Après un premier album éponyme sorti en mars 2016 qui établissait un projet et laissait entrevoir de belles idées (gros riffs, variations rythmiques, chant volontairement sous-mixé…), Deadsmoke remet le couvert cet automne 2017 avec un deuxième opus, intitulé Moutain Legacy, sorti, tout comme le premier, sur le label italien Heavy Psych Sounds.
Dès la première écoute, on remarque que les Italiens ne modifient pas leur formule de manière considérable, mais la font toutefois évoluer. Nous sommes en présence d’un sludge/doom monolithique aux tempos majoritairement lents, mais davantage aéré sur ce second album par des passages plus rapides et/ou calmes. Le chant est utilisé avec parcimonie, volontairement placé au second plan ce qui met en valeur les longs passages instrumentaux et les structures des morceaux tendent à s’éloigner du format classique couplet-refrain. Les samples et les sons de synthétiseurs sont des éléments qui étaient présents sur l’album précédent et qu’on retrouve sur Mountain Legacy. Le groupe prend donc le parti d’assumer sa formule ce qui est un moyen pour lui d’affirmer son but d’un point de vue artistique.
Cependant, on sent, au fil des écoutes, émerger une progression considérable dans la qualité des compositions. La formule et les partis pris du groupe semblent ici mieux maîtrisés. Les transitions se font plus marquées avec une alternance de gros riffs aux tempos lents mis en relief par des rythmiques plus vives ou des passages épurés. Si sur le premier album, les différents effets employés pouvaient avoir tendance à trop évoquer Ufomammut, ils sont, à présent, utilisés de manière plus pertinente (notamment sur l’intro « Malevolent Path” ou l’interlude « Forest Of The Damned »). De même, sur « Moutain Legacy », le son d’ensemble guitare-basse se démarque de celui, très tellurique, du premier album qui pouvait facilement faire penser à Conan. D’une manière globale, les influences du groupe semblent mieux digérées et l’évolution de ses compositions lui permet d’asseoir son identité artistique.
Morceau coup de cœur: « Hiss Of The Witch » qui est à mon sens la pierre angulaire de cet album avec un riff principal mettant du temps à se dévoiler et qui est mis en évidence par la rythmique plus rapide des couplets ainsi que la présence du chant – volontairement sous-mixé – s’ajoutant comme une nappe supplémentaire. Après une accalmie faite de chants célestes (religieux ?), le riff brise-nuque débarque dans les chaumières avec pour seul objectif le décollage pour la planète parpaing.
Au rayon des bonnes idées: « Emperor of Shame » surprend avec son tempo s’éloignant des standards du genre qui vient ajouter du relief à l’écoute globale de l’album.
Le morceau-titre « Mountain Legacy » qui, après un départ lent et massif prend des tournures plus planantes (psychédéliques voire légèrement space-rock) sur sa deuxième moitié avant de clore l’album avec un riff pachydermique.
En bref, Deadsmoke nous dévoile sur « Mountain Legacy » une réelle identité artistique. Les Italiens parviennent à nous tenir en haleine pendant les 39 minutes de l’album et réussissent à nous faire entrer dans leur univers grâce à la cohérence de leur projet artistique et à l’ambiance générale de l’album qui est sans doute son point fort majeur.
(Pour donner votre note,
cliquez sur le nombre de cactus voulus)
Laisser un commentaire