de trucs dedans, en quelque sorte les coulisses du groupe, le but est de permettre aux gens de nous découvrir un peu mieux. Il y aura aussi quelques concerts cool que l’on a faits, ainsi que de vieilles vidéos, notamment des extraits d’événements spéciaux, mais aussi des bandes de nos anciens groupes, tu vois le genre, quand on était encore des adolescents boutonneux ! Hahaha. Bref, on y retrouvera un peu toute l’histoire de tous les membres du groupe. L’idée, c’est quand même d’y mettre le plus de trucs possibles, tout ce qu’on arrivera à faire rentrer dans un DVD ! Il faut que les fans aient l’impression d’en avoir pour leur argent.

 

Vous venez de décrocher une place sur l’affiche du prochain Ozzfest, or ce n’est pas la première fois qu’on vous sollicite. Pourquoi avoir accepté cette fois et pas avant ?

Disons simplement que quelques années plus tôt, nous n’étions pas à un niveau où notre label pouvait se permettre de nous faire faire cette tournée, parce que tu sais, les organisateurs du Ozzfest demandent pas mal d’argent pour pouvoir y participer… C’est comme ça, on le sait, et à cette époque on ne pouvait pas se le permettre, c’était une grosse somme d’argent. On ne voulait pas en plus avoir cette pression sur nos épaules, savoir quel investissement notre label faisait pour nous, ça ne nous semblait pas être une situation très confortable et saine. On a donc décidé de faire les choses plus naturellement : on a attendu, on a fait évoluer le groupe, qui a grandi jusqu’à atteindre un niveau de notoriété qui nous a permis d’y assister sans avoir à payer. Et c’est arrivé cette année, on a eu la chance d’être invités à jouer sur le Ozzfest sans que l’on ne nous demande de payer quoi que ce soit. Ca va être vraiment cool, Iron Maiden, Black Sabbath…

Entre le Festimad aujourd’hui et le Ozzfest bientôt, on dirait que vous prenez goût aux festivals…

Ouais, t’as vraiment une super énergie dans les festivals… Mais ça dépend de la manière dont ils sont organisés! Lorsque ce sont des festivals sérieux, avec des organisateurs professionnels, du bon matériel… là il n’y a aucun problème, c’est génial. Mais des fois c’est pas si génial, crois moi, ils ne sont pas vraiment organisés avec professionnalisme. On en a plein comme ça aux Etats-Unis : on prend un paquet de groupes, on les compresse tous pour les faire rentrer sur une petite affiche, et t’as un mec qui dit « j’organise un festival ». Alors ils se retrouvent dans son jardin, toi tu joues à 2h du mat, et au final tu n’es pas payé, bref, tu vois le genre… Ce n’est pas le cas du Ozzfest, c’est un bon festival, sérieux, ni du Festimad : ça c’est un vrai festival, en Europe vous savez y faire en festivals. Après, bon, tout n’est pas rose, il y a des inconvénients. On ne peut pas faire de soundcheck par exemple, mais bon, on a d’excellents techniciens, on leur fait confiance, et on l’a déjà fait auparavant, ça se passe bien. Et puis c’est une super opportunité d’être confronté à des publics plus larges, des gens qui ne te connaissent pas, qui ne connaissent le groupe que de nom parfois, qui sont là pour voir les têtes d’affiche, bien sûr, mais aussi pour voir des groupes moins importants durant le reste de la journée. Une excellente opportunité de gagner des fans !

 

Tu préfères les festivals plutôt qu’être en tête d’affiche de votre propre concert ?

Etre en tête d’affiche c’est cool, tu sais, ce sont tes fans, ils sont venus pour te voir, tu sais qu’ils aiment ta musique, c’est vraiment génial, tu imagines… Vraiment fun, mais… il n’y a pas vraiment de challenge, tu vois ce que je veux dire ?

C’est plus confortable…

Absolument ! C’est plus confortable, donc au final on s’éclate, on peut se détendre et juste jouer, nous faire plaisir. Moi il faut juste que je sois un peu nerveux, je me sens bien quand je suis plus nerveux : en général je joue mieux, le concert est meilleur quand je suis nerveux ! Donc je n’ai pas vraiment de préférence, j’adore les deux !

Tu as vu l’affiche du Festimad ? Quels groupes as-tu l’intention de voir ?

Je veux voir les Hives, Turbonegro, nos potes de Dillinger Escape Plan bien sûr, je veux voir Slayer, encore une fois. Tu sais, on a tourné avec eux pendant trois mois, et je ne me lasse toujours pas de les voir, c’est un groupe incroyable, et je pense qu’ils n’ont jamais été meilleur qu’en ce moment, ils écrasent tout, ils sont vraiment super carrés et efficaces dans leur jeu. Et puis je suis batteur, et je trouve que Dave Lombardo est l’un des meilleurs batteurs du monde… Mais sinon, tous les groupes m’intéressent, vraiment, ils ont rassemblé une superbe affiche, franchement. Il me tarde vraiment de voir Marylin Manson, je l’ai jamais vu, il fait un sacré spectacle, ça doit être un sacré trip. Et puis on reste demain rien que pour voir les concerts !

T’as un sacré paquet de bon concerts demain !

Putain ouais ! Y aura Clutch, ils sont excellents. Et plein d’autres ! Tu vois, mec, c’est un super festival, ça va être super cool, je le sens ! Tu sors de la monotonie d’une tournée, où tu as un certain nombre de groupes à l’affiche, et tous les soirs tu vois les mêmes groupes. Là je vais aller me balader et je vais voir plein de groupes que je ne connais pas, ça ne peut pas être plus cool ! C’est bien aussi, les tournées, parce que tu te fais de vrais amis parmi les groupes avec qui tu partages l’affiche, mais au final, les festivals sont cools parce que tu vois des dizaines de groupes et tu rencontres des tonnes de musiciens.

juin 2005 par Laurent.

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