Après le fameux The Sun sorti en 2014, le trio Ukrainien est revenu fin janvier avec le très attendu The Sea. Soit presque quatre ans depuis le précédent opus, les mecs de Lviv nous emportent à nouveau dans leur univers stoner psyché aux accents post-métal et shoegazing.
Ici la chaleur du soleil se substitue à la pesanteur de l’océan. The Sea se révèle plus mélancolique, plus coulant, avec des titres comme « Vero » ou « religion of Man » s’étirant parfois sur douze minutes. On y retrouve cette douceur apaisante apportée par des phrasés de guitare tous plus mélodiques les uns que les autres, mais aussi par les lignes flottantes d’Artur et par la rythmique hypnotique de Lezyk. Des séquences souvent balayées par une vague de lourds riffs musclés et d’un chant inaccessible, avant de finalement retomber. Lentement.
Les morceaux s’enchaînent si bien que même après une dizaine d’écoutes on peine encore à les différencier. Ils se complètent, se mêlent comme les courants d’une mer tantôt agitée tantôt somnolente, mais toujours en mouvement. « Hydrophobia » en atteste parfaitement ; une composition tout en échos et effets sonores qui inspire une navigation en eaux troubles. Puis la lumière du soleil finit par percer les abysses et la musique explose, littéralement. Même la rythmique binaire se mue en ternaire à l’occasion d’un pont final venant bousculer toute cette harmonie. La voix de Mez nous arrache alors à notre confort, nous projette dans un tourbillon de notes avant que toute la pression de l’océan nous accable de nouveau.
L’album s’achève sur « Crows », un titre qui aurait aisément pu se passer de chant tant l’immersion instrumentale est réussie. À l’image du reste de l’album, il s’agit d’un contenu introspectif à souhait dont les composantes expérimentales paraissent mieux maîtrisées, peut-être plus assumées que dans le précédent album. On y retrouve moins d’influences, moins de tentatives, pour investir d’autant mieux ce psyché si savoureux.
Un album de la maturité donc pour Somali Yacht Club qui saura, espérons-le, exalter les scènes européennes cette année. À voir ce que nos amis ukrainiens nous réservent pour la suite. Un The Earth aux influences tribales pour achever la trinité naturelle ? Ou bien un The Sex animal pour compléter celle de Gainsbourg ?
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