Nous avons eu la joie de chroniquer le premier album de Wizard Must Die il y a quelques années (à lire ici). Les voici de retour avec une nouvelle production, cette fois adossée à la boîte de production Klonosphere, le tout dans un joli packaging fait de géométries et de tons pastel, le nouvel album s’appelle L’Or Des Fous et on l’aborde avec le doute de devoir se confronter à une production qui n’aurait pas sa place ici. En effet, Wizard Must Die fait office d’ovni tant le trio lyonnais nous avait laissé entrevoir sa capacité à piocher dans un répertoire vaste, stoner certes, mais aussi empreint d’indie rock et de mille autres choses.
L’expérience peut s’avérer fastidieuse si l’on cherche à tout appréhender d’un coup mais ce qui est sûr c’est que l’écoute elle, devient vite un voyage. Les plus simples aimeraient que cela soit d’un morceau à l’autre. Mais la réalité des Lyonnais est évidemment plus complexe. Au sein d’un même morceau, des riffs puissants côtoient l’atmosphère suspendue d’une réflexion profonde, à la manière de “Close To The Edge”.
Qu’il s’agisse de “The Breach” ou de “The Disappearance of Camille Saint-Saëns”, on ne cesse de se demander où le groupe souhaite nous emmener. Pourtant, on se laisse porter, et même si la tête nous tourne en nous demandant ce qui se passe, on trouve toujours une saillie à laquelle se raccrocher, comme l’emploi du piano sur “The Disappearance of Camille Saint-Saëns” ou ce saxo inattendu sur “Clouds Are Not Spheres”, dont la conclusion fragile évoque une boîte à musique. Voici quelques surprises que vous trouverez dans cet album.
Si l’on se demande souvent en écoutant Wizard Must Die si l’étiquette stoner, ou toute autre étiquette approchante, peut s’appliquer, le doute est rapidement dissipé face à l’acidité d’un riff de guitare comme celui de “Flight 19”, avant qu’il ne soit rejoint par la basse et la batterie, balayant tout sur leur passage. Et comme rien n’est binaire, le doute initial revient vous titiller dès l’outro plus subtile du morceau.
Wizard Must Die joue à souffler le chaud et le froid sans discontinuer. Le trio décompose ses pistes comme autant de sous-morceaux, de pépites prises dans la roche, comme la mélodie et le chant en français de “L’Or des Fous”, un titre fort mal choisi tant pour la piste que pour l’album, car il n’est pas question de pyrite ici. Il y a bien plus de valeur dans cet album à la production soignée. Cette dernière démontre le niveau atteint par Christophe Hogommat et son studio d’enregistrement.
Ce disque n’est pas anodin. Il suffit de regarder l’artwork, une fois de plus signé par La Discorde, pour comprendre qu’il s’agit d’un objet qui ne ressemble à rien d’autre, si ce n’est au précédent qu’il vient compléter à merveille. Vous l’aurez compris, dans cette chronique, il y a peu d’objectivité : il faudrait tuer le magicien, car le sort de L’Or Des Fous est efficace et ne laisse guère place à d’autres critiques que celle d’une galette déconcertante, ardue d’approche mais reliée par un fil précieux qui assemble les pistes entre elles.
Ce retour en très grande forme de Wizard Must Die n’aura cessé de nous faire voyager tout au long des 6 pistes et 47 minutes de L’Or Des Fous. Le temps de décantation de l’œuvre est certes long, mais le trio délivre, une fois de plus, un album borderline et éminemment poétique.
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