Monkey 3 – Sphere


Les primates helvètes et ma pomme c’est une romance à l’eau de flamand rose qui dure depuis une flopée d’années en ce qui me concerne. En plus d’être composé d’individus fort sympathiques et chaleureux, qui se trouvent être des compatriotes de ma petite personne (personne n’est parfait), des bêtes de scène et des musiciens formidables, les tribulations du quatuor dans la galaxie stoner ont débuté quasi-simultanément avec le lancement de ce site à une époque où le stoner et ses multiples dérives se propageaient sous le manteau dans des réseaux plutôt underground ; forcément ça tisse des liens… C’est assez gratifiant de se poser un moment pour considérer l’évolution populaire du genre qui nous tient à cœur et c’est carrément toujours aussi excitant de se poser un moment pour se plonger dans une nouvelle production du quatuor de Lausanne.

Comme c’est le cas à chaque nouvelle livraison de ces maîtres de l’instrumental psychédélique, une certaine appréhension a précédé les instants précédant l’envoi du flux de décibels pour rassasier mes oreilles (j’étais tout fébrile) ; est-ce que ces garçons allaient me décevoir en commettant la galette trop avant-gardiste ? Ou alors allaient-ils me plonger dans un voyage galactique au sein de leur univers musical si envoûtant qui allie parfaitement les volets psychédéliques des nappes synthétiques ainsi que de la guitare et les précises rythmiques métronomiques ?

Après avoir lancé la lecture (numérique et il me tarde me lancer dans sa version analogique – voir le point vinyle plus bas), je retrouve les saveurs qui constituent ce que j’affectionne tant dans ce groupe. Je suis rassuré (ils ne nous ont pas trahis) et peux dérouler les six nouvelles compositions en toute décontraction en m’immergeant dans ce Sphere dont l’artwork est sublime (je note au passage que ça promet une kyrielle de chouettes déclinaisons pour le merch). Les yeux grands fermés, mon âme arpente cet album de bout en bout et je me retrouve, comme à l’accoutumée avec Monkey 3, captif de ces sorciers du rock. Je me repasse les titres, j’approfondis le déchiffrage des nouveaux titres et, dans une démarche plutôt introspective, exempte des stimuli du quotidien, je suis transporté par cette nouvelle réussite à mettre au crédit de pionniers de ce style.

Éloigné de son prédécesseur, Astra Symmetry, et de ses orientations orientales, le millésime 2019 se rapproche plus de Beyond The Black Sky voire de leur premier effort éponyme. Il est à la fois compact, intense et minéral. Question formes circulaires, le prolongement du jazzy « Circles » sur The 5th Sun n’est pas au sommaire de cette sortie plutôt froide et métallique à l’image de « Spirals » – le premier titre – qui renoue avec les compos alambiquées et inspirantes de Pink Floyd. Cette mise en bouche débutant sur des nappes synthétiques fait preuve à son apogée d’une redoutable puissance.

Burné, ce nouveau chapitre ? Clairement oui, mais pas bourrin ! Telle la sélection de compositions figurant sur Live At Freak Valley, la présente moisson se distingue par une interprétation pugnace de compos psychédéliques même si l’âme du Flamand Rose plane toujours autant (l’intro d’« Axis » est un joli clin d’œil). « Mass » illustre particulièrement la volonté d’envoyer du lourd avec sa rythmique quasi-martiale qui ne passe au second plan que lorsque les soli à la guitare déferlent, histoire d’en foutre plein la gueule à l’auditeur. Ce titre de six minutes devrait séduire quelques metalheads vu ses inspirations vintages qui leur rappellera une certaine déclinaison du hard rock d’autrefois (l’âge d’or des guitar heroes).

Dans un style concis, nous avons le simple et efficace « Ida » et ses relents acoustiques au début qui tourne durant à peine 4 minutes et sert de mise en bouche au morceau fleuve de l’album : « Ellipsis ». Les 14 minutes qui mettent un terme à cette plaque (qui frise avec l’heure de jeu) sont un condensé des gimmicks qui séduisent tant chez Monkey 3 avec des voix humaines en final. Cette ultime composition organique baisse un peu le niveau couillu en accentuant l’ambiance planante même si un riff saturé plutôt simple se décline au second plan durant la moitié du morceau.

Après de nombreuses écoutes, ma préférence va au quatrième titre de l’album : « Prism ». C’est une putain de pièce d’orfèvrerie qui flirte avec la perfection et qui promet de tout déchirer en live. Amenées par les nappes des machines de dB, ces 9 minutes montent en intensité tandis que le temps s’écoule : quelques coups de boutoir envoyés par Kevin et Walter viennent ébranler l’auditeur avant que Boris déploie de gros riffs saturés qui cartonnent bien, entraînés par avec une accélération du tempo. On plonge ensuite dans une ambiance maîtrisée par ces quidams à savoir un solo magistral sur lequel le Grand David Gilmour n’aurait pas osé cracher !

Trois ans après leur précédent album studio, les quatre garçons dans les brumes du Lac Léman réalisent un disque exemplaire à la fois aérien et burné comme il faut, exactement dans le registre où ils excellent : merci les gars, vous m’avez fait rudement plaisir une fois de plus !

 

Point Vinyle :

Comme d’hab avec Napalm, les fans vont être servis. On commence par le noir traditionnel avec un double gatefold accueillant sur les faces A, B et C les 6 plages complétées par une gravure en face D. On monte un poil en gamme avec l’édition dorée qui reprend le concept de la précédente, mais couleur or tirée à 300 exemplaires. On termine par le boxset ultime transparent qui se calque sur les déclinaisons déjà citées, mais est agrémenté d’un lp live capté à la Kulturkeller avec au sommaire des titres assez récents : « Icarus » sur une face et « The Water Bearer » ainsi que « Crossroad » sur l’autre ; un slipmat forcément indispensable complète le dispositif tiré à 500 exemplaires qui fait baver les aficionados depuis l’annonce de sa sortie.

Note de Desert-Rock
   (9/10)

Note des visiteurs
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3 commentaires
  • […] à My Sleeping Karma, notamment avec « A Violent Dusk », un peu dans la veine de Monkey3 (actualité oblige), surtout lorsque la guitare soliloque et devient rauque sur « The Coldness of The New Moon ». […]

  • Quel compliment : ça me va droit au coeur ! L’album est magique (comme le groupe) ! Ma box doit être du côté de la poste…On se voit à Berlin sans faute !

  • Meilleure chronique jamais encore lue, faite de passion et de justesse !! sans doute l’album de l’année !! un BIJOU ! Dieu, que la musique est belle !! Box edition deluxe commandée…. bravo Chris et à dans 15 jours à Berlin pour découvrir la prestation live…. CHEERS

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