Un peu désorientés par leur quatrième album, Excruciation, sorti il y a quatre ans, c’est avec circonspection que nous nous sommes concentrés sur l’écoute de ce nouvel album, pas aidés par un léger manque de confiance vis-à-vis du label Ripple (qui ces derniers mois nous a habitués à des sorties plus hétéroclites que dans ses grandes années) et un visuel un peu décalé, que l’on imaginerait plutôt orner un album de neo-metal lambda. En outre, le trio américain ressemble de plus en plus ces derniers mois à un projet si ce n’est despotique, en tout cas proche du (gentil) népotisme : Ron Vanacore a changé son bassiste en 2022, et, suite au départ récent de son batteur, vient de le remplacer par… son propre fils, Logan, apparemment un jeune prodige de 14 ans (c’est néanmoins l’ancien batteur Brian Harris qui apparaît sur le disque).
Dans tous les cas, pas de doute, c’est bien autour de Ron que tourne la musique du combo : ses riffs surnagent complètement et structurent les morceaux (et constituent la pierre de soutènement de la production), bien accompagnés par son chant si emblématique. En effet, et ça peut surprendre en première écoute si vous ne connaissez pas le groupe, à l’instar d’un Steve Hennessey (sHeavy) par exemple, la voix de Vanacore, puissante et sournoisement nasillarde, ressemble très souvent à celle d’Ozzy (de l’époque où il pouvait chanter avec ses propres cordes vocales, sans ordinateur…).
En outre, la filiation Sabbathienne ne tient pas qu’à ça : l’inspiration du groupe quintessentiel transpire de la plupart des compos de ce Delirium qui, de l’aveu même du groupe, se veut reposer sur ses plus profondes bases musicales. Et ne parlons même pas de cette efficace reprise du génial « R.I.P. » des doomsters cultes de Witchfinder General…
Plus globalement, ce sens profond du master riff, très Iommi-esque dans l’approche, vient charpenter l’ensemble de ce Delirium, comme Curse the Son ne l’avait probablement pas fait depuis ses deux premiers albums. Côté riffs, on aura du mal à trouver plus efficace que ceux de « Suffering is Ours » ou de « Delirium ».
Pour autant le trio sait montrer qu’il n’est pas qu’un ersatz fadasse de Black Sab’, avec des compos plus originales, à l’image du catchy « Deliberate Cruelty » ou de « Liste of the Dead » (dont plus d’une fois sur le couplet on se dit qu’il n’aurait pas dépareillé dans la discographie d’un… Soundgarden !).
Bref, malgré un plan de carrière confusant, Curse the Son, avec ce Delirium, décrit comme l’album du « R.A.Z. », confirme ses modestes ambitions. De retour à ses bases, le trio compose un album solide, intéressant, qui ne se perd jamais en circonvolutions stériles, et dispense un plaisir d’écoute qu’on ne retrouve que rarement dans les productions récentes.
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