Treize ans que la formation Dark Buddha Rising hante les confins de la scène drone et doom avec une musique teintée de religiosité macabre. Leur dernier effort Mathreyata a été déposé sur l’autel du psychédélisme dévoyé un vendredi 13, faut-il y voir un signe quelconque? c’est l’écoute de cette nouvelle plaque qui nous le dira, elle a été enregistrée avec la volonté d’être vécue comme un live, sacrifice supplémentaire en cette année qui porte les sceaux du désespoir et de l’amertume, un programme auquel les finlandais ne pouvait que répondre présent.
Mathreyata joue la carte de l’économie de notes et d’une pesanteur doom qui comme souvent confine au drone
-Pffrrrrr Il a dit “confine!!
– Ta gueule!
Bon comme je le disais avant d’être interrompu par moi-même, Dark Buddha Rising pose sans surprise une plaque lourde et profonde sur laquelle on aura tout loisir de s’appesantir d’entrée de jeu avec le titre “Sunyaga” qui dure la bagatelle de 12’57 minutes. Il résume presque à lui seul tout l’album si ce n’est la carrière du groupe avec une ambiance évolutive, qui s’enrichit doucement d’une atmosphère saccadée mais toujours aussi poisseuse et oppressante.
-Ô Pressante, je t’invoque!
-Tu sors…
Les titres font référence à l’hindouisme presque comme toujours mais pour autant n’empruntent pas plus que précédemment la voie du pastiche occidentalisé. Dark Buddha Rising multiplie les invocations tout du long des 45 minutes de Mathreyata avec une économie absolue de notes, une batterie lourde et des chants tout aussi oppressants qu’hypnotiques, les finlandais assènent un drone spectral qui mobilise les énergies les plus primales de l’humanité.
Esthétiquement cette plaque est une vraie réussite. les titres “Nagathma” et “Uni” enveloppent l’auditeur d’un univers sombre, éclairé à la flamme faisant danser les ombres de mille sonorités inquiétante et intrigantes de beauté.
Enfin “Mahathgata III” clôt l’album en cristallisant toutes les recettes employées au cours des trois précédent morceaux. Derrière un chant shamanique, des cris éraillés et des plaintes sorties du fond des âges, ce dernier titre offre un final qui transcende l’album puisqu’il vient également conclure le cycle des “Mahathgata” entamé sur l’EP II, ainsi fini de la catharsis.
Écouter Mathreyata est une expérience comme celles que l’on vit dans certains récits horrifiques, l’album se pare d’obscurité et réveille cette curiosité qui est prête à accepter un univers malsain pourvus qu’il nourrisse le frisson et l’angoisse comme exutoire. Dark Buddha Rising se débarrasse de nombre de ses oripeaux ici et livre la quintessence de sa musique, produisant sans doute sa meilleure plaque à ce jour.
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