Il y a quatre ans, suite à un hiatus que l’on a quand même cru définitif à l’époque, Ufomammut revenait aux affaires avec à son bord un nouveau batteur, Levre, et la sortie d’un nouvel album dans la foulée, le bien nommé Fenice (“Phénix” en italien). L’album gardait évidemment les marqueurs Ufomammut-iens, tout en accentuant une sorte d’ouverture, facilitant l’accès à sa musique via des atours un peu moins âpres et « exigeants » (relativisons : on parle quand même de Ufomammut, c’est pas vraiment Bon Jovi…). Quoi qu’il en soit ce Hidden, leur nouvel album rapidement sorti à peine deux ans plus tard (le groupe aura étonnamment peu tourné dans l’intervalle), amène son lot d’interrogations : quelle tendance va suivre le groupe après ce soubresaut dans sa carrière et cette légère inflexion stylistique détectée sur son prédécesseur Fenice ?
En première approche, un constat s’impose : leur style est toujours là, bien présent, et reconnaissable entre mille : une sorte de doom ultra-répétitif, empruntant en terme de rythmique autant au kraut qu’au metal indus. Ils déclinent ainsi à l’envie leur son « trademark » : un gros riff lancinant et répétitif, un son de guitare au son froid et lourd, chargé d’une fuzz bien costaud, le tout sur loops et nappes lointaines de synthés, avec quelques rares lignes de chant, souvent noyées sous une tonne d’effets.
On se fait néanmoins la remarque au fil des écoutes que leur prod avec le temps s’avère un peu répétitive et monolithique : certains riffs mériteraient un son encore plus « massif » pour littéralement écraser comme ils le font en live. Mais ne devient-on pas aussi inconsciemment un peu trop tatillon et exigeant ? C’est quand même rudement efficace, et niveau maîtrise, c’est assez clair, on est au top niveau du genre. Ca déroule de manière fluide et inspirée, c’est efficace et très carré.
Les points remarquables du disque ? On note avant tout une foultitude de riffs parfaitement ciselés, de ceux qui, c’est évident, sont tous susceptibles de venir étoffer les set lists live du groupe. On croirait même la plupart des compos écrites dans ce sens. Quelques moments de grâce supplémentaires viennent séduire l’auditeur au fil de la galette, à l’image de « Spidher » et de son break étonnamment « groovy » pour le groupe, un « Crookhead » protéiforme sur plus de 10 minutes (qui propose une intro touffue et exigeante au disque) avec son chant moins noyé d’effets qu’à l’habitude… On notera aussi que le travail mélodique mis en exergue sur Fenice trouve d’autres échos ici, comme sur « Soulost » et ses penchants mélancoliques qui pourront rappeler le type d’ambiance développées par Mars Red Sky par exemple. Globalement on reste sur des titres costauds, à l’image du long mais pas ennuyeux « Mausoleum », une des plus belles pièces du disque, mêlant adroitement doom et mélodie, et injectant l’air de rien de très bien senties volutes orientales sur sa section médiane…
Après 25 ans de carrière, et une discographie finalement assez « touffue », il devient difficile de donner un avis tranché sur les nouvelles productions de Ufomammut… surtout quand ils font systématiquement « du Ufomammut » ! Celles et ceux qui aiment le groupe sur le dernier tiers de leur carrière, en gros, vont apprécier Hidden, qui en constitue une fidèle et efficace continuité – voire une synthèse. Si vous êtes demandeurs de nouveautés, d’expérimentations voire de prises de risques, vous serez en revanche assez frustré, ce n’est pas le fort de cette galette. Hidden montre un visage solide du trio transalpin, un groupe ferme sur ses basiques, en maîtrise, et toujours inspiré en termes d’écriture (on est sur du riff de qualité). A ce titre son écoute représente un réel intérêt pour l’amateur du groupe et/ou de ce type de son. Mais est-ce que ça suffira, dans quelques années, à nous faire choisir de ressortir CE disque plutôt qu’un autre dans leur riche discographie ? Probablement pas.
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