Lorsque le retour en studio du quatuor a été annoncé sur les réseaux sociaux de boomers, j’ai twerké debout sur ma chaise (et heureusement personne ne m’a vu faire une chose pareille). Dozer c’est un peu ma madeleine de Proust question heavy rock et c’est un groupe d’une fiabilité incroyable autant pour l’exécution scénique que pour leurs enregistrements même si honnêtement Beyond Colossal se situe en deçà du reste de l’incroyable production commise jadis avant l’interminable hiatus.
Ma petite culotte séchée, je me suis lancé dans la découverte du nouveau chapitre dans l’histoire d’un groupe emblématique de la genèse du stoner européen. Une formation qui avait laissé sur sa faim l’ancienne génération d’aficionados du genre, délaissée par la bande de Borlänge repartie user leurs futes sur les bancs d’école et/ou se lançant dans diverses aventures musicales aux destins divergents. Cette renaissance débute sur un titre implacable n’ayant pas eu la chance d’une défloration anticipée (le casting du teasing me laissant pantois au passage) : « Mutation/Transformation » dont le compteur (plus de 7 minutes) interpelle pour une ouverture. L’entrée en matière, balancée bille en tête comme pour prouver que nous avons encore à composer avec un groupe appartenant au monde des vivants, est un concentré de la signature Dozer et elle a un relent de Call It Conspiracy commis il y a une vingtaine d’années (ça fait mal).
Se suivent trois titres, dont deux envoyés en avant-première, qui évoluent dans un registre très similaire et ne constituent pas, selon ma lecture, des pépites à proprement parler même s’ils se laissent écouter. Ils balisent le terrain pour « No Quarter Expected, No Quarter Given », un brûlot tirant sur le metal – stigmates d’Ambassadors Of The Sun ? – qui ne tient pas la rampe en regard des deux titres finaux.
En avant-dernier nous retrouvons certainement le meilleur titre de l’album : « Run, Mortals, Run! » qui allie vocaux aériens et rythmiques galopantes comme au bon vieux temps. Le pied bat la mesure et les cervicales entrent en action : on renoue avec le Dozer d’une époque bénie des dieux du rock’n’roll (reviens Lemmy !). Vieilli en canettes alu de bière, Dozer place un titre de toute beauté au moment où l’auditeur qui fait connaissance avec ce nouvel opus se disait que c’était mieux avant. Tant pis pour ceux qui n’auront pas poussé la curiosité jusqu’ici.
Le rideau tombe sur « Missing 13 » qui s’inscrit dans la tradition des morceaux longs des Suédois. La montée en pression d’un riff basique déployé en solo, un placement de la section rythmique qui vient rehausser le fameux riff à prime abord plutôt abscons, puis la voix qui se module pour une phase tout en retenue jouant les préliminaires et, biiim !, après trois minutes une première incursion en terres sauvages, un retour à l’accalmie et un gros final, avec toujours ce même riff, déployé de manière débridée, qui fait hocher du chef. La connexion se fait immédiatement avec « Big Sky Theory » même si ce dernier se situe quelques crans au-dessus. Pas grave c’est efficace !
Malgré l’inactivité en studio et la présence restreinte sur scène, Frederik, Johan, Sebastian et Tommi, qui ne nous fait pas du Greenleaf (c’était une option), nous prouvent qu’ils ne sont pas prêts à foutre leurs instruments au placard. A la question fatidique relative à l’achat de cet objet, la réponse est clairement positive même s’il est inégal car c’est Dozer et que certaines compos nouvelles viennent clairement challenger les meilleures du groupe !
Point Vinyle :
Aux côtés de l’infatigable digipack qui ravira les ceusses qui consomment encore du CD en 2023, Blues Funeral a bien fait les choses pour les vinylophiles avec la commercialisation du test press en quantité homéopathique noire, une déclinaison transparent coral red limitée à 300 unités et une version en violet, comme ça il y en a pour toutes les bourses ainsi que pour tous les goûts. La satisfaction du consommateur est à nouveau au rendez-vous et le rendez-vous du collectionneur avec son banquier le guette après la salve de rééditions couvrant tous les spectres Pantone, ou presque, commises il y a quelques années par la crémerie Heavy Psych Sounds Records.
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