Ruff Majik – The Devil’s Cattle


Ces dernières années n’ont pas vraiment ressemblé à un long fleuve tranquille pour Ruff Majik. Les sud-africains ont eu beau donner le change à travers une petite poignée de remarquables et remarquées dates dispatchées sur le vieux continent, en coulisses c’était un peu plus chaotique : un véritable tourbillon de musiciens sont entrés / sortis du line up autour de l’inamovible frontman Johni Holiday (c’est pas un pseudo…), changement de maison de disques, concerts, festivals, déménagements… Cet entropique foutoir rejaillit inévitablement à travers ce The Devil’s Cattle, un disque bouillonnant, énergique… et bordélique, donc.

Changement significatif apporté à la structure du groupe, Evert Snyman, ami et collaborateur de la première heure, producteur notamment de Tårn, est incorporé au line-up du groupe, et forme donc désormais avec Holiday le binôme en charge quasi-complètement de ce nouveau disque : même si Holiday reste le compositeur principal du disque, tout est enregistré par le duo – Snyman étant un multi-instrumentistes doué, ça aide. Le leader historique laisse même sa place derrière le micro à Snyman sur plusieurs titres, apportant une alternative saisissante à son chant un peu nasillard si emblématique (voir « Who Keeps Score » qu’on croirait chanté par Josh Homme, « God Knows »…).

On savait déjà Ruff Majik capable de proposer des galettes riches et diversifiées, mais ils passent un vrai cap avec ce The Devil’s Cattle, à tel point qu’il est quasiment impossible de synthétiser ce disque ultra-dense de 13 chansons. En simplifiant à outrance, on dira que le quintette (ou duo, selon le point de vue où on se place) propose un stoner groovy garage, où on retrouve des dizaines d’influences (dont plusieurs fois le QOTSA des 2 ou 3 premiers albums, admettons-le). Du coup, on se laisse emporter et balader par cette grosse cylindrée (la prod est clinquante, surtout si on la compare à Tårn, au son plus rêche) qui accélère (souvent), ralentit parfois, fait des embardées vaguement contrôlées, des demi-tour, prend les virages au frein à main et repart pied au plancher en faisant crisser les gommes. Zéro repères, que des prises de risques, et presque toujours payants ! Il faudra ainsi attendre plusieurs tours de piste pour prendre la mesure qualitative de certaines des compos du disque. Car si des titres comme l’introductif et éloquent « All you Need is Speed », le bourrin « Heart like an Alligator » ou le groovyssime « Jolly Rodger » (que l’on croirait issu d’un bon Eagles of Death Metal) peuvent se targuer d’un effet cortical immédiat, une poignée de titres plus ambitieux prennent leur pleine mesure après une phase de digestion bien nécessaire : on pense au catchy et très stoner « Shrug of the Year », au nonchalant « Gregory », à l’énervé et fuzzé « Trading Blows » ou à l’audacieux mais très beau « God Knows ». Et ne parlons pas du grassouillet « Born to be Bile » où le beugleur canadien Vincent Houde de Dopethrone vient prêter quelques lignes vocales bien craspec pour des plans sludge bien sales sortis de nulle part… Même si 2 ou 3 titres peuvent apparaître plus dispensables (et encore, ils « aèrent » le parcours du disque…) l’ensemble fait montre d’une qualité d’écriture remarquable.

Bref, The Devil’s Cattle, s’il ne se résume pas, se déguste de bout en bout, sans jamais fatiguer. Le disque est riche, frais, malin, bien écrit, et bien interprété. Il est par ailleurs, et c’est aussi un pas décisif, doté d’une mise en son qui rend honneur aux compos. Enfin le disque que méritait ce groupe, en espérant qu’ils pourront s’appuyer sur cet élan créatif pour développer leur fanbase et venir nous voir plus souvent, car ces titres ont un potentiel live indéniable.

 


Note de Desert-Rock
   (8/10)

Note des visiteurs
   (9.5/10 - 4 votes)

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