Un nouvel album, Life Metal, puissant et redoutable, une tournée venue de nulle part (8 dates en France !)… Côté actu, c’est du costaud. On ne pouvait pas rater l’occasion d’aller discuter avec l’un des leaders de l’hydre à deux-têtes du drone, Sunn O))), Greg Anderson, par ailleurs co-dirigeant du label Southern Lord et guitariste d’une multitude d’autres groupes (parmi lesquels Goatsnake, Thorr’s Hammer, Teeth of Lions Rule the Divine, etc…). Le musicien se révèle un interlocuteur affable et passionné, ce qui nous permet de lever le voile sur ce groupe réputé secret, voire mystique…
Bonjour Greg, pour commencer, peux-tu nous dire comment se passe cette tournée ?
La tournée a été super jusqu’ici [ndlr : interview réalisée juste avant leur dernier concert de la tournée], le line up est cool, tout va bien. On est en train de se dire après cette série de concerts que ça commence à sonner super… sauf que la tournée s’arrête ce soir ! Hahaha !
Comment en êtes-vous arrivés à effectuer huit concerts en France ?!
Stephen O-Malley [ndlr : son partenaire au sein du groupe] vit à Paris comme tu le sais, et depuis quelques années il s’est construit un petit réseau de contacts dans le pays. En parallèle des villes “logiques”, il y avait un réel intérêt de la part de quelques villes plus petites, hors des circuits de tournées traditionnels, où peu de concerts rock sont organisés. En tous les cas, des villes où nous n’avons jamais joué, donc c’est une super opportunité.
Vos concerts relèvent autant de l’expérience sonique et physique que du rituel parfois. A ce titre ils mobilisent non seulement un dispositif sonore surdimensionné et un cérémonial spécifique, autant d’éléments qu’il est impossible de reproduire par tout un chacun chez soi. Comment appréhendez-vous ces deux facettes du groupe ?
En fait je pense que si l’on remonte loin dans l’histoire de la musique, les groupes avaient vraiment deux “facettes” : une pour les enregistrements et l’autre pour le live. Ces deux aspects sont très différents, car comme tu l’as dit, on ne peut pas répliquer l’expérience live sur une chaîne Hi-Fi à la maison. Très tôt, on a vu ça comme une opportunité intéressante d’explorer des choses différentes, avec une approche différente. Comme tu l’imagines, pour nos enregistrements nous avons un dispositif différent, et globalement une autre façon d’appréhender la musique du live. Je pense que la plupart de nos albums contiennent des séquences musicales, des thèmes, des idées que nous avons souvent déjà jouées live – et vice versa, nous tentons de jouer live des plans que nous avons posé sur disques.
Vous organisez à Paris et Londres des séances d’écoute en avant-première de l’album dans des conditions particulières… Est-ce que vous cherchez à tendre vers une sorte de vision hybride qui rassemble ces deux facettes ?
Ces sessions seront spéciales, et un peu différentes l’une de l’autre, je ne me souviens plus précisément des specs précises de chaque. Évidemment l’idée est de jouer l’album avec un dispositif sonore similaire à celui d’un concert, mais surtout dans une salle qui tente d’isoler de toute distraction. On a déjà eu des initiatives dans ce sens il y a quelques années, par exemple pour Monoliths & Dimensions, où nous avions invité des journalistes à écouter l’album dans un véritable studio d’enregistrement, à New York et aussi en Europe. C’est un bon moyen de digérer l’album, sans sollicitation externe. L’une de ces sessions, je crois que c’est à Londres, proposera un dispositif appelé “pitch black session” et les gens devront porter des masques opaques sur les yeux si j’ai bien compris ! Et on leur mettra à disposition des fauteuils confortables, pour se relaxer, tu vois le genre! Hahaha ! Je trouve ça cool de faire ça !
Toi-même, comment recommanderais-tu aux gens, chez eux, d’écouter votre musique ?
Oh tu sais, moi j’écoute beaucoup avec mes petits écouteurs intra-auriculaires ou un casque normal, quand je veux vraiment écouter attentivement. Mais globalement, la meilleure méthode pour moi dépend de ce qui est le plus pratique, tout simplement. J’habite à Los Angeles, donc évidemment j’écoute beaucoup de musique dans ma voiture. Et à la maison j’ai mes enfants, donc écouter ma musique à plein volume n’est pas vraiment recommandé ! Hahaha ! Sans parler des distractions… J’en écoute aussi pas mal au bureau bien sûr, mais pas toujours attentivement car je bosse en même temps. En tous les cas, on ne veut pas être trop dogmatiques et “imposer” aux gens une seule bonne manière d’écouter nos disques. J’ai un peu évolué sur ce sujet [sourire]… J’espère juste que les gens auront l’opportunité de l’écouter chez eux, sans distraction – ce qui pour certains d’entre nous est de plus en plus difficile, il y a tant de sollicitations…
Est-ce que vous avez néanmoins essayé de vous rapprocher de votre démarche live sur ce disque ?
Pour tout te dire, pour la première fois de toute notre carrière, j’ai le sentiment que le nouvel album, Life Metal, est une meilleure représentation du son du groupe tel qu’il est en live. Il sonne plus vivant, ce qui est peut-être lié au fait que nous l’avons enregistré en configuration live : nous avions installé tous nos amplis, nous étions placés comme nous les sommes sur scène… Nous voulions vraiment capturer cette atmosphère et cette alchimie que l’on peut ressentir entre les musiciens lorsque nous sommes sur scène. Steve Albini [ndlr : chez qui le groupe a enregistré l’album] était un choix parfait pour cela, il maîtrise parfaitement l’enregistrement des groupes et sait retranscrire la façon dont ils sonnent en live. Tous les groupes qu’il a enregistrés sonnent comme si l’on se trouve dans la même salle qu’eux au moment où ils jouent…
J’imagine que c’est la raison pour laquelle vous l’avez choisi…
Ouais. On a beaucoup de respect pour lui, pour son travail derrière la console bien sûr, mais aussi pour ses propres groupes, dans lesquels il joue : Big Black, Rapeman, Shellac… Ils font partie de nos groupes préférés. On a été attirés par son approche et pas seulement par sa technique. La plupart de nos derniers albums ont été enregistrés avec les mêmes personnes, ingénieurs du son ou producteurs, en particulier Randall Dunn qui est génial. Mais on voulait changer les choses, explorer… C’est la première fois que l’on travaillait avec lui dans ce contexte. Stephen et moi avons déjà été dans d’autres groupes qui ont enregistré avec lui dans le passé dans les années 90, comme Engine Kid, par exemple : dans les années 90, on avait enregistré chez lui, dans son propre sous-sol, avant qu’il n’installe un vrai studio… Burning Witch, avec Stephen, a aussi enregistré avec Steve Albini, mais je ne faisais pas partie du groupe à ce moment-là. Mais en ce qui concerne Sunn O))), c’est bien la première fois.
Peux-tu nous expliquer le titre de cet album ? On pourrait le croire issu de la discographie de groupes comme Manowar…
Hahaha, excellent ! En réalité, l’origine du terme “Life Metal” pour nous est à rattachée aux origines du Black Metal, c’est un terme employé pour qualifier tout ce qui ne mériterait pas d’être catégorisé comme “black metal”. La première fois que j’en ai entendu parler était plus cocasse : on était à une fête, et Nicke Andersson, qui a joué au sein de Entombed ou Nihilist, me racontait que dans les années 90, alors qu’Entombed venait de signer avec la major Columbia, ils recevaient des menaces de mort ou des appels téléphoniques anonymes de la part d’anciennes connaissances de la scène black metal, qui lui disaient qu’il ne pouvait plus se réclamer du black metal désormais, et qu’il était devenu du “life metal” ! Hahaha ! On trouvait que c’était le truc le plus ridicule et en même temps le plus drôle du monde… Au sein de Sunn O))) c’est donc devenu avec les années une sorte de private joke : dès lors que quelque chose de positif arrivait à l’un d’entre nous, ça devenait du “Life Metal”, pour tout et n’importe quoi, genre : “félicitations”, “bravo pour ton régime”, “tu t’es bien remis de ta maladie”, ou “super ta nouvelle guitare” ! Hahaha ! Donc c’est devenu synonyme pour nous de quelque chose de positif dans la vie de quelqu’un. Quant au fait d’utiliser ce terme pour l’album, quand Stephen et moi nous sommes retrouvés pour écrire ce disque, au début de 2018, il est arrivé de Paris et on a joué pour voir un petit peu les idées qui pouvaient en sortir, vers quel type de musique l’album tendrait… Et très vite j’ai trouvé que la musique qui en sortait relevait d’un ton différent, quelque chose de plus “joyeux” qu’à l’habitude. Les aspects les plus sombres semblaient moins présents, j’avais au contraire un ressenti de quelque chose de très lumineux, presque aveuglant. On a aussi fait des choix différents en termes de tonalité, on a essayé des amplis différents ici ou là, on tentait des sons moins lourds…
Vous le sentiez dès les premières étapes de la pré-production ?
Absolument, pendant la préparation. De même on a essayé pas mal de pédales d’effets… On est devenus quasiment obsédés par la tonalité qu’on cherchait. Et on a amené un peu de cette approche dans le cadre de l’enregistrement. Bien évidemment on est arrivés avec nos démos et ce qu’on avait déjà écrit sous le bras, mais en plus on a amené quelques pédales d’effets, quelques vieux amplis Fender… On voulait vraiment apporter une texture ou une couleur différente au son de cet album. Et donc, pour revenir à ta question, on a commencé l’enregistrement sans avoir vraiment de titre en tête pour l’album, et ce n’est qu’à peu près au milieu de l’enregistrement, tandis que l’ambiance et tout ce qui se dégageait de l’album apparaissait déjà comme bien différent de ce que nous avions connu, Stephen a émis l’idée de l’appeler “Life Metal”. J’ai trouvé l’idée super car je pense que si l’album a pris cette tournure c’est aussi parce que pas mal de choses très positives nous sont arrivées à Stephen et moi-même. Si tu compares par rapport à ce qui émanait de “Black One” par exemple, ou une bonne part de “Monoliths & Dimensions”, nos vies ont changé depuis. J’ai eu des enfants, ça m’a apporté un point de vue différent sur les choses, et Stephen aussi est heureux, sa vie à Paris le comble, tout comme sa foisonnante carrière solo, sa vie privée… On voulait donc un titre qui retranscrivait au mieux cette tendance – et ce fut donc logiquement “Life Metal”.
L’artwork que vous avez choisi retranscrit aussi cette tendance plus “positive”… C’est pour cette raison que vous l’avez choisi ?
Oui, la peinture aussi ! Si tu y réfléchis, Sunn O))) n’a jamais eu recours à beaucoup de couleurs pour ses pochettes d’album ! Haha. Beaucoup de noir, de gris, de blanc… Un jour Stephen m’a montré quelques peintures par cette peintre [ndlr : Samantha Keely Smith] et j’ai été immédiatement épaté, j’ai trouvé son travail incroyable. Et comme tu le dis, je trouve que ça complète parfaitement la musique, c’est très coloré, et surtout très puissant.
Cette orientation vers une musique moins “obscure” n’est pas forcément ce que l’on imaginait de prime abord de la part de Sunn O)))… Votre approche a-t-elle évolué avec les années ?
Pas fondamentalement, non. Tu sais, en y réfléchissant, notre objectif peut se résumer à explorer toutes les voies menant à une musique lourde et puissante. Et la manière la plus habituelle, la manière que nous avons apprise et avec laquelle nous avons commencé, mais aussi celle qui est pratiquée par la plupart des groupes, est cette approche qui vise à matraquer un son le plus lourd et sombre possible. Ne te méprends pas, j’adore cette sorte de musique, mais je trouve aussi qu’en tant que musicien c’est intéressant d’essayer de trouver d’autres moyens d’être puissant et lourd. Je pense que c’est toujours un peu ce que je cherche à faire dans ma carrière, et ce disque en est encore une illustration plus poussée. Je pense qu’avec Sunn O))), nous avons toujours eu pour objectif que chaque album soit différent de ce que nous avions déjà fait auparavant. Parfois les différences sont très subtiles et les gens ne les distinguent presque pas, ils nous disent “j’ai l’impression que ça sonne toujours pareil” ! Hahaha ! Mais pour nous, qui en sommes à l’origine, ça rend les choses particulièrement intéressantes, et ça nous motive et nous inspire pour continuer à composer et enregistrer. A mon avis, Sunn O))) ne pourrait pas fonctionner si nous faisions toujours le même album et que nous travaillions avec toujours les mêmes personnes. Il y a des groupes, dont certains que j’adore d’ailleurs, qui fonctionnent comme cela, mais Sunn O))) n’est pas câblé comme ça, clairement…
Cette fois encore vous avez accueilli sur ce disque une poignée de musiciens différents, qui ont apporté leur contribution au disque. Dans quelle mesure ces invités peuvent-ils influer sur l’album ? Est-ce que la plupart du disque est déjà écrite lorsqu’ils interviennent ?
Nous laissons tout assez ouvert, en fait. Nous pensons que c’est plus intéressant et plus… “accueillant” pour les musiciens que nous invitons. Je te racontais tout à l’heure comment nous avions travaillé avec Stephen à la pré-production de l’album. Nous avions juste quelques idées, quelques riffs, parfois même uniquement des concepts, en tout cas guère plus qu’une sorte de squelette. Et bien tout ça est volontaire, car au moment d’entrer en studio, nous voulons laisser le plus de place libre à l’interprétation et à la construction. Par ailleurs je pense que ça enlève toute pression que l’on pourrait avoir, ça participe à créer une atmosphère confortable et relaxante, propice à la créativité. On ne dit jamais “ça doit être comme ça, il faut le faire comme-ci, et le résultat final sonnera comme cela”. On arrive donc uniquement avec en quelque sorte une vision “incomplète” de la musique, jusque quelques idées. Cela donne aux musiciens et aux différents contributeurs une grande liberté. Je pense que ça les rend confortables. Tu sais, nous les invitons, ils sont dans la même salle que nous, nous les respectons et nous adorons leur musique, donc forcément nous essayons de les encourager à faire leur “truc” à eux, apporter leur touche… Et c’est d’ailleurs assez intéressant de voir ce qui peut se passer à ces occasions : il y a ceux qui repoussent les limites, ceux qui contournent, ceux qui sont décalés… et dans tous les cas ça aboutit forcément à quelque chose de différent de ce à quoi nous aurions pu penser, ce qui rend les choses plus intéressantes. L’élément de surprise est un peu ce que nous cherchons. Je pense que c’est ce qui rend notre son si spécial et différent. Nous avons tous été dans des groupes qui sont plus structurés, qui laissent peu de place à l’interprétation ou à la prise d’initiative. La plupart du temps c’est très bien ainsi, et crois-moi, je compte bien continuer à jouer aussi dans des groupes comme ça ! Mais Sunn O))) ne fonctionne pas ainsi. Il faut que l’on mette de côté toutes les règles un peu trop rigides pour permettre à quelque chose de différent de se produire, quelque chose de beau et merveilleux souvent.
Pour autant la musique de Sunn O))) n’est pas vraiment “passe-partout” ; avez-vous parfois tenté des collaborations qui n’ont aps fonctionné, ou essuyé des refus de musiciens ?
Mmmh, bonne question… [il réfléchit] Je crois me souvenir que l’on a déjà proposé à des musiciens de contribuer à nos disques, ou alors juste fait part d’un certain intérêt, mais sans que ça ne se concrétise vraiment, pour des raisons différentes ; généralement la personne n’est juste pas intéressée ou n’a pas de temps à y consacrer… mais ce dont je suis sûr c’est qu’on n’a jamais été jusqu’à enregistrer en studio avec quelqu’un jusqu’à aboutir à un constat d’échec. Dans la plupart des cas, les musiciens que nous contactons nous comprennent, ils connaissent le groupe, notre approche et savent ce que nous essayons de proposer. Ils n’y sont jamais complètement étrangers. Ce n’est pas comme si nous étions susceptibles de le proposer à des musiciens comme Slash, ou Steve Vai, ou… Je respecte complètement ces artistes, mais ça ne fonctionnerait jamais ! Nous privilégions des musiciens autour desquels nous gravitons, ou qui gravitent autour de nous, il y a ce respect mutuel qui fait que les choses sont a priori plus susceptibles de fonctionner…
Peux-tu en particulier présenter à nos lecteurs l’une des invitées prépondérantes sur ce disque, Hildur Guðnadóttir ?
Et bien, nous la connaissions un peu : nous avions déjà joué avec elle sur scène, et Stephen a déjà enregistré avec elle dans le cadre de différents projets. Elle avait aussi assuré la première partie de certains de nos concerts dans le cadre de son travail en solo. Je trouve qu’en tant que musicien – et en tant que personne aussi – elle est extraordinaire. Du coup quand Stephen a suggéré son nom pour participer à l’album, j’ai trouvé l’idée excellente. Et je vais être franc : c’est un sujet que nous abordons peu, mais je trouve ça particulièrement intéressant de travailler avec une femme ! Cette scène musicale est quand même largement dominée par les hommes, et ça aboutit fatalement à un son très… “masculin” ! Hahaha. Or si l’on se penche sur son travail solo, ça apparaît plus léger et subtil que ce que l’on est habitués à entendre, et pourtant je trouve ça très puissant à sa manière. Mais tu sais, son propre public est lui aussi très masculin… Je trouve ça d’autant plus intéressant. On a déjà travaillé avec d’autres musiciennes auparavant, je pense notamment à Jesse Sykes, Wata de Boris, ou encore Jessica Kenney sur Monoliths & Dimensions… Mais on a tous les deux pensé que ça serait intéressant de l’inviter – pour sa musique et aussi sa voix, puisqu’elle chante aussi sur le disque. Il faut dire que nos derniers albums proposaient quelque chose de différent en terme de vocaux, avec notamment Attila, qui est un incroyable chanteur. Mais étant donné que nous souhaitions changer beaucoup de choses avec ce disque, il nous semblait aussi important de changer la façon d’aborder le chant. Et pour toutes ces raisons, travailler avec elle était super.
Vous avez enregistré un second album durant les séances de Life Metal, que vous avez déjà appelé Pyroclasts, et qui sortira plus tard cette année. Est-ce qu’il s’agit de chutes studio ?
Et bien c’est quelque chose d’assez intéressant : comme je te disais, quand on est rentrés en studio, on avait une bonne vision de ce que serait Life Metal, à savoir quatre sections musicales bien définies. Durant l’enregistrement, on logeait dans des appartements dans le même bâtiment que le studio, et après un café on allait travailler au studio. On a décidé de mettre en place une sorte d’exercice matinal tous les jours, durant lequel tous les musiciens présents jouaient librement, en choisissant à peu près la même tonalité / la même gamme. Par exemple on démarrait en Ré, et on faisait une séance “on joue tout en Ré aujourd’hui”. Et on s’était fixé comme cadre de faire du drone en Ré pendant une durée très précise – je crois que c’était 12 minutes ou quelque chose comme ça – et Steve Albini enregistrait ça, tout comme le reste de nos séances. On a trouvé que c’était une super manière de commencer la journée, pour nous dépoussiérer un peu de ce qu’on avait fait la veille, se réveiller progressivement et se mettre en condition d’enregistrer et travailler chaque jour. On a essayé de faire ça quasiment tous les matins, et parfois on le faisait aussi le soir, dans l’ambiance de la nuit. Sans aucune pression, c’était un sentiment très agréable que de jouer librement comme ça. De très belles choses ont été produites à cette occasion, de la part de plusieurs musiciens, ensemble ou séparément. On a enregistré 11 séquences je crois, et au moment où l’enregistrement de l’album a été terminé et qu’il a été prêt à être mixé, autant on était très satisfaits de ces quatre morceaux et prêts à passer à la suite pour finaliser l’album, autant on aimait aussi beaucoup ces séquences de drone un peu atypiques qu’on avait enregistrées en parallèle. On a donc décidé de sélectionner une partie de ces sessions pour créer l’équivalent d’un LP de musique, dans l’objectif de le sortir séparément, comme une sorte de compagnon à l’album. En revanche, on a vite abandonné l’idée de tout sortir en même temps, ça aurait fait une sorte de triple LP : je pense qu’on ne peut décemment pas demander à quiconque d’écouter un tel ensemble en une seule fois, Hahaha ! Je sais que nos fans die-hards vont adorer ça, enfin je le pense, ça nous semblait être une sortie cool en tant que telle, séparée de Life Metal ; l’enregistrement a sa propre identité, son ambiance bien particulière, donc il valait mieux les distinguer. Ca sortira avant la fin de l’année, et tu verras, je trouve ça très beau, c’est hypnotique et très relaxant. Quand je veux une musique relaxante, je prends un disque de Miles Davis, comme In a Silent Way, ou quelque chose dans le genre, et je pense que ça se rapproche de cette ambiance. Je pense que les gens vont aimer – je l’espère !
Pour finir, peux-tu nous dire quels sont les projets de Sunn O))) pour les mois à venir ?
Et bien on a un planning assez rempli cette année en fait ! Autant l’an dernier on a joué à peine deux concerts, seulement aux U.S.A. (et encore c’était uniquement Stephen et moi-même), ce qui était volontaire car nous voulions vraiment nous concentrer sur le nouvel album. Du coup on compte bien jouer live beaucoup plus cette année. On a évidemment commencé par cette petite tournée européenne, et on continue d’ici un mois par une paire de semaines aux USA. Ensuite on reviendra en Europe cet été pour deux concerts à Berlin et un à Amsterdam, des festivals, puis plus tard encore en octobre. Et puis il y aura quelques dates aux USA dans l’intervalle. On va essayer de se dédier un maximum de temps pour jouer sur scène, même si on a tous des agendas compliqués, mais en tout cas on est motivés !
Laisser un commentaire