SHEAVY (décembre 2014)


On hésite, pour justifier cette interview fleuve de Steve Hennessey, l’emblématique leader des canadiens de Sheavy, à invoquer l’obligation d’informer, le devoir de mémoire, ou… l’égoïsme ! En effet, une bonne part du staff de Desert-Rock a fait ses armes dans le monde du stoner aux sons de Electric Sleep, Synchronized et autres Celestial Hi-Fi. Du coup, on aurait probablement pu faire plus synthétique et tronquer cette conversation pour servir une interview plus « digeste », mais on s’est dit que dans tous les cas, cette plongée absolument inédite (essayez de trouver ça ailleurs…) dans la vie, la « tête » et le fonctionnement de ce groupe et de cet artiste pour le moins atypiques méritait d’être connue et appréciée à sa juste valeur, brute de décoffrage, sans filtre …

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Quel est le statut de SHEAVY aujourd’hui ? Comment résumerais-tu l’activité du groupe ?

Je dirais que le groupe est dans une sorte de demi-repos. A titre personnel je ne suis pas à Terre-Neuve [ndlr : l’île canadienne où vivent Steve et le groupe] en ce moment, je prends des cours de mécanique dans le Minnesota, c’est un programme de formation de deux ans. Toutefois, le groupe est dans une configuration très solide en ce moment. Jason Williams [batteur] et Glenn Tizzard [basse] sont des mecs géniaux. Evan Chalker [guitariste] et moi-même écrivons des riffs à distance l’un de l’autre. J’espère que Barry Peters, qui a joué sur « Moons In Penumbra », nous aidera à nouveau à la guitare sur le prochain disque. Bref, à l’évidence on ne jamme pas énormément en ce moment, mais lorsque je suis à la maison, on joue environ une fois par semaine.

A l’évidence SHEAVY ne vous fait pas vivre et vous avez tous des métiers à côté. Est-ce que cette situation vous convient ?

Je peux répondre au nom de chacun : on adorerait tous faire de la musique à longueur de journée. Mais les réalités d’adultes nous en empêchent. Ce n’est pas une mauvaise chose d’ailleurs… C’est juste que ça te force à définir les priorités dans ta vie. L’important est que nous parvenions toujours à faire de la nouvelle musique dans ce contexte.

Peut-on évacuer rapidement une question récurrente : on te dit souvent que ta voix est assez proche de celle de Ozzy a ses débuts… Comment le vis-tu ?

Oh tu sais, depuis notre première démo, enregistrée sur un vieux 4-pistes, on comparait ma voix à celle d’Ozzy. Alors si en plus tu doubles ou triples mes pistes de voix, et que tu ajoutes une touche de chorus et de delay, alors ça peut sonner très proche d’Ozzy. Mais ça se passe vraiment uniquement dans la tête : si tu écoutes mes vocaux et les siens côte à côte, tu peux effectivement constater qu’ils sont proches dans le style, mais finalement assez distincts. Mais ce n’est que mon opinion bien sûr. Je me suis tellement habitué aux comparaisons avec Ozzy au fil des ans que je suis simplement flatté que l’on puisse citer mon nom dans la même phrase que celui du Madman ! Ma voix est ce qu’elle est. Bénédiction ou malédiction, je n’en sais rien. Les gens disent que je sonne comme Ozzy… et bien j’ai appris à vivre avec ! Hahaha

SHEAVY est littéralement absent du web (un site d’une page), de tous les médias sociaux (pas de page web officielle, twitter, bandcamp ou autre…). Est-ce un souhait du groupe ?

Je pense que la cause principale est tout simplement qu’à titre personnel je n’éprouve pas d’intérêt pour tout ça, j’essaye de vivre ma vie « offline » autant que possible. Les autres membres du groupe sont libres, mais ils ne poussent pas non plus dans ce sens. On n’essaye pas d’être particulièrement secrets pour autant. Une page fan a été créée sur facebook à laquelle ils participent occasionnellement. Tu sais, les groupes existaient bien avant l’âge digital et les gens trouvaient moyen d’être « connectés » à l’époque, il y avait des cercles musicaux, ça se faisait différemment… En fait, je veux juste faire de la musique. C’est l’unique raison qui me donne envie d’être dans un groupe.

Ce n’est pas anodin : l’une des conséquences est qu’il est aussi difficile de rentrer en contact avec le groupe, ou d’être informé sur l’actualité du groupe, une chose qui est désormais facile et normal chez la plupart des groupes…

Je n’ai jamais entendu que des fans ne parvenaient pas à rentrer en contact avec nous. La page fan de facebook rend possible de contacter les membres actuels ou anciens du groupe. Mais je comprends ta remarque. Pourrions-nous développer notre présence sur le web ? Assurément. Mais en toute franchise, je n’ai pas beaucoup de temps à y consacrer. Si on avait un compte Twitter j’imagine que je pourrai raconter aux gens ce que j’apprends durant mes cours, par exemple, mais est-ce que ça les intéresserait ? Et quel rapport avec le Groupe ? Alors je te pose une autre question : est-ce qu’un groupe peut ne pas être assez intéressant pour les média sociaux ? Si oui, alors SHEAVY est ce groupe ! Hahaha.

Pour être plus pragmatique, te rends-tu compte que cette absence peut même être préjudiciable au groupe, qui voit ainsi des gens avoir du mal à se procurer les sorties du groupe, par exemple ?

Sheavy pourrait effectivement être plus transparent sur son activité. Je n’ai pas de compte facebook, donc je ne vois même pas l’activité de la page fans. Si un truc cool y apparaît, les mecs me le font suivre par mail. Notre site web est minimaliste, mais à chaque fois que je m’y atèle, me revient à l’esprit l’un des principes qui me tient à cœur : moins c’est plus ! Une part de moi se satisferait totalement d’une page vide avec le nom du groupe et une adresse de courrier, pour voir si les gens écriraient, héhé… J’adore avoir du courrier et écrire des lettres, tu sais ! Je comprends la frustration d’aimer un groupe et de ne constater qu’il a sorti un album cinq mois après sa sortie… Est-ce qu’on va s’améliorer là-dessus ? Peut-être. Je vais au moins mettre tous les disques de Sheavy depuis « Republic » sur Bandcamp d’ici au printemps. Sache que je n’ai même pas de lecteur MP3, mais j’ai cru comprendre que certaines personnes avaient des trucs dans le genre, hahaha.

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A ce titre, le groupe est plutôt atypique dans le paysage musical actuel. Comment vis-tu le séisme que vit l’industrie musicale depuis plusieurs années ?

Ca va te surprendre, mais je pense vraiment qu’il n’y a jamais eu de meilleure période pour faire de la musique. La technologie digitale rend les choses faciles et bon marché. La contrepartie, c’est qu’il y a tant de musique désormais que c’est difficile de se faire remarquer. C’est facile de mettre en vente sa musique en MP3, mais il faut être Taylor Swift ou Kanye West pour en vivre. Peut-être que le facteur Darwin interviendra, et que seuls les groupes qui bossent le plus, qui font des tournées et qui savent se vendre obtiendront le plus grand succès. Le retour à la mode du vinyl est cool, mais est-ce que ça atteindra un niveau suffisant pour en vendre des millions comme avant, et que les groupes pourront en vivre comme avant ? Je n’en sais rien. Mais dans le contexte actuel, je pense que tourner et être efficace sur scène sont les éléments clés du succès. Prends SHEAVY par exemple. Pour d’innombrables raisons, nous ne faisons pas de tournées : gosses, métiers, crédits, le fait qu’on n’ait ni management ni promoteur de tournée… Du coup il ne nous reste que les ventes de disque, et ce n’est pas brillant. Nous avons fait fabriquer à peine 300 copies de notre dernier CD. Nous gagnons environ $6 pour chaque vente, ce qui nous rapporterait au maximum $1 800 si on les vend tous. Or le disque nous a coûté $4 000 à produire et fabriquer. Inutile d’avoir fait Maths Sup’ pour comprendre que c’est une catastrophe financière. Mais on le fait juste par amour de la musique. Le business nous passe complètement au dessus de la tête.

De quels groupes te sens-tu proche aujourd’hui ? Musicalement ou humainement ?

Ouh là, mec, mes goûts musicaux sont très variés. Au niveau des groupes heavy, j’aime beaucoup des groupes comme Converge ou Pallbearer ces derniers temps. J’ai vu Converge live il y a quelques années et ça m’a vraiment marqué. Billy Anderson a fait un super travail sur le dernier album de Pallbearer. Ces harmonies vocales sont superbes. Sinon, j’écoute beaucoup de David Bowie, de Roxy Music. J’adore. J’écoute beaucoup la bande originale du film Velvet Goldmine depuis plusieurs mois [ndlr : sorte de revival glam rock]. Je me suis découvert une certaine affection pour Gary Numan récemment aussi, il a de super compos. Tu vois, en ce moment j’écoute ce genre de trucs.

Sinon, étant donné que nous ne tournons que rarement, je dirais que nous n’avons jamais vraiment eu l’opportunité de vraiment sympathiser avec d’autres groupes. St John [la ville où il réside] a plein de groupes, tous très proches, et je suis pote avec des dizaines de mecs là-bas. J’imagine qu’on partage une frustration commune d’être tous bloqués sur cette petite île de l’Atlantique Nord, ça crée des liens ! Hahaha.

Vous jouez live si rarement que ça ?

Hummm… Je dirais qu’en moyenne ces dernières années, on joue environ un show par an. Et quand on joue, c’est dans le bar de Glenn Tizzard, notre bassiste.

Mais ça n’a pas toujours été le cas… Je me souviens que vous avez même joué en Europe il y a plusieurs années.

Oui on y a tourné un peu en 1998 (UK et Pays-Bas) et 2005 (UK et Allemagne). Nous y étions parvenus grâce au soutien de Rise Above, notre label de l’époque. Mais nous n’avons plus de label, de management ou de promoteur depuis 2006, donc obligatoirement, on se consacre plus à nos albums qu’aux tournées désormais.

Mais tu ne voudrais pas changer ça et reprendre le chemin de la scène ?

Si, j’adorerais, mais il faudrait que tout le monde dans le groupe puisse se le permettre. Nous faisons tout ce que nos vies nous permettent de faire. Comme je te disais, je suis sûr que si la musique nous permettait de gagner nos vies, nous ne ferions rien d’autre que tourner. Hélas, nos vies sont différentes.

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Tu nous as parlé de St. John, ta ville, comme un élément important de la vie de SHEAVY, et d’un bassin musical important. On a du mal à le croire quand on regarde la configuration de cette ville…

St John a environ 200 000 habitants, c’est plutôt petit, mais on a une grande quantité de musiciens très talentueux. Trouver des gens avec qui jouer de la musique est vraiment facile. Evidemment, beaucoup sont déjà dans un ou deux groupes en même temps, mais tu n’auras aucune difficulté à trouver un mec prêt à tout pour jouer coûte que coûte. Grâce à ces mecs géniaux que tu retrouves cités dans les crédits de nos albums, j’ai pu maintenir SHEAVY en vie. D’ailleurs, ça n’est que depuis ces dernières années que je me suis progressivement impliqué dans la composition, car auparavant c’était Dan Moore et Keith Foley qui écrivaient les chansons, je ne m’occupais que des paroles. Ces derniers temps, le travail de composition est plus partagé au sein du groupe.

Tu parlais de tous les musiciens qui ont joué dans SHEAVY, comment expliques-tu que dans un monde où tous les groupes voient des conflits internes (« divergences musicales » ou autres) tu sembles avoir maintenu des liens amicaux avec tous ces musiciens ?

C’est vrai, je ne sais pas l’expliquer, je suppose que c’est en quelque sorte le syndrome d’une petite communauté, mais je veux aussi penser que c’est lié au fait qu’on a eu un sacré paquet de mecs supers dans ce groupe. Pour la plupart, tous ceux qui ont quitté le groupe l’ont fait en bons termes et bons rapports avec les autres membres du groupe. Je peux dire sans ambiguïté que ce groupe n’a jamais été victime du moindre drame ou crise. On déteste ça. Les amis, y’a que ça de vrai, mec.

Comme tu le disais, tu as pris à titre personnel, petit à petit, le contrôle de la plupart des aspects du groupe : la composition, la production des disques, le son, l’artwork, etc… Comment expliques-tu cette évolution ?

Ca me fait du mal de le reconnaître, mais je suis devenu une sorte de « control freak » concernant nos albums. On peut aussi dire que ça vient d’une sorte d’implication et de sens de l’engagement en tant que producteur, toujours est-il que je ne m’engage jamais dans l’élaboration d’un album sans en avoir au préalable la vision claire de ce à quoi il doit ressembler ou comment il doit sonner. Je crois que le seul motif d’insatisfaction de Glenn [Tizzard] sur le dernier album est que les deux « z » dans son nom sont trop collés l’un à l’autre… « Mais les « z » accolés font partie de la vision, bon sang ! Ne te mèle pas de ça, connard ! » Il s’est excusé de cette remarque quand il est sorti de l’hosto… Je déconne bien sûr, mais c’est une bonne image : j’ai effectivement tout fait jusqu’à choisir les polices de caractère. C’est plus facile de procéder ainsi, ça coûte moins cher et c’est plus pratique. J’aime tout ce qu’il y a à faire autour de la conception d’un disque : ça va du son de batterie jusqu’à la composition graphique de l’ensemble. Ca m’éclate, mec ! Je ne me drogue pas, donc comment pourrais-je m’éclater autant autrement ? [sourire]

Je me demande comment tes collègues au sein du groupe vivent cette situation, où clairement tu es derrière chaque composante du groupe…

Je pense que pour Sheavy je suis une sorte de dictateur bénévole. Bon, j’ai mis une boîte de suggestions à la sortie de notre local de répétition, mais je ne lis jamais son contenu, je m’en fous ! Héhéhé…  J’adorerais que tout le monde ait un intérêt et une implication intense, ça me rendrait la vie plus facile. Mais soyons honnêtes : la motivation de la plupart des musiciens est de jouer de leur instrument et de s’éclater à faire de la musique. Je ne dis pas que ce n’est pas fun de passer quinze heures sous Photoshop pour travailler sur l’artwork, mais ça n’intéresse pas forcément tout le monde… Ca vaut pour toutes les activités dont je te parlais tout à l’heure. Je n’ai en réalité jamais vu le moindre groupe où chaque musicien a la même motivation. D’ailleurs de mon point de vue ce scénario de travail est sans doute très inconfortable : obtenir le moindre consensus doit être un calvaire, la moindre décision un cauchemar à obtenir… Dan Moore me dit souvent : « Steve, le groupe n’est pas une démocratie ». Qui suis-je pour le contredire ? [sourire]

Tes disques sortent sur un label appelé « Dallas Tarr Records », un label qu’on aurait cru provenir du sur des Etats-Unis… Or on ne trouve aucune info sur ce label.

Normal mec, Dallas Tarr est un peu un label bidon. C’est un truc créé uniquement pour SHEAVY, et je pense que ça ne changera pas. Je continue à l’utiliser juste pour rendre hommage à Rennie Squires, le mec responsable d’avoir fait connaître SHEAVY. Sans Ren, il n’y aurait jamais eu de contrat avec Rise Above Records, et le groupe aurait disparu il y a un sacré bout de temps.

C’est quand même risqué de sortir un disque intitulé « The Best of SHEAVY » qui est en fait… un nouvel album ! Tu n’as vraiment pas eu peur que les fans, qui ont déjà tous les albums, ne l’achètent pas ?

Ca fait des années que j’ai dans l’idée de faire un faux best if de SHEAVY. J’ai un sens de l’humour un peu tordu, et sortir un « best of » avec uniquement des nouvelles compos, une fausse photo de groupe, et aucun titre de chanson, ça me fait marrer. Il fallait que je le fasse. Le simple fait d’amener une caisse d’albums chez Fred Record’s à St. John [ndlr : un disquaire qui fait aussi office de principal distributeur des disques du groupe] et de regarder leur gueule quand ils ont vu ça, rien que ça ça valait la peine, hahaha ! Mais ce n’était pas fait non plus pour choquer les gens. J’essaye de prendre un peu de recul aussi parfois. Combien de groupes qui ont sorti plein de disques te disent systématiquement que leur dernier album comporte leurs meilleurs morceaux jusqu’ici ? Des tonnes de groupes ! Et bien nous, on est encore au-delà ! Donc tu vois, rien n’est innocent, et tout est ainsi. Les musiciens dans SHEAVY ont beaucoup changé ces derniers temps… on a donc mis la photo d’un groupe anonyme ! Aucun titre de chansons ? Un lien peut-être avec la nature virtuelle de la musique…

Qu’entends-tu par là, concernant l’absence de titres de chansons ? Est-ce qu’au final tu trouves que ça ne sert à rien ?

De manière pragmatique,déjà, si on avait écrit les chansons au dos du disque, la « surprise » du faux « best of » n’aurait pas duré longtemps. Mais au niveau du fond, c’est un commentaire sur la musique moderne. Un tas de « uns » et de « zéros ». Et donc oui, en un sens, ça ne sert à rien. Des « uns » et des « zéros » de plus dans des bizillions d’autres qui sont déjà là, disponibles…

Comment décrirais-tu ce disque, votre dernier album à ce jour, par rapport au reste de votre discographie ?

C’est un disque à la fois typique et atypique. Je ne vais pas te dire que chacun des titres qui y figurent est meilleur que tout ce que l’on a fait dans la carrière de Sheavy. C’est des conneries. Au niveau du style musical, ça part dans tous les sens. Mais c’est bel et bien un disque de Sheavy : celui qui connaît bien nos anciens albums saura que l’on a toujours été comme ça. Mais paradoxalement, j’espère juste que les mecs qui font de la musique avec moi dans le groupe pensent toujours que nous avons quelque chose d’original et de neuf qui nous donne tous toujours envie de continuer à faire évoluer le groupe. Je veux à tout prix qu’ils sachent que le groupe n’est pas que l’ombre inamovible de son propre passé, et que leur contribution est appréciée, et valorisée. Je ne veux pas qu’ils ressentent la moindre seconde qu’ils jouent dans un « tribute band » de Sheavy. Ma seule exigence dans ce groupe est qu’il soit pertinent, et si un jour ce n’est plus le cas, nous arrêterons. Tu vois, « Moons in Penumbra » était vraiment mon disque, à plusieurs titres : il est massif et cohérent, j’en ai écrit toutes les chansons… Mais le dernier album est vraiment le fruit d’un travail plus collectif. J’espère qu’ils sont fiers de ce disque. Pour ma part je sais que je ne pourrai jamais assez les remercier d’y avoir contribué.

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Quel est le groupe qui figure en photo sur la pochette ?

Et bien en fait… ce n’est pas du tout un groupe ! Il s’agit de trois frères et de leur pote. Je te raconte l’histoire : pendant des années, je rendais visite à un pote, et cette photo de famille était accrochée au mur dans le salon. J’étais à chaque fois émerveillé devant, car ça ressemblait à une photo de groupe, une photo très canadienne. Or ça n’en était pas une. Quand nous avons décidé de faire un faux « best of » et de trouver une photo pour la pochette, j’ai immédiatement su où aller la chercher. Et du coup, il y a quelque chose d’un peu sentimental dans ce choix. Deux des trois frères, ceux tout à gauche et tout à droite, sont morts depuis. La pochette me permet de me souvenir d’eux. J’ai juré que la photo resterait anonyme, mais je peux juste dire qu’ils étaient des mecs biens. Je pense qu’ils auraient apprécié qu’une de leurs photos de famille soit en couverture d’un album…

Vous avez composé et sorti un disque dans le cadre du « RPM Challenge », et « Moons in Penumbra » était supposé en faire partie aussi. Peux-tu nous en dire plus ?

Le RPM Challenge est une super manière de te motiver à écrire et enregistrer un disque. Le but est de te sortir les doigts du cul et de faire l’impossible, en gros [ndlr : plus sérieusement, le RPM Challenge incite chaque année les groupes candidats à composer et enregistrer un album de dix titres et 35 minutes sur le mois de février]. Je ne pense pas que l’enregistrement d’un album doive obligatoirement être un exercice long et fastidieux. « Moons… » s’est avéré être un album impossible à réaliser dans le cadre du RPM project. Evan par exemple n’apprécie pas de travailler sous pression. C’est un mec adorable, mais il ne voit pas l’intérêt de presser les choses. Je l’adore, je ne vois pas l’intérêt de lui générer la moindre pression stupide. Par ailleurs, ce mois de février en particulier, on a eu des tempêtes de neige à chaque fois que nous voulions jouer ensemble. Et puis deux potes qui bossaient avec nous avaient un planning très contraignant. Bref, ça n’a pas pu se faire sous ce format. Etant donné que tout était écrit, on a gardé ça dans un coin en attendant que le moment opportun arrive. Mais au final, je pense que le RPM est un super concept. C’est plus approprié pour des musiciens électro ou des chanteurs compositeurs solo, par exemple, certes, mais si jamais tu es épaulé de mecs motivés et dans le même état d’esprit que toi, tu peux tout à fait faire un album en un mois et t’éclater à le faire !

Quels sont les plans de Sheavy pour les prochains mois ?

Et bien ça ne devrait pas te surprendre, on va composer quelques titres cet hiver, commencer à jammer aux alentours de mai 2015, puis enregistrer un nouvel album vers la fin de l’été. En ce moment je me gèle les fesses dans le Minnesota, mais je pense qu’on peut y parvenir. Evan a déjà des tonnes de riffs en attente.

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Passons à la question la plus importante de cette interview : comment faut-il écrire le nom du groupe ? Sheavy, ou sHEAVY comme on peut le voir sur la pochette de « Synchronized » et divers supports ?

C’est Dan Moore qui a mis un petit « s » au début de sHEAVY, je n’ai aucune idée de ce qu’il avait à l’esprit à ce moment-là… Je suis persuadé qu’il trouvait ça marrant à l’époque, et on continue à me poser des questions sur le sujet en 2014 ! [rires] Bah, tu auras remarqué qu’on n’a jamais eu un logo similaire sur la durée. Et pourtant, on avait bien appliqué les règles cardinales de création d’un groupe :

  1. trouver un nom de groupe
  2. choisir une police de caractère – une cool si possible
  3. trouver une poignée de mecs avec qui tu tolères de jouer
  4. se faire connaître en se reposant sur la police de caractère retenue
  5. vendre des millions de disques et de tee-shirts et devenir une rock star (ils te reconnaîtront à travers ta police de caractère !)

Donc voilà, désormais tu vois, tout est clair : si on n’a jamais eu de succès, c’est parce qu’on n’a jamais su garder la même police de caractère !

Plus sérieusement, pour moi ça s’écrit Sheavy, tout simplement. Ou SHEAVY quand j’ai envie de le crier !

 

Plus d’infos (et notamment comment commander leurs dernières productions) : http://www.sheavy.com/

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