Nouvelle sortie pour Altsphere (et PlasticHead au Royaume-Unis) afin de commencer l’année en lourdeur toute martiale (un peu comme l’ambiance du moment) : les Français de Broken Down. Sur le papier, cette production donne moyennement envie, mais elle excite ma curiosité et le bon goût de la structure proposant cette plaque a enfoncé le clou pour que je me plonge rapidement dans l’enfer conçu par cette bande du Sud-Ouest.
Formé à la belle saison en 2014, cette formation décrite sur la bio comme étant active dans le registre de l’industrial doom metal. Registre qui, vous en conviendrez, n’est pas tellement en adéquation avec nos pages digitales, sauf en ce qui concerne le doom dont nous nous sentons assez proche. Se targuant de décomposer les signaux sonores en composants primaires (j’invente pas, je l’ai lu !) comme base pour élaborer ses compositions, Broken Down attise mon intérêt avant même d’investir mon lecteur cd avec ce premier crachat sonore. Le patchwork décrit dans la présentation ratissant extrêmement large (musique industrielle, doom, down-tempo, sludge, hardcore US, southern metal, black ou stoner), l’univers musical dans lequel se déploie l’art de ce groupe se devait d’être au minimum hyperbarré et, après quelques écoutes attentives, je peux affirmer sans voir mes joues rosir que c’est effectivement le cas.
Cette première déclaration belliqueuse envoie sept missiles ravager l’intérieur de ma boîte crânienne à grands renforts de riffs distordus aux tempi ralentis qui d’entrée de jeu provoquent des vas-et-viens au niveau de ma nuque. L’univers musical ici exploré transpire la crasse. Les titres se succèdent de manière fort cohérente en amenant tous leur lot de lourdeur féroce rendue glaciale par l’adjonction de gimmicks industriels qui jamais ne prennent le pas sur le doom jouissif pratiqué par les Hexagonaux.
Hyperstructurées, les compos balancent du gras et la mise en arrière des murs de grattes laisse pas mal de champs à une voix plutôt claire qui donne un rendu remarquable à ce premier effort. Côté titres, en débutant par la fin, nous avons droit à un instrumental de deux minutes pour clore cette production : « Southern Wave Of Goodbye » qui poutre en diable avec un riff à quelques encablures de celui de l’ « Empereur Tomato Ketchup » (si ça c’est pas de la référence stoner…), à deux relectures plombées : « Like A Witch (Daddy Doom) », un cover burné du standard « Daddy Cool » qui avance à un rythme bradycardiaque en dévastant tout sur son passage, et « Doom », le tubard discoteux d’Eiffel65 sur un beat ralenti de moitié et avec un gros son distordu comme trame de fonds ; c’est plutôt drôle à la première écoute…
« On The Way To Be Yourself » qui mêle sonorités acoustiques, rythmiques organiques, distorsions légères et chants hallucinés propose presque 5 minutes de doom sombre très classique et forcément imparable ; exit l’anecdotique et bienvenue en terres traditionnelles ! La troisième plage de cette galette : « How Could It Be » est l’ovni de cet ovni ; un titre bref, empreint de sauvagerie et presque trop rapide par rapport au reste de l’album. Les deux premiers titres sont ceux à qui vont ma préférence : « A Pill Hard To Swallow », un brulot vitaminé très dark ,qui se déploie crescendo et dont les riffs ainsi que les parties vocales éclipsent le volet industriel, et « You Covetous, I’M On A Roll » : l’incarnation du pachyderme dans la boutique de verroterie vénitienne.
Une sortie improbable, qui écrase sa chatte comme on dit par chez nous, se rapprochant de Ramesses pour la sauvagerie, de Ufomammut pour le rendu bidouillé, de Doomraiser pour le volet lancinant et les vocaux ainsi que de quelques anciens Neurosis pour ce qui est de la texture industrielle. Une production qui s’adresse donc à un public averti, amateur de sensations aussi délicates que le décrassage du canal auditif à la perceuse-frappeuse.
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