L’exercice merveilleux que voilà, écrire sur la ligne de front entre deux forces passion se livrant une guerre sans merci. Étant totalement étranger à l’univers et la musique de Gnome, me voilà bloqué entre les gardiens d’une musique se voulant grave, obéissante à des lois précises et codées, abhorrant la joie dans le metal, et une horde de trublions décomplexés ne jurant que par l’hédonisme et la liberté de casser les codes. Je grossis le trait bien sûr, mais les débats passionnés autour de ce trio belge chapeauté me donnent cette impression.
A l’origine Sleepless Titan, Gnome le devient parce que ses musiciens estiment que la dérision et l’absurde ont aussi le droit de cité dans un genre bien trop sombre et sérieux. Quelques pas de danse à la con et trois bonnets ridicules plus tard, le savoir visuel carton pâte du trio devient une marque de fabrique et des objets de merch qui s’arrachent. Mais quid de la musique ?
L’objet de curiosité que devient Gnome, attisant passions, joie et colère ne tient-il que par sa singulière image ?
Il serait bien réducteur de les cantonner à cette posture de stand-upper Lidl de la scènes stoner. La vérité c’est que quand on lance Vestiges of Verumex Visidrome c’est le gros riff bien gras de « Old Soul » qui nous saisit, un son bien heavy et syncopé qui parcourra l’ensemble de l’album. Un troisième effort qui foisonne d’idées, passe d’une basse wha-whatée à mort à un saxo rock bien 90’s, ose le grand écart entre chorale mystique et groove funky, le tout charpenté par un héritage sabbathien en diable. C’est travaillé, précis même si la créativité du trio mériterait par moment d’être épurée pour plus de claque dans la gueule.
Le chant est une composante essentielle de l’identité « Gnome ». Il fait que l’absurde devient un rouage nécessaire à cette machine. Growl et crécelle, mélodie à scander, chœur 8°6, voix angéliques, un champ infini de possibilités vocales nous est proposé. C’est parfois trop, par moment audacieux et justement placé, souvent baroque.
Vestiges of Verumex Visidrome est une expérience singulière à mi-chemin entre Red Fang et Devo. Une vraie proposition à l’identité visuelle et sonore forte qui, bien sûr, suscite les débats tant elle cherche à sortir des clous. Divertissant et travaillé à défaut d’être novateur, vous traverserez l’album en dodelinant du chapeau, le sourire aux oreilles. Il faudra accepter aussi que la fosse de vos prochains fest’ soit remplie de téléphones et de cabochons pointus gâchant ainsi méchamment la beauté de l’instant. Turfurlututu. Sale temps pour les petites gens.
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