Fulton Hill m’en avait touché une sans bouger l’autre. De la part d’un si bon groupe, l’album faisait figure de léger dérapage incontrôlé, notamment à cause d’un nouveau chanteur (John Weills) un peu “aléatoire”. Et bien il n’aura pas fait long feu : un album et puis parti ! Il est remplacé par le redoutable Kyle Thomas (Floodgate, Exhorder, pas une tafiole, quoi). Bingo ! Ils l’ont trouvé, le remplaçant de Throckmorton, enfin ! Effectivement, tandis que leur premier vocaliste s’imposait en vomissant ses tripes à chaque concert (et sur chaque album), avec conviction et attitude, Thomas assure, lui, essentiellement grâce à une technique imparable : dans des registres chant clair, ou bien dans des hurlements, jusqu’aux beuglements primitifs et aux râles les plus viscéraux, le bonhomme excelle (écoutez l’étendue de son registre sur “Words of the dying man”).
Les chansons défilent, et l’évolution du groupe se fait remarquable. Fini l’amateurisme, ATP devient un “gros” groupe de metal. Les compos sont brillantes, bluffantes même de qualité : les riffs sont ciselés, aux petits oignons, d’une précision et d’une efficacité que l’on n’est pas habitué à retrouver en telle quantité sur une même galette. Impossible d’ailleurs d’en lister un ou deux qui sortent du lot, ATP est totalement “riff-based”, une folie. Une leçon à chaque nouveau titre.
Finalement, le plus surprenant dans cet album est effectivement le professionnalisme, la qualité intrinsèque du groupe : la qualité de la prod est à tomber, et la technique (instrumentale) du groupe est stupéfiante. Auparavant, ATP passait en force, emportait l’adhésion au forceps, par son attitude et sa vigueur surtout. Désormais, on est obligé de noter la performance de la structure rythmique (Bryan Cox est excellent), et surtout les soli tout simplement hallucinants de Ryan Lake (qui repose sur la machine à riffs Larson, ça aide !).
Ma réserve intervient au bout de 12 écoutes successives (ponctuées de frénétiques headbangs) : le groupe signe avec “Open Fire” son meilleur album, sans hésitation. Le quintette se révèle plus fort que jamais, à un niveau de qualité technique et de composition que l’on ne pouvait soupçonner. En revanche, je regrette “mon” Alabama Thunderpussy, ce groupe poisseux, empreint de l’atmosphère sudiste dans le moindre de ses soli, qui se reposait sur la puissance de ses riffs pour tailler des montagnes instrumentales qui savaient séduire le fan de stoner, partageant le même goût de l’aventure musicale permanente, cette incertitude de tout moment avant de poser ses doigts sur un manche de gratte. On peut craindre d’avoir perdu ce ATP là. Mais j’attendrai de les voir en concert pour en juger. Dans l’attente, j’appuie à nouveau sur “play”.
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Très bonne analyse, je viens de découvrir ce groupe, il es pro, c’est top, enfin très bien.