“Une jolie pochette trompeuse et un bain de boue, Chic! Chic! Chic!” Voilà ce que je me suis dit à la livraison de The Trial de Demonic Death Judge. Car oui, les Finlandais se sont forgé une solide réputation sur la scène sludge avec leurs quatre précédents albums entre bûches dans les dents et poutres dans l’estomac.
L’ouverture sur “Cougar Charmer” déroute, morceau intime où la gratte seule laisse entendre les frottement et gestes du guitariste mais très vite c’est la levé de rideau avec “Filthy as Charged”. La banane aux lèvres on prend de plein fouet le rock graisseux de DDJ en pleine poire ce qui n’est rien comparé au moment où l’agressivité du chant intervient pour te donner envie de brailler de concert mais pourtant…
Pourtant, d’agressivité il n’est plus tellement question ici. Il y a eu “écrémage” du gras qui faisait la lourdeur des plaques précédentes (On est passé de 50% à 30% de matière grasse, ce n’est pas de l’allégé pour autant), désormais DDJ prend en “subtilité”. C’est un travail assez notable sur la gratte avec ses boucles bluesy tout au long de l’album et en particulier sur le premier tiers de “Elevation” ou sur le passage atmosphérique aux alentours du milieu du même morceau. La batterie n’est pas en reste et fait entendre l’ajout de multiples jouets à frapper autour des fûts et l’apparition d’un saxo ou d’un harmonica laisse à la première écoute un peu pantois.
N’allez cependant pas croire que Demonic Death Judge s’est transformé en jeune premier, il est toujours à même de te cracher de l’épais et du massif, façon “Shapeshifting Serpents” qui remet les pendules à l’heure si besoin en était avec du lourd, du répétitif et du lourd (je l’ai déjà dit ?) tout à la fois en imposant des parties aux sonorités bien plus subtiles. A ce propos j’ai lorgné du côté de la basse sur “Flood” et ça m’en a foutu la boule au ventre, quelques notes suffisant à rendre le tout efficace et beau de mélancolie.
Cet album est étrange, il est une fusion entre blues, rock et sludge, les pistes des assemblages émotionnels entre envie d’en découdre, ouverture volubile et exubérance oratoire. La batterie de “Fountain of Acid” sur fond de distos psychédéliques le tout associé a une touche de tribal barré migrant vers le sombre confirme la chose : là où on s’attendait à prendre une fessée ou à transpirer sur un matelas crasseux dans la plus simple exploration de la bestialité des sens on se retrouve en même temps maltraité et câliné. Le dernier coup de boutoir de la piste éponyme et de “We Have to kill” ne suffisant pas à apaiser la frustration de ne pas retrouver le DDJ que l’on connaît lors d’une première écoute. Car oui, j’admets que frustration il y eut.
Pour soigner ce pincement au cœur l’écoute contextualisée et répétée est nécessaire, Il convient quand même de se rappeler que la trajectoire de DDJ n’était pas dans le tout bourrin, il avait eu un précédent entre Skygods et Seaweed. Ce dernier album était déjà empreint de mélodies profondément sombres et d’un apaisement évident. On peut donc considérer que The Trail est dans la droite ligne des précédents. DDJ joue toujours la carte du sludge et s’assagit pour laisser mieux s’exprimer son goût du lumineux voilà tout.
En conclusions “The Trail” c’est un peu l’album qui désarçonne à la première écoute, ça semble foutraque et WTF. Puis d’écoute en écoute, on se calme, on respire et on appréhende la pièce différemment. Demonic Death Judge est en pleine mutation, ce n’est pas le premier ni le dernier groupe à en passer par là et cette mutation le classe toujours haut sur l’échelle des rejetons du désert, je crois que nous ne pouvons dès lors que les en remercier.
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