Décidément, il s’en passe des choses en Bretagne, plein d’initiatives intéressantes se matérialisent depuis plusieurs mois en lien avec la musique que nous aimons. Cette fois, c’est un nouveau groupe qui se fait connaître. Brain Pyramid, donc, en provenance de Rennes, est un trio formé il y a à peine plus d’un an maintenant, et compte en ses rangs Ronan, qui joue aussi dans les doomeux de Huata.
Mais point de doom ici : comme son patronyme le laisse penser, on baigne plutôt dans une ambiance psychédélique avec Brain Pyramid, mais pas tendance “planant”, attention : le groupe se pose en directe émanation des groupes de rock des années 60 et 70, dans la veine des guitaristes qui découvraient ou faisaient découvrir la disto et les prémices du fuzz, à la Hendrix par exemple. Dès le premier titre de cet EP, l’instrumental “Bad Luck”, on est pris par ce jeu de gratte, Gaston chargeant ses couplets de wah-wah et enquillant très vite les soli aériens. Derrière, la basse joue impeccablement son rôle modeste de structure rythmique avec ce son rond et chaleureux qui, effectivement, nous fait remonter le temps. “Stone Woman Blues” se repose avec insolence sur une rythmique… de blues (!!) on ne peut plus classique (trop ?), avant de partir sur la fin du morceau sur une jam endiablée renforcée encore par une basse punchy et toujours un jeu de batterie à l’avenant. Même tonalité blues, et même bluegrass sur le (toujours bien nommé) “Mary Jane Blues”, intégralement jouée en steel guitar / bottleneck. Retour dans le rock 70’s avec “Cosmic 1000 years” et son irrésistible boogie, qui vient charger une jam de quasiment cinq minutes non stop, qui finit avec un pied sur l’accélérateur, et une rythmique qui doit avoir les bras qui chauffent… L’EP se termine sur “Electric Spell” et son mid tempo toujours typique des productions sous acide du siècle précédent, qui se conclut lui aussi par un instru sur trois quarts du morceau. Sur le fil de l’album, le chant pour ma part laisse en revanche un peu à désirer : très marginal sur un disque largement instrumental, ce chant presque “parlé”, en anglais “avé l’accent”, noyé sous une tonne d’effets… Il y a probablement quelque chose de mieux à faire là-dessus, espérons que le groupe trouvera ses marques sur ce point.
Léger effet pervers des jams à rallonge qui se glissent ici ou là dans les morceaux : au même titre que des groupes comme Tia Carrera par exemple, on perd occasionnellement la ligne directrice des titres, la structure des morceaux… Difficile de trouver l’équilibre entre le jeu live et la structure rigide nécessaire pour tout support enregistré. Mais il est évident que le potentiel du groupe est bien là, et l’on se prend à espérer de nouvelles productions qui pourront bénéficier de la maturité croissante du combo. Quant au live, c’est une évidence à l’écoute de ces cinq titres, c’est là que le trio prend vraiment vie, et il ne faut surtout pas les rater.
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