Ecstatic Vision – Elusive Mojo


Plus de deux ans après leur dernière galette, For the Masses, Ecstatic Vision nous revient encore une fois sous la bannière de l’accueillant label Heavy Psych Sounds avec son quatrième album (ou cinquième, selon que l’on compte son dispensable album de reprises) – pas mal pour un groupe assez jeune finalement, qui depuis 2015 nous propose une sortie tous les deux ans environ.

On se penche sur celui-ci avec une réelle appétence mêlée d’un regard vigilant et circonspect. Appétence car on aime Ecstatic Vision, beaucoup, et s’immerger dans leur musique est toujours un trip agréable. Vigilance et circonspection parce qu’avec le recul, on est quand même inquiet de ce qu’on va entendre, avec ce léger sentiment que le groupe tourne un peu en rond, et n’a finalement toujours pas dépassé (selon nos standards) l’impeccable Raw Rock Fury… sans jamais s’en éloigner trop non plus ! C’est là toute l’ambigüité de ce groupe qui perfectionne son art par petites touches, subtiles, apportant avec chaque album une poignée de chansons supplémentaires à une discographie dense et homogène… mais qui ce faisant donne l’impression de ne pas trop évoluer.

Fi de suspense en carton : avec Elusive Mojo, le groupe ne change pas de braquet, et le constat reste le même, à savoir celui d’un disque réussi, toujours dans la même veine musicale. Une veine musicale qu’ils tendent à maîtriser complètement en revanche, avec une efficacité désormais presque totale : on parle d’un rock psyche reposant sur un kraut rock à la base rythmique frénétique (un duo basse-batterie redoutable, les lignes de Michael Field Connor développant à la fois trois quarts du potentiel mélodique du groupe et un socle rythmique étourdissant, constant), sur lequel des envolées de leads space rock participent à l’élévation corticale. Le tout est (bien) servi par une prod garage old school qui emprunte autant au heavy rock 70’s qu’à la soul 60s-70s. Le groupe déploie ainsi de longues séquences bien planantes, répétitives à l’envie, avant de déclencher des rafales de leads enivrantes, emmenées soit par la guitare de Doug (noyée sous des couches et des couches d’effets – flanger, delay, fuzz… – et livrée à grands renforts de salves de wah-wah), renforcées parfois par des plans de clavier un peu saugrenus (« The Kenzo Shake ») ou de sax / trompettes devenus emblématiques du groupe (« Times Up »), limites dissonants parfois, mais participant complètement à la mise sur orbite de l’auditeur.

Dans ce maelstrom sonique, Ecstatic Vision démontre à nouveau sa maîtrise de son art, et malgré un ou deux titres parfois plus anecdotiques (le mid-tempo « The Comedown », un peu ennuyeux, même si la bouffée d’air frais est agréable), propose quelques nouvelles perles à son répertoire, qui sauront trouver une place de choix dans leurs prochaines set list live (la scène étant le véritable biotope du groupe) : on pense en particulier au morceau titre, démonstration impeccable par le menu du savoir-faire du groupe (ce déluge de wah-wah…), à « Times Up », sorte de vieux standard stoogien binaire chargé en space rock, ou encore à « Deathwish 1970 », redoutable brulot punchy et enivrant.

Bref, Elusive Mojo ne change pas le visage d’Ecstatic Vision ni n’apporte de relief spécial dans sa carrière, mais amène une nouvelle preuve de son hégémonie dans ce style musical de niche. Malheureusement, le groupe a le potentiel musical de plaire à un public bien plus large, et on ne sent rien dans cet album ou ce qui l’entoure (label, etc…) qui vise à court terme à lui permettre de passer un « palier » de notoriété. Gageons donc qu’on se retrouve dans deux ans à peu près dans la même situation, pour constater à nouveau la qualité de ce groupe et de ses albums… ce qui est déjà pas mal, on ne va quand même pas cracher dans la soupe !

 


Note de Desert-Rock
   (7.5/10)

Note des visiteurs
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