« Avec un son rappelant autant Thin Lizzy que Queen première période ou encore Iron Maiden sous l’ère Paul DiAnno, Lord Fowl propose sa vision du rock avec lequel les musiciens ont été élevés. Des chansons qui vous font sentir vivants… ». Voilà en substance ce que nous apprend la biographie de Lord Fowl qui accompagne l’album tel qu’il nous a été envoyé il y a quelques jours. Le genre d’information qui peut provoquer 2 choses : soit vous vous dites : « tiens, encore un de ces groupes parmi tant d’autres qui va nous balancer une nouvelle fois son rétro-rock seventies sans âme, ou alors une âme pompée sans vergogne sur les groupes précités », soit vous vous lancez dans une écoute sans aucun préjugé et vous décidez de gratter votre chronique sans autre base que la zik que vous vous mettez dans le cornet.
Formé en 2007 du côté de New Haven, ville portuaire du Connecticut bien connue pour abriter la célèbre université de Yale, Lord Fowl a fait paraître 2 albums, successivement en 2008 et 2012, avant un long break de près de 8 ans et la sortie de ce Glorious Babylon. Une éternité à l’heure où un groupe qui ne fait pas parler de lui durant 3 mois tombe aux oubliettes et est irrémédiablement chassé par toute une meute de nouveaux groupes aux dents longues. Mais c’était sans compter sur la bande à Vechel Jaynes, le chanteur-guitariste de la troupe, et accessoirement l’un des très rares musiciens blacks de la scène stoner (il n’y a guère que Robert Aiki Aubrey Lowe du groupe Om qui me vienne à l’esprit). L’album s’appelle donc Glorious Babylon, un titre de circonstance, autant pour le groupe (Babylone étant la cité multiculturelle par excellence) que pour l’humanité (qui doit actuellement travailler sans discrimination de race, de religion ou de richesse face à une saloperie qui décime aveuglément).
Les hostilités s’ouvrent avec « Fire discipline » et on se retrouve à onduler de la crinière sans retenue avec un musculeux mid-tempo toutes guitares dehors au groove venimeux proche des meilleurs méfaits de Rival Sons. C’est carré, c’est précis, les changements de rythme sont parfaits et c’est surtout une excellente introduction qui donne immédiatement envie d’en savoir plus. Le titre éponyme et ses choeurs à la Paul Rodgers rappelle fatalement Free et Bad Company et toute cette clique qui fit tant de bien au rock du début des années 70. 3 minutes douche comprise, comme au bon vieux temps… « Get lost » poursuit notre exploration des glorieuses seventies avec un titre plus basique dans son approche (pas de grandes effluves guitaristiques, rythmique moins massive…) mais dans la veine des 2 titres précédents. Pas de doute, nos quatre gaillards ont bien potassé la discothèque des parents pendant ces 8 années de silence…
« Deep empty » lorgne cette fois-ci du côté des grandioses Blue Oyster Cult avec un titre au riff d’intro qui fait penser au fameux « Burning for you » des ostréiculteurs. Le rythme est plus posé et plus calme, juste avant l’arrivée des deux gratteux qui nous offrent un concert à 4 mains et 12 cordes de grande classe. Très progressif dans son approche, ce titre est le plus intéressant et finalement sans doute le plus enivrant de cette galette après plusieurs écoutes car il démontre une maîtrise totale des musiciens. « The wraith », titre le plus long de l’album (un peu plus de cinq minutes), est le plus doux des 10 titres proposés mais aussi le plus alambiqué dans sa construction, alternant passages calmes et puissants. Et toujours cette voix, subtil mélange de Ozzy Osbourne, Chris Cornell et Steven Tyler (imaginez un peu la tronche du gosse!). « In search of » ne relâche pas la pression et offre un hommage à peine dissimulé à toutes les grandes formations du type Mountain (il y a du « Mississippi queen » dans « In search of ») ou Guess Who (« American woman »). « The gramercy riffs » convoque les grandes années des Black Crowes, formation plus contemporaine qui elle aussi a puisé son inspiration dans la même tambouille que Lord Fowl, mais aussi du hair metal de Van Halen et autre Motley Crue (surtout sur le refrain). Influences metal 80’s que l’on retrouve sur « Red cloud » (mur de guitares, rythmique volontaire) avant de replonger la tête la première dans les années 70 avec le très funky « Epitaph » (quel groove!) et de conclure avec « Space jockey », mélancolique et sublime conclusion à cette galette qui nous aura fait sacrément voyager…
Formidable melting-pot d’influences et de sonorités, le projet de Lord Fowl aurait pu s’avérer sacrément casse-gueule vu le nombre d’ingrédients utilisés et la différence de saveur entre chaque. Pourtant, le cocktail s’avère savoureux, voire même absolument délicieux. Le dosage est parfait entre hommage et plagiat, la recette fonctionne parfaitement (pour peu qu’on apprécie les groupes pré-cités) et on ne souhaite désormais qu’une seule chose : ne pas avoir à attendre 8 années de plus pour y gouter à nouveau…
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