Ces dernières années, la gestion du roster chez Napalm records s’apparente un peu au nettoyage des écuries d’Augias, et Conan, faisant partie du lot des « nettoyés », se retrouve hébergé chez les conciliants Heavy Psych records pour ce nouvel album. En outre, le line-up du groupe, que l’on croyait peu ou prou stabilisé, est à nouveau chamboulé, David Ryley prenant la 4-cordes des mains de Chris Fielding (mais rassurez-vous ils restent copains).
L’album précédent de Conan, Evidence of Immortality (2022), les voyait revenir franchement dans les bases de leur zone de confort, celles d’un doom lourd, lent, dur, puissant et froid. Les premiers titres de Violence Dimension semblent inscrire le groupe dans la même mouvance (le titre du disque ne laissait pas présumer une évolution vers des sentiers plus légers ou enjoués), à savoir une absence de surprise pour l’auditeur. Déjà, avec seulement deux (vrais) titres de moins de 9 minutes, le groupe de Jon Davis confirme cette orientation, déjà observée via les compos de Evidence of Immortality : le groupe use et abuse des riffs bulldozer qu’il fait tourner ad lib (ad nauseam ?) pendant de longues séquences… parfois au-delà du raisonnable ? Il est vrai que la ficelle est facile… mais ils la maîtrisent bien.
Niveau écriture, ça ne fait pas dans l’originalité, et l’intro sur « Foeman’s Flesh » avec son riff à 3 notes donne bien la tendance, de même que celui (à 4 notes, lui) du titre suivant « Desolation Hexx »… Des compos classiques qui trouveront sans rougir leur place dans de futures set lists des anglais. Le bien nommé « Total Bicep » vient apporter un peu de nerf à ce début de disque un peu trop tranquille, avec une rythmique emballante qui s’appuie plutôt sur des préceptes hardcore-metal/sludge. Il s’agit d’un des titres les plus efficaces du disque, avec « Frozen Edges of the World », qui mêle lui aussi riffs-enclumes, breaks sauvages et rythmique énervée.
Un léger malaise s’installe avec le morceau-titre de l’album, qui déroule pendant plus de neuf minutes un ersatz de Bongripper sans relief ni intérêt (riff répété non stop, avec effets de pédales faciles)… y voient-ils une prise de risque ? Un peu plus loin, le trio convoque à nouveau l’esprit du quatuor de Chicago via « Ocean of Boiling Skin », en particulier à travers son break médian, brutal, et globalement la deuxième moitié du titre.
On passera enfin sous silence ce « Vortexxion » proposé en bonus (sur CD ou sur la version double vinyl), qui voit le trio proposer un délire drone/bruitiste qui se transmute progressivement en une sorte d’enfant caché indigent de Sunn-O))) (et tout ça pendant douze minutes !).
Violence Dimension s’avère être un plutôt bon album de Conan, qui joue la facilité, proposant une poignée de jolies pépites qui pourront enrichir les prestations live du groupe. Petit à petit le groupe semble devenir une sorte de Madeleine de Proust du stoner doom classique, une valeur sûre vers laquelle on se réfugie avant tout pour le sentiment de confort que leur musique procure. C’est appréciable. Petit signal négatif toutefois sur ce disque : ses (très) modestes velléités expérimentales ne sont pas vraiment réussies, ou tout du moins ne sont pas intéressantes. Espérons qu’ils trouveront des voies de développement un peu plus prometteuses, car, à ce stade, on a quand même l’impression que le groupe stagne un peu.
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