Abrahma – Reflections In The Bowels Of A Bird


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Après une première pièce de choix sortie sur Small Stone, ce qui n’est franchement pas la norme pour les formations hexagonales, le quatuor de Paris s’en revient sur la structure étasunienne avec le fruit de ses inspirations trouvées dans la carcasse d’un animal volant. Salué par la critique, le groupe de la capitale – né des cendres encore brûlantes d’Alcohsonic qui a jadis disséminé des pièce de bonne facture chroniquées dans ces pages – a foulé les scènes des grosses sauteries stoner et pas mal roulé sa bosse depuis la sortie de « Through The Dusty Paths Of Our Lives », son prédécesseur. Ceux qui avaient kiffé des compos aériennes comme « Big Black Cloud » ou « Tears Of The Sun » sur cette plaque peuvent se réjouir, ils vont être carrément aux anges avec « Relections In The Bowels Of A Bird » qui est une réussite du genre (voilà c’est dit ; à partir de maintenant vous pouvez cesser de lire ma prose et aller quérir le précieux).

Malgré le laps de temps relativement proche entre les deux productions balancées par les Franciliens, il faut rapidement se rendre à l’évidence que cette suite des tribulations des frenchies s’avère redoutablement aboutie et fort inspirée. On débute l’écoute, sans intro, par « Fountains Of Vengeance » qui prend son envol sur un gargouillis de grattes saturées pour aller rapidement rejoindre un registre proche du Soundgarden des grandes années (et ce n’était pas hier). Soli, ralentissements et une voix impeccable de Sébastien Bismuth qui se pose un peu comme celle de Chris Cornell sur « 4th Of July ». Après ce premier titre, qui se termine dans la plus pure tradition des formations instrumentales burnées du moment, « An Offspring To The Wolves » prend son élan tout en lourdeur et provoque immédiatement des mouvements de va-et-vient au niveau de mes cervicales. C’est heavy en diable, la section rythmique avec Guillaume Colin à la basse et Benjamin – aussi – Colin derrière les fûts envoie du gros bois et chipe gentiment la vedette à la doublette chants et guitares, lesquelles se déploient en un mur sonore lancinant durant les plus de six minutes sur lesquelles s’étirent ce titre de bon gros rock bien gras qui sent de dessous les bras.

On en reprend pour six minutes pour « Omen Pt.1 », qui, à l’image de « Vodun » sur le précédent opus, sera décliné en trois temps. Le numéro un de ce tiercé – qui est aussi le plus long – s’avère très catchy et il se distancie quelque peu du registre très heavy des premiers titres de cette production, en empruntant des sentiers assez proches des formations sans voix de l’écurie Napalm. Les grattes du chanteur et de Nicolas Heller se font aériennes. L’énorme solo de fin de titre fait un carton plein et nous ne sommes pas loin des prouesses du meneur de The Ultra Electric Mega Galactic, Ed Mundell, que nous retrouverons plus loin en personne, comme il l’avait déjà fait sur « Through The Dusty Paths Of Our Lives ». Après ce passage plus psychédélique, Abrahma revient en territoires entraînant avec « Weary Statues » qui est un titre énorme de rock qui tache. Je kiffe à mort ce morceau qui tabasse mes oreilles en envoyant du gras dès les premières secondes et s’enlise ensuite dans des plans nettement plus apaisés, avant de me reprendre à froid pour m’asséner une nouvelle dose de plans bourrins : une sacrée réussite !

Changement de décorum avec le second présage qui lève un peu la pédale question testostérone : bidouillage synthétique type vent du désert (ça tombe bien on adore ça), sons empreints de slide proche de l’homme-qui-baille et chants susurrés pour un trip qui monte en puissance pour passer dans le rouge aux deux tiers, avec un apport au sax de Vincent Dupuy, pour faire l’étalage des multiples talents de la formation hexagonale. Avec un titre comme « Kapal Kriya », je pensais rejoindre la galaxie My Sleeping Karma et l’intro du titre m’a conforté dans ma croyance. C’était sans compter sur l’esprit malin qui anime ces quatre garçons dans le bayou parisien : après une longue immersion sur fond de nappes synthétiques – mixées de manière à égarer l’auditeur qui vérifiera à coup sûr les connexions de son système de sonorisation – on s’envole effectivement dans l’espace escompté pour s’en distancer en empruntant au sludge quelques plans fort hargneux.

Exit les bidouillages et plans élaborés pour « Square The Circle » qui va droit au but. Ce titre trépident, proche de Dozer, est le plus concis de l’album et il s’inscrit dans la plus pure tradition du stoner bien pugnace donc terriblement efficace. Ce sera tout pour ce registre là puisque nous retrouvons ensuite la fin du triptyque qui annonce déjà le terme proche de cette plaque. Là aussi les types derrière les manettes ont joué avec les boutons quelques fois alors que le titre – presque instrumental dans son intégralité – prenait son envol. Je dois concéder ici que les arrangements du début, les nappes synthétiques redondantes et la retenue jusqu’à mi morceau m’ont laissé assez froid et c’est sans regret qu’après plusieurs écoutes je skippe fréquemment sur « A Shepherd’s Grief » qui renoue avec le génie de cette formation. L’avant-dernière plage de « Reflections In The Bowels Of A Bird » – sur laquelle Ed Mundell est venu poser une envolée soliste – renoue avec le génie qui anime Abrahma : début tout en douceur admirablement mis en forme, refrain puissant sans être dans le registre plantigrade, guitares acérées et rythmiques martiales. Après ce morceau de toute beauté, l’heure est venue de passer à la dernière plage : « Conium ». Ce titre – mixé par le batteur – se déploie crescendo en incorporant pas à pas les divers protagonistes de cette belle aventure : un résumé brillant d’un disque qui l’est.

Avec « Reflections In The Bowels Of A Bird », Abrahma marque à nouveau un maximum de points et prouve que sa présence sur une structure internationale n’est en rien le fruit du hasard, mais le résultat d’un investissement conséquent dans cet art qu’est le stoner conjugué à une bonne grosse dose de talent. Bougez vos culs pour notre scène et cessez de tourner vos yeux vers l’Amérique : ces régionaux n’ont absolument rien à leur envier !

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