SPIRITUAL BEGGARS – septembre 2002


Passionnés par les seventies, Michael Amott et ses compères de Spiritual Beggars font revivre à chaque album l’esprit de Deep Purple, Led Zeppelin et Black Sabbath. « On Fire », leur cinquième opus ne fait pas exception à la règle. Plus qu’un hommage à ses aînés, cet album redéfinit complètement le style en proposant un étonnant mélange de puissance et de mélodie. Sonner moderne tout en ayant capturé l’esprit des seventies, voici le challenge que ces messieurs ont réussi à emporter haut la main. Notre ami Laurent Divergent s’est entretenu avec Michael lors de son passage à Paris en septembre dernier.

 

La grosse différence entre l’album précédent « Ad Astra » et le nouveau « On Fire », c’est le changement de chanteur. Peux-tu évoquer les circonstances du départ de Spice ?

A vrai dire, je ne sais pas vraiment pourquoi il est parti. Nous n’avons pas parlé ensemble de ce départ. Il a simplement contacté notre manager pour lui dire qu’il voulait quitter le groupe. J’ai essayé de le contacter mais en vain. Tu sais, je commence à être habitué car ce n’est pas la première fois qu’il nous fait le coup. Cela s’est produit au moins à quatre reprises. A chaque fois, nous lui demandions de revenir, mais la différence, c’est que cette fois nous l’avons laissé partir. Si quelqu’un ne se plaît pas dans le groupe, c’est son droit le plus strict. On ne peut l’en empêcher. On a vécu avec Spice de grands moments. Cela a été une surprise d’apprendre son départ. C’est ainsi…

Peux-tu présenter J.B. (également chanteur de Grand Magus) son remplaçant ?

C’est un chanteur fantastique. Je ne savais pas ce qu’il faisait avant mais quand j’ai entendu sa voix, j’ai tout de suite su que ce serait un bon chanteur pour nous. Il évolue un peu dans le même style que Spice mais en plus mélodique et il est tout aussi puissant. Il met beaucoup d’âme dans son chant. J.B. a été influencé par les plus grands comme David Coverdale et Ronnie James Dio. Il a un feeling assez blues, ce qui n’est pas inintéressant dans le cadre de Spiritual Beggars. Il nous a vraiment aidés à aller de l’avant, à nous renouveler.

Et qu’en est-il du nouveau bassiste Roger Nilson ?

Il vient du groupe The Quill. On le connaît bien car on le rencontrait souvent à nos shows. C’est un vrai fan de Spiritual Beggars, tout comme J.B. d’ailleurs. Quand on les a rencontrés, ils connaissaient tous les deux notre ancien répertoire, ce qui était appréciable.

N’avais-tu pas peur que le départ de Spice changerait un peu trop votre identité musicale ?

On n’avait pas le choix. Il ne nous a pas fallu cinq minutes pour nous décider à continuer sans Spice. Ludwig (batterie), Per (claviers) et moi-même adorons jouer ensemble. Pourquoi est-ce qu’on s’en priverait ? Il était certes délicat de trouver les bons remplaçants mais nous avons été chanceux sur ce coup-là !

 

Comment pourrais-tu nous présenter « On Fire » ?

Actuellement, je ne peux me montrer objectif car j’ai travaillé beaucoup trop dessus. J’en suis très heureux. Nous avons travaillé très dur pour essayer de proposer un album supérieur à « Ad Astra ». Notre but en faisant « On Fire » était de proposer une musique très heavy avec des rythmiques plombées, des vocaux rageurs, mais nous voulions en même temps un album dynamique et mélodique. J.B. est un chanteur polyvalent. Etant le compositeur des paroles et des parties vocales, cela a constitué un nouveau challenge pour m’adapter à son style et pour composer en fonction de ses possibilités. ‘On Fire’ a été à la fois excitant à réaliser et complètement éreintant. Ce disque est maintenant dans les mains des fans. C’est à eux de décider de la qualité de ce dernier.

Quel a été l’aspect le plus difficile à réaliser pour cet album ?

La structure de base des morceaux a été très facile à mettre en place. Elle résultait de jams, d’improvisations en répétitions. Ces premières idées viennent souvent un peu de nulle part, comme par magie. Tu n’as qu’à jouer et le reste suit. Mais après cela, c’était une autre paire de manches car il fallait s’occuper du chant, des paroles, des arrangements. C’est comme un énorme puzzle que tu assembles petit à petit. Il n’est pas rare de changer les choses jusqu’à la dernière minute, en studio, car on s’aperçoit qu’une idée ne fonctionne pas comme il se doit. Je suis assez pointilleux en ce qui concerne les arrangements. C’est cet aspect du travail qui me prend le plus de temps.

Est-ce qu’il y a une phase dans la composition que tu préfères faire tout seul ?

Oui l’écriture des paroles et des mélodies vocales. En fait, c’est surtout parce que personne d’autre dans le groupe ne voulait le faire (rires).

Comment expliques-tu l’amour que tu portes à la musique des années 70 ?

En fait, ce n’est pas la musique que j’écoutais lorsque j’étais gamin. J’ai grandi avec le punk, le hardcore, le thrash à la Slayer/Metallica, le death metal . Ce sont mes vraies racines. J’ai découvert cette musique bien plus tard, au début des années 90 avec d’obscurs combos des seventies. Ça se passe toujours de la même façon. Un ami te fait découvrir certains groupes, puis tu te rends dans un magasin de disques en découvrir d’autres, et ainsi de suite. Je trouvais que le mouvement heavy rock datant de cette époque était très excitant. Ces guitares distortionnées étaient révolutionnaires pour l’époque. J’ai alors voulu expérimenter moi-même ce type de musique, à ma façon. Cependant, je ne pense pas que Spiritual Beggars soit un groupe totalement rétro. Quelque part, rétro veut dire ennuyeux. Nous avons préféré nous imprégner de l’état d’esprit de cette musique plutôt que de la copier. Notre musique n’est pas nouvelle. De toute façon rien n’est nouveau dans le rock. Mais je pense qu’elle apporte de la fraîcheur au style.

 

Est-ce que pour toi Spiritual Beggars peut montrer à la nouvelle génération combien la musique des années septante était bonne ?

Oui, je le pense. Les plus jeunes fans qui sont totalement dans Korn ou Slipknot doivent penser qu’un groupe comme Deep Purple est beaucoup trop vieux ou trop ringard pour eux. J’espère que Spiritual Beggars leur prouvera le contraire.

Que pense ton jeune frère (second guitariste de Arch Enemy) de Spiritual Beggars ?

Il aime beaucoup. Nous avons à peu près les mêmes goûts. Il a d’ailleurs joué un peu de slide guitar dans « Ad Astra ». Il nous a également aidés en jouant de la basse avant que nous recrutions Roger.

A quoi ressemble un concert de Spiritual Beggars ?

Je ne pourrais te le dire exactement car nous n’avons pas encore joué avec le nouveau « line-up ». Mais ce que je peux te dire, c’est que ce sera du rock bien heavy et hautement énergique. Notre public a toujours été très diversifié. Tu as devant la scène des vrais headbangers qui s’éclatent comme des malades, au milieu des gars d’une quarantaine d’années, des jeunes de quinze ans avec des T-shirts de Korn, des hippies, des fans de Arch Enemy et au fond de la salle des filles qui dansent. J’aime cette mixité.

Peux-tu me dire à présent quelle est ton opinion sur les formations ‘seventies’ suivantes :

Iron Butterfly : Je ne connais pas très bien. Je ne connais en fait que leur titre phare « In A Gadda Da Vida » que je trouve intéressant. Par contre, j’ai plus suivi la carrière de leur guitariste Rhino qui a formé le groupe Captain Beyond.

Jimi Hendrix : Je n’aime pas trop sa période psychédélique dans les années soixante. Je préfère sa période avec The Band Of Gypsy’s (en 1969/1970). Je peux te citer les titres « Easy Rider », « Freedom ». C’est la période où il faisait des vrais riffs. Les concerts de cette époque étaient terribles.

Rainbow : Fantastique, surtout la période avec Ronnie James Dio. C’était également un groupe à apprécier sur scène.

Status Quo : Je pense qu’actuellement ce qu’ils font est horrible. Je peux en témoigner, je les ai vus il y a quelques mois. Je pense que leur période heavy/boogie à la « Pile Driver » ou « Quo » est leur meilleure période. A écouter de toute urgence.

 

Quels sont tes projets immédiats pour Spiritual Beggars ?

Nous allons simplement nous réunir pour répéter et vous concocter un show digne de ce nom. J’attends cette tournée avec impatience. Je peux déjà annoncer que nous jouerons de très vieux morceaux que nous n’avons jamais interprétés en live. Nous avons un nouveau line-up, d’excellents musiciens motivés. Tout cela est très excitant. Je ne veux pas voir trop loin dans l’avenir. J’attends de voir la réaction des gens face à « On Fire ». S’ils aiment, ce sera cool car nous avons donné tout ce que nous avions. Cet album est un peu comme notre bébé. S’ils ne l’aiment pas, cela nous fera de la peine mais c’est leur droit. Quand un album sort, c’est comme un « teenager » qui s’en va de la maison, tu n’as plus de contrôle sur lui, c’est aux fans de décider.

Et que penses-tu du pouvoir de certains journalistes qui peuvent décider ou non si un album est bon ?

En fait, je ne réagis ni aux bonnes, ni aux mauvaises critiques. Tous les jours, je reçois vingt mails qui me disent combien je suis un grand guitariste. Personnellement, je ne peux me considérer comme un dieu de la guitare. Parfois, on me dit que ce que je fais est minable. Je m’en fous complètement. Je suis quelqu’un de pragmatique, de stable. Je garde la tête sur les épaules, et je fais ma musique. C’est le seul moyen de continuer à faire ce que je fais. Bien sûr, des bonnes chroniques aideront à rassurer la maison de disques qui pourra supporter le disque un peu plus longtemps. Mais je crois surtout en mon noyau dur de fans, pas à la parole des journalistes. Lorsque je joue sur scène, c’est la réaction du public et l’échange que j’ai avec mes fans qui restent importants. C’est ce « feedback » auquel on doit prêter de l’attention, pas celui des journalistes. Ces derniers reçoivent dix CDs par jour. Ils sont souvent blasés, cyniques. Pour moi la musique n’est pas du cynisme, c’est une vraie passion.

septembre 2002 par Laurent Divergent.

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