Cela faisait un bout de temps que Relapse ne nous avait pas proposé une vraie sortie psychédélique, un album de transe un peu dégueu et cyclique. La chose est réparée en cette année 2015 avec la venue au monde du premier album d’Ecstatic Vision, trio from Philadelphie, égaré de la scène hardcore et souhaitant composer une musique qu’il pourrait écouter. Ok. Mais d’où vient que ce « Sonic Praise » pourrait se démarquer de ce que Hawkind ou Amon Düül ont déjà proposé ?
Les cinq titres, en effet, courent le long d’une route heavy et psychée maintes fois empruntée par ses prédécesseurs et, disons-le tout de go, avec qualité et aisance. L’effet marquant de la galette vient de son aspect terreux. On cherche, d’habitude dans le style, par une flopée d’effets spatiaux, à élever ses riffs et ses mantras pour accéder à une illumination sonore. La chose est bien sûr présente et de « Journey » à « Cross the Divide » les réverb, flanger et autres delay sont bien utilisés. Mais le chant et la plus-que-patine heavy confèrent un étrange sentiment. Voyez Motorhead vrombir et vomir sur les instrumentaux d’Acid Mothers Temple, ou bien, imaginez-vous dans un trip sous LSD mais accoudé au comptoir d’un bar PMU à 8h du mat’, à boire un ballon de blanc avec les piliers rougeots de l’estaminet. Voilà, vous y êtes. C’est l’effet que procure cet album.
La qualité, les influences et les envies du groupe sont toutes résumées dans le titre phare de l’album, « Astral Plane ». Un quasi 13 minutes où la transe primaire et le rock binaire côtoient sans dépareiller des influences afrobeat certaines, où la basse se fait aussi câline qu’impitoyable, où la voix vous rappelle que l’alcool se consomme avec modération, où le corps s’enracine autant qu’il s’envole. Une réussite et l’un des meilleurs titres de cette année.
Le groupe propose un voyage non pas convenu, mais balisé de marqueurs nécessaires et inhérents au genre. Il réussit à intégrer de petites touches personnelles qui le démarquent déjà de certaines autres productions. « Sonic Praise » ne deviendra pas non plus une référence en la matière mais on passe un vrai bon moment en sa compagnie et la prochaine fois que vous vous retrouverez accoudé à un bar, n’oubliez pas que l’esprit peut s’élever entre piquette et Rapido.
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