Une bien agréable découverte aujourd’hui que ce disque de Condenados, un combo qui, s’il était jusqu’ici inconnu de votre serviteur, propose pourtant aujourd’hui son déjà troisième LP, après plus de douze ans d’existence. Tandis que leurs deux précédents disques étaient sortis sur un label obscur (Shadow Kingdom Records), ce El Camino de la Serpiente, qui paraît sur un petit label chilien peu productif, ne semble pas non plus promis à exploser dans les charts. Un label chilien, oui, puisque, comme son patronyme aura pu vous le laisser présumer, Condenados est un groupe chilien. Et comme ils ne font pas les choses à moitié, ils chantent en espagnol.
Conséquemment, les écoutes s’enchaînent et on est souvent ramené une ou deux décennies en arrière, croyant entendre des volutes de Los Natas (les argentins chantant aussi en espagnol). Condenados partage aussi avec leurs voisins argentins cette prod austère et râpeuse qui ne triche pas. Passés ces détails formels, on s’attache enfin au fond des choses, à savoir la musique. Avec simplement deux paires de bras (le batteur assure aussi le jeu de basse pour le studio) les gars se concentrent sur l’essentiel, et élaborent une douzaine de titres qui vont taper dans toutes les variantes du heavy rock / doom metal, à mi-chemin entre révérence old school et l’énergie frondeuse de musiciens qui n’ont rien à perdre. On pense beaucoup à R.I.P. sur ce disque, cette énergie revival authentique donne le sourire, même si ici on est dans du pur premier degré.
On se laisse donc porter par ces riffs AOP doom metal (sud) américain, qu’on encaisse les uns après les autres en se disant que, décidément, ces gars sont inspirés et savent écrire. “El Diablo”, le groovy “Condenados”, le presque punk “El Carro y la Torre”, le jovial et entraînant “El Camino de la Serpiente”… Du riff encore et toujours. Et quand ils s’éloignent un peu du sillon doom, c’est pour mieux y revenir avec des tempi lents en diable (“Mi Maldiciòn”, “Humo Negro”, “Tierra de Cementario”…). Que des compos à fredonner sous la douche, le bras tendu en l’air et le poing rageur.
Ces gars ne sortiront peut-être jamais de disque de l’année, ils auront probablement du mal à trouver une poignée de concerts dans l’année dans leur région, ne parlons même pas de la perspective de les voir monter sur des scènes nord-américaines, voire européennes… Ils ne seront probablement pas mentionnés comme référence musicale pour d’autres musiciens, et globalement laisseront une trace modeste dans le paysage musical. Pourtant, que leur intégrité fait du bien à entendre ! Le plaisir provoqué par l’écoute approfondie de ce disque est réel. Evidemment, la plaque est perfectible, quelques titres peuvent apparaître plus faibles, la prod aurait pu apporter plus de relief ici ou là, mais ce ne sont que des détails qui ne viennent jamais vraiment dénaturer l’authenticité de cet ouvrage de passionnés.
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