Tout est surprenant chez Volcanova : leur origine géographique, leur genre musical… et la qualité de leur album ! Contrairement à ce que laisse supposer cette pochette un peu clichée mais sympa, le groupe ne vient pas d’une région richement dotée en plages tropicales ou spots de surf : le trio vient d’Islande, une patrie-île aussi fertile en groupes de stoner qu’en palmiers – c’est tout dire. Formés en 2014 autour du chanteur-guitariste-compositeur Samúel Ásgeirsson, le line up s’est stabilisé ces dernières années, sans toutefois parvenir à s’exporter en concerts au-delà de leur (petite) île, si ce n’est à travers quelques dates écossaises.
La seconde vraie surprise au sujet de ce Radical Waves tient donc au style musical qui soutient cette belle galette (10 pistes pour exactement 45 minutes de musique) : Volcanova est un groupe de stoner ! Un vrai, comme on en voit peu de nouveaux finalement ces dernières années. Mais pas forcément un stoner classique, bas-du-front, binaire et rébarbatif. Le stoner chez Volcanova est le fil rouge ténu, qui donne son liant à 10 compos variées, où l’hybridation musicale tient une large place. On en prend conscience dès l’intro, l’éloquent « Welcome », un instrumental de moins de 2 minutes de pur stoner-doom cliché, riffu et lent comme on aime, qui est enchaîné sans rupture avec le brillant « Where’s the Time », un titre punchy et enjoué, dont la ligne de basse sautillante fait lever les sourcils avant d’entendre l’incisif riffing 6-cordes prendre part au débat. Un peu plus loin, le groupe développe un refrain en chœur (une technique qui peut vite franchir la limite du ridicule, mais bien maîtrisée ici, ainsi que sur d’autres passages du disque, à l’image du refrain de « Super Duper van » ou de celui de « Stoneman »), puis un petit solo de fort bonne tenue vient joliment clôturer le titre, finalement bien représentatif de la production du groupe – même si c’est réducteur, un paquet de plate-bandes musicales étant foulées par nos sympathiques nordiques au fil de ces compos hautes en couleur.
L’ensemble est solidement renforcé par une armada de riffs, tous plus heavy et catchy les uns que les autres, clés de voutes de compos qui n’en demandaient pas tant : « I’m Off », « Stoneman », « M.O.O.D. »… Tout cela dépote proprement, sur des rythmiques tout aussi variées, allant du plus excité (« Sushi Sam », qui aurait pu trouver sa place sur un vieux Fu Manchu, période insouciante) au plus lent (« M.O.O.D. » dont certains plans sont une belle démonstration doom). Cerise sur le gâteau, un vrai travail est proposé sur les guitares, qui donne un vrai relief aux morceaux : soli en pagaille (plusieurs techniques), plans en harmonie, travail sur les sons…
Comble de l’audace, le combo n’hésite pas à utiliser des artifices aussi saugrenus (!) que le « tapage de mains » ou la mythique cowbell, et va orner ses titres de plans jazzy ou prog, sans qu’on n’ait, jamais, rien à y redire.
Bref, penchez-vous sérieusement sur ce combo, dont le disque, sur un petit label, ne devrait malheureusement pas faire parler autant qu’il le mériterait. Vous ferez non seulement œuvre utile, mais aussi du bien à vos cages à miel – garanti sur facture.
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