Drôle d’histoire que celle de ce disque ! Le trio émane de Perth, en Australie, une région qui, si elle a vu discrètement émerger quelques groupes de stoner, n’a pas franchement taillé sa renommée sur sa vivace scène doom. Atolah y vivote quelques années, chope toutes les premières parties du coin, et sort Relics, un remarqué EP (remarqué par nous-mêmes il y a plus de 13 ans, voir notre chronique ici), mais globalement l’affaire patachonne. Du coup, Pierre François, son frontman, émigre et s’installe aux Pays-Bas. En plus de prendre part à quelques projets musicaux, il dégotte une nouvelle paire de mercenaires pour enregistrer en 2012 trois nouveaux morceaux, sous la forme d’un second EP. Et pfffiut… Disparus ! Ce n’est qu’en 2020 qu’on entend à nouveau parler d’Atolah, rené de ses cendres du côté de… Mebourne cette fois, de l’autre côté du continent, où Pierre François a encore embauché deux nouveaux doomsters pour reprendre là où il s’était arrêté.
Jamais sortis sur support physique, les trois nouveaux morceaux enregistrés en 2012 trouvent une incarnation discographique près de dix ans plus tard, grâce à Sleeping Church Records. Attention toutefois, ce disque a beau ressembler à un album, c’est en réalité un double EP, proposant, en outre du nouvel EP, une réédition de leur première production, le sus-mentionné Relics. Sur une heure de musique, la moitié (5 chansons sur 8) sont donc déjà dispo depuis longtemps. Pour autant inutile de crier au vol : ne soyons pas dupes, pas grand monde ne les avait entendues, ces chansons ! La question est donc de savoir si d’une part elles valent le coup, et d’autre part si elles s’incorporent bien à l’ensemble. La réponse est oui et oui. Au final, cette galette en intégralité déroule toute seule, même si la séparation entre les deux EP est quand même audible. Atolah propose sur ces huit plages un stoner doom de très bonne facture, bien construit et bien gras. Sur le dernier EP, il propose une version un peu plus âpre de son doom, déjà bien dense à la base. Il s ‘y éloigne un peu des plans plus stoner (l’ensemble est aussi incidemment moins fuzzé) pour pour développer des ambiances plus lancinantes et sombres, plus complexes aussi (à l’image de ce “Focke Wulf” de plus de 15 minutes qui rappellera plus qu’à son tour les géniaux Bongripper). Par ailleurs, le groupe sort du 100% instrumental pour proposer quelques lignes vocales, bien que rares.
Difficile de dire (a fortiori au regard de sa carrière passée) si Atolah va désormais occuper une vraie place dans la scène doom stoner mondiale. Sa faible production (8 chansons en 15 ans, en gros) ne plaide pas en sa faveur. Espérons donc que ce disque soit plutôt un moyen de célébrer sa première partie de carrière pour préparer le terrain pour la suite – auquel cas, nous nous tenons prêts à les accueillir comme il se doit.
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