Quand tu habites dans une ville portuaire anglaise gavées d’habitats sociaux mais que ta commune fait tout pour promouvoir la culture et se sortir de sa piètre image, il est un peu normal que tu te tournes vers les arts et quoi de plus normal encore que de te mettre au sludge? (Ceci devrait prévaloir pour tous les groupes issus des zones industrielles déclassées sauf ceux de Birmingham qui ont déjà fait main basse sur tout le reste). Donc, Battalions, quartet anglais venu de Hull, fait crisser sa hargne sur galettes numériques depuis dix ans tout juste et sort son Pure Humber Sludge, soit 15 titres de graisse à ouïr pur jus.
15 titres… Mazette, ça fait beaucoup, non? et bien il a une petite subtilité, Battalions offre en fait pour ses dix ans une compilation remaster de ses deux premiers albums, Nothing to Lose et Moonburn, avec respectivement les 8 premiers titres et les 7 suivants. Donc si tu connaissais déjà le groupe, tu peux passer ton chemin, à moins d’être un fan absolu souhaitant jouir d’une meilleure qualité acoustique. Pour les autres, voici ce qui compose le groupe : Le chant est un hommage au papier de verre, sous toutes ses formes. (Sauf le papier de 1000 car tous les puristes vous le diront, “ça caresse bien trop, c’est pas un grain acceptable!”). Les mélodies sont aguicheuses et franches, parsemées d’un metal sudiste qui rend les compositions très enthousiasmantes. Battalions fait mouche à chaque titre prouvant ainsi qu’il connait son affaire.
Les descentes de la batterie sur “Hoods Up, Knives out” soulignent la gratte dont les riffs marquent l’oreille au fer rouge pendant que la voix te griffe le cerveau. A peine le temps de reprendre haleine avec trois morceaux que “Bog Faced Roy” vient foutre des coups de talon sur ce qu’il reste d’encéphale (Et à ce stade tu n’as pas encore épuisé la moitié de l’album). Le quartet s’adonne à des recettes musicales éprouvées mais au sein de morceaux distribués comme des rafales de coups dans les dents, à l’instar du grassouillet “Skin Job”.
Le son remasterisé pour l’occasion ne fait qu’ajouter au plaisir de l’écoute et les anglais ont donc redébarqué dans leurs plus belles hardes pour leur anniversaire. Afin de parfaire la sauterie, les gars ont convié Chris Fielding, frappeur de cordes basses chez Conan pour remixer le tout.
Battalions c’est un sludge humble (c’est marqué sur la boîte) qui ne cherche pas à foncer dans l’excès à tous les coups, juste une musique tantôt défouloir (“Moonburn”, “Betrayal and delusion”) tantôt ronde et dedelinante juste ce qu’il faut (“Shitstorm Trooper”, “God Century”). Des morceaux comme “Lotion Basket” aux frontières du thrash démontrent une polyvalence constante qui ne laisse pourtant jamais apparaître de faille entre les styles explorés. Pure Humber Sludge se comporte comme une galette pensée d’un trait. Battalions a eu de la suite dans les idées avec ses deux premières productions et a su maintenir de la cohérence entre ses compositions cet album en est la preuve.
Pour les amateurs de coups de poing dans le ventre, de musique bien faite et de subtilité grasse, Battalions est le groupe qu’ils vous faut. Ça se passe volontiers de commentaire et ça s’écoute en toute relaxation (ou pas). Battalions est un 4×4 sludge qu’on remercie de nous avoir convié à son dixième anniversaire car Pure Humber Sludge est une sacrée fête.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)
Pour avoir déjà été à Hull à 2,3 reprises,la ville a quand même une réputation pire que la réalité. C’est pas si mal que ça. Après c’est sûr si t’aimes pas le rugby à 13, la bière et les nuages(et encore…),ça va pas être forcément le pied(pas le même que celui de Foot et de Melbourne donc,villes qui ont pourtant des passions communes avec le foot(encore !!!!)australien en plus pour celle çi).