J’avoue à ma courte honte que je n’étais jamais tombé sur Bleeding Eyes et sans doute y aurais-je trempé une esgourde avant ce jour je l’eus classé parmi ces groupes capables de faire du bon sans marquer cependant mon esprit au fer rouge. Rattrapant mon retard je suis monté dans la tour renfermant les saintes archives de Desert-Rock.com.
Ouvrant de de poussiéreux compendiums (Tel le sulfureux Demonium In Flaux Clunis dorminetum que vous pourrez compulser ici.), j’ai pu constater que ce quintette italien poussait dans la langue de Dante un stoner doom aux accents sludge qui ne demandaient qu’à trouver une voie un peu plus fascinante. Et si je suis allé chercher c’est bien parce qu’il y avait des choses dignes d’interpeller l’auditeur sur cette nouvelle plaque depuis six ans, Golgotha.
Les officiant plongent l’auditeur d’entrée dans leur nouvel univers. Quelque chose de sombre et de froid, un monde peuplé de sons fantomatiques, de plaintes lancinantes et d’horrifiques imprécations. Il aurait pu s’agir de doom mais le fait est qu’une fois passé les quatre premières minutes d’”El Principio” on sombre dans un sludge non pas crasseux mais oppressant et vicieux.
Sabir d’anglais et d’Italien, le chant est tenu par une sorte de moine dément tel le personnage de Salvatore dans Le Nom de la Rose. Cette voix des enfers tranche avec le style sludge, bien souvent enrobé d’une astucieuse distorsion, il se pose avec naturel sur le poisseux des guitares et de la batterie.
Je parlais de Salvatore, le “sauveur”, et il pourrait en être question. Si Golgotha est déconseillé aux cœurs légers, en revanche pour qui se trouve en peine et cherchant quelque exutoire il se peut qu’il en ressente quelque contentement.
Les morceaux se jouent au bord de l’abîme. Au confluent du Styx et des rivières du métal. Il se mêle au sein de Golgotha hargne et sludge (“In Principio”; “1418”; “Inferno”…) mais aussi puissance du death mélodique, lyrisme du post (“La Chiavi Del Pozzo”) et classicisme de divers genres heavy (“In Principio”; voire prog (solo d’outro de “La Verità”). Le tout est passablement torturé et tourné sans surprise vers une Apocalypse biblique dont le titre de l’album n’est qu’un préambule.
Au bord du Styx nous y sommes mais puisqu’il est question de salvation, passé une bonne première moitié d’album plein de la noirceur du groupe, je ne peux m’empêcher de ressentir la lumière contenue dans “Confesso” et “La Verita” et me dire qu’il y a après tout un salut possible (On a dû fréquenter les mêmes curés au catéchisme, des jésuites de la pire espèce à priori). Ce Salut tout relatif cependant car ne se reniant pas, Bleeding Eyes clôture sur un “Inferno” dévorant de lourdeur et pessimiste à souhait. Notons tout de même le peu de soin porté à l’outro, fait désolant pour un album jusque-là plutôt réussi.
Au final ce qu’il faudra retenir de Golgotha, c’est que loin d’enfoncer le clou du repentir Bleeding Eyes réussi un album entier tout en progression et donc loin d’être monomaniaque du genre. Il fait passer des émotions au travers de sa musique et reussi à entamer le dialogue avec l’auditeur. Prés 50 minutes de réflexion mystique efficaces et sans lourdeur dialectique, c’est bien plus efficace qu’un moralisateur ecclésiastique en chaire.
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