Year Of The Cobra – Year Of The Cobra


Traçant son chemin dans une attitude underground (!) depuis une dizaine d’années maintenant, Year of The Cobra en est à son troisième album, un disque que l’on attendait avec impatience après avoir en particulier beaucoup apprécié Ash and Dust, un disque mal né (2019, salut l’année COVID !) et certes imparfait, mais plein de bonnes idées… et de promesses ? Quoi qu’il en soit, 6 années sont passées, et même si ce nouveau disque sans titre a été enregistré il y a un an, il ne sort que maintenant (dans une « fenêtre d’écoute » plus favorable que la redoutable année 2024).

Dans l’intervalle, Amy a largement contribué (en tant que chanteuse, puis chanteuse-bassiste) au projet Slower initié par Bob Balch – projet qui, s’il n’a pas suscité un enthousiasme démesuré, a permis à un public différent de se familiariser avec le très intéressant timbre vocal de la chanteuse.

Résolument duo, YOTC, composé de Jon (batterie) et Amy (chant, basse) – mariés à la ville, fin de l’instant people – a, sur une petite décennie, construit son style musical sur une assise bien plus large que le doom expérimental perçu sur ses premiers tours de sillons à l’époque. Au vu de la composition instrumentale du combo (un duo… vous suivez ?), et du fait de l’ambition stylistique qu’il porte, le son développé est crucial, et à ce titre, la production du disque est redoutable. Sans artifice ni chichis, le spectre sonore est parfaitement exploité, pour chaque chanson, avec des aérations ici ou là selon le style de certains titres, et à l’inverse un mur de son en béton armé sur les titres les plus massifs. Tandis que le jeu de Jon marque bien le style du groupe, sa frappe « charpentant » chaque titre, le jeu de basse d’Amy vient absolument dessiner chaque compo, lui inspirant évidemment la trame mélodique, mais aussi le spectre de puissance visée, avec une diversité de sons parfaitement à-propos. Evidemment, on a du mal à imaginer certains plans retranscrits à l’identique en live – c’est aussi la magie d’un enregistrement studio – mais en étant parfaitement honnêtes, on n’entend jamais de « triche » et à l’instar d’un Mantar dans un style bien différent, ils jouent la carte du duo avec intégrité et goût du challenge.

En outre, la production depuis Ash and Dust s’est améliorée, certes, qualitativement, amenant aussi le son du groupe vers quelque chose d’un peu plus propre, ce qui pourrait décevoir certains intégristes résolus.

Côté compos, l’assortiment proposé ne tombe jamais à côté (il y avait quelques titres plus faibles que d’autres sur son prédécesseur), offrant à l’écoute un ensemble diversifié mais solide. Stylistiquement, le groupe incorpore toujours quelques bonnes rasades doomy (« Full Sails », « The Darkness », « Sleep »…) mais en bons Seattelites n’hésitent pas à se prévaloir d’un certain héritage grungy (« 7 Years », « War Drop »…). Pour le reste on est sur une tendance heavy où les plans sludgy sont tout aussi présents, avec des passages psych, presque pop parfois dans le travail mélodique très catchy (le chant d’Amy se prêterait bien à des passages aux confins du trip-hop – facile de se projeter via par exemple le couplet de « Daemonium »). Même le presque-indolent « Prayer », tout en lancinance mélodico-émotive (!) déroule posément pour conclure le disque avec légèreté.

Sans ambigüité, si ce n’est pas l’album le plus direct et « brut » de YOTC, ce troisième album est probablement leur meilleur, en premier lieu au regard de la qualité d’écriture démontrée, et de sa mise en son, propre et impeccablement appropriée aux ambiances développées. Ainsi armé d’une belle galette sous le bras, espérons que le duo puisse développer son activité scénique, n’étant pas habitué des grosses tournées, et encore moins en Europe. Puisse cette situation évoluer en ce sens pour voir le duo prendre enfin un essor mérité.

 


 

Note de Desert-Rock
   (8/10)

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