Reece, Chris, James et Sammy nous rappellent à leur bon souvenir quelques jours à peine après la sortie du split partagé avec Greenleaf sur lequel chacune des deux formations proposait un titre unique (et pas franchement neuf pour ce qui est des Scandinaves). Cette sortie mise à part, les Londoniens n’avaient pas proposé de nouveau son depuis « Slab City » que Napalm avait propagé.
Les Anglais ont changé de crèmerie, ont opté pour un autre illustrateur toujours dans le registre du comics, mais ont-ils comblé le manque de personnalité que mon collègue – et ami – leur reprochait lors de la sortie de leur précédente prod ? Alors allons-y franchement comme un Normand : ça se discute comme disait feu Jean-Luc. C’est ni oui ni non, ni noir ni blanc, ni poire ni fromage, ni Marine ni Emmanuel (oups je m’égare).
D’un côté, une partie de l’opus nouveau se déploie dans un registre heavy rock assez commun et les quatre garçons n’ont pas inventé la poudre (de Perlimpinpin). On se rapproche clairement du meilleur de la glorieuse scène scandinave d’il y a une quinzaine d’années ; une scène qui nous avait fait sévèrement hocher du chef et taper du pied. « Living Like A Rat » en est l’illustration parfaite avec son gros son hardrockisant ainsi que son tempo trépidant. En rien monotone, cette production va s’égarer dans des registres peu empruntés par le groupe précédemment : le trip instrumental et acoustique avec « The Ebb » qui la clôture (la tournée avec Garcia a visiblement laissé des traces) et surtout « Rough House » qui renoue avec une certaine tradition du titre épique de leurs ancêtres de la nwobhm. Ce dernier morceau est, au demeurant, une réussite du style et je défie quiconque parmi l’assistance de lourdauds que vous êtes de demeurer de marbre durant ces 5 minutes de branlée aux tempi aussi retenus que puissants.
D’un autre côté, Steak fait du Steak et envoie du steak en se faisant plaisir (et en nous en donnant pas mal aussi par la même occasion). Ils ont certes élargi leur terrain de jeu de naguère, mais ont aussi gagné une énorme paire de couilles qui leur permet de nous asséner d’énormes baffes en travers de la gueule. Cette maturité se traduisant par une certaine audace qui les fait clairement sortir de leur zone de confort – sur « Wickerman » par exemple – et surtout par une puissance dans l’exécution qui saura scotcher les amateurs. « King Lizard » pourrait illustrer à lui tout seul la personnalité sonore du quatuor : une basse hyper présente, des riffs tonitruants qui prennent l’ascendant sur une exécution vocale pourtant irréprochable et surtout cette faculté à déployer des riffs entêtants ; c’est carré et ça tourne ! Certainement un des meilleurs extraits de cette rondelle, ce morceau est clairement une réussite tant au niveau écriture qu’au niveau interprétation.
Sacrément en confiance en ce qui concerne leurs capacités à conquérir de nouveaux auditeurs ou pour ce qui est de maintenir captifs ses fans, Steak a carrément opté pour la difficulté en ouvrant ce disque avec une pépite de presque 7 minutes intitulée « Overthrow » (le titre qui figure sur le split dont je vous parlais un peu plus haut pour ceux qui n’avaient pas zappé). Le pari est clairement gagné en ce qui me concerne. Les Britanniques se sont affranchis de leurs inhibitions et s’affranchissent peu à peu des lieux communs qui auraient pu hanter leurs précédents opus en réduisant leur présence sur « No God To Save » et en s’affirmant comme des créateurs car nous savions tous déjà qu’ils étaient des interprètes talentueux.
Point vinyle :
le steak nouveau se déguste, dans sa déclinaison vinylique estampillée gatefold, en édition limitée splatter (y en a pu !) ainsi qu’en version standard noire serrée et sans sucre.
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