2008 commence à peine, et déjà on prédit que le coup de bluff de l’année sera cet album de Danko Jones. Après 2 albums furieux, deux mollards nerveux crachés à 3 ans d’intervalle, Danko ne franchit pas seulement une marche avec son nouveau disque, “Never Too Loud” – il franchit un ravin, escalade une falaise à mains nues, et plante un drapeau “rock’n’roll” en haut de l’Everest !!
Alors qu’à l’instar d’un AC/DC, le trio canadien pratiquait peu ou prou le même genre musical depuis quelques années (un gros hard rock / punk-rock-isant, essentiellement composé d’hymnes dégoulinants de sueur et de riffs nerveux), avec une réussite remarquable et sans jamais la moindre lassitude (de la part de l’auditeur), personne ne pouvait prédire une telle évolution.
L’album commence par un “Code of the road” finalement pas dépaysant. Mais dès “City streets”, on croît entendre… “Thin Lizzy” ! Tant le chant que les harmonies de guitare nous rappellent les géniaux irlandais… Voilà une influence que l’on ne pensait pas retrouver chez Danko Jones ! On retrouvera ces sonorités fortement Lizzy-esques dans “Ravenous” quelques plages plus tard, avec une intro pompée sur celles de “Jailbreak” ou de “The boys are back in town”, et des envolées de guitare qui, si elles n’étaient pas si jouissives, frôleraient le plagiat !
Evidemment, on retrouve une belle série d’hymnes parfaitement dans la lignée du Danko que l’on a appris à adorer : le lancinant “Still in High School”, l’impeccable “Let’s get undressed” ou “Something better” n’auraient pas détonné sur l’une des 2 galettes précédentes du canadien. “King of magazines” sort aussi son épingle du jeu : même si elle ne détonne pas de la part de Danko Jones, la prouesse au chant du bonhomme et l’efficacité de la compo sont remarquables. Plus loin, “Your tears, my smile” emporte le ponpon : sur un riff sec et saccadé (qui nous rappelle de bons souvenirs), Danko signe l’une des meilleures compos de l’album.
Ensuite, le morceau que l’on attendait tous était évidemment “Forest for the trees”, que la rumeur annonçait déja comme “le morceau stoner composé par Danko Jones”. Gagné, il s’agit d’un pur morceau stoner. Même si on lui reprochera d’être un peu trop propre derrière les oreilles pour être honnête, la gratte 100% sabbathienne et la rythmique pachydermique (jetez une oreile au duo basse-batterie de ce titre, et vous aurez l’impression de ré-écouter “Volume 4”) fonctionnent impeccablement. Et lorsqu’à mi-morceau, Pete Stahl apporte son timbre chevrotant suave si particulier à la seconde partie des couplets/refrain, soutenu par ni plus ni moins que John garcia en “choeur de luxe” sur le refrain, forcément, ça le fait. Ca sent l’hommage, c’est honnête, et ça fonctionne. Rien à dire.
Au rayon des “too much”, on aurait pu se passer en revanche du folk “Take me home”, qui n’apporte pas grand chose d’autre que l’info que, oui, Danko Jones peut aussi jouer du folk à la gratte acoustique, et bien le faire.
Au niveau de la prod, Raskulinecz (une grosse machine de la prod hard rock US qui pond du single) accomplit un travail redoutable, si bien que l’on en vient parfois à se demander comment, sous forme de trio, le groupe parviendra à rejouer tout ça sur scène.
Pour conclure, difficile d’appréhender ce disque pour un fan hardcore de Danko Jones : il serait quelque peu frustré par les premières écoutes (ce fut mon cas). Mais au gré des écoutes suivantes, la qualité remarquable de l’objet l’emporte sans ambigüité. Jamais Danko Jones n’a pondu d’album si ambitieux et couillu. Jamais non plus il n’a “ratissé si large”. Mais ce n’est pas forcément péjoratif. Ou en tout cas, de la part du passionné de hard rock qu’il est, c’est un gage de sincérité, et de réussite. Sans effacer la qualité de ses productions précédentes, “Never Too Loud” marque une évolution hallucinante dans la carrière du trio canadien. Bluffé. On attend de voir sur scène.
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