Lalaland 432
La spiritualité et les respirations comme moteur de progression, comme un mantra voir une obsession, une caractéristique plus que tatouée à peau d’intention chez Domadora et ce, depuis ses débuts.
Sans nouvelles depuis leur Lacuna de 2018, les parisiens se muant en un quintet complémentaire pour l’occasion, déroulent sous nos esgourdes attentives, The U Book, un recueil de sueur, d’acide, de miel et d’envie pour qui saura fermer les yeux et se laisser emporter par la succincte mais fleuve track-list de ce nouvel opus.
La sueur donc, mue par le morceau d’intro, digne et fidèle représentant de la patte Domadora. Un long solo de guitare frénétique, enjoué et versatile se déploie sur une base solide s’attelant à tresser ses discrets mais solides motifs rythmiques sur plus de neuf minutes. C’est le ventricule gauche d’un Earthless qui bat la chamade en guise d’amuse-gueule électrique.
L’acidité ensuite, car en en se laissant pénétrer par les cinquante minutes que représente le duo « Following the Teachings – Spiritual Seeds » difficile de ne pas entrer dans une transe buvardesque à se dervichetourner l’équilibre. Les contrepoints rythmiques habituels et fondations routines à l’expression de la guitare sont, ici, les éléments centraux. Psalmodiés à la déraison, ils nous convient à une écoute de tous les instants, alerte et curieuse. Le champs sonore plus libre qu’à l’accoutumée permet à la section rythmique de s’épanouir et de s’exprimer sans retenue. On notera au passage le remarquable travail du nouveau venu Ardwel Courta sur l’ensemble de ce paysage sonore.
Le miel pour le moins mais la douceur tout de même étonnamment apportée par le titre éponyme qui voit les parisiens jouer une partition qu’on ne leur connaissait pas ou plus. Celle de l’accessibilité, qu’on n’avait pas entendue depuis le titre « Chased and Caught » paru sur Tibetan Monk. A savoir une musique dépouillée de toute complexité et d’intentions multiples, juste portée par la mélodie et la volonté de faire dans l’efficacité. « The U book » le titre est d’une simplicité touchante et épurée, où la guitare aux accents Mark Knopfleriens fait des miracles quant à l’interprétation de son propos. Par trop gourmande sur la durée, la piste se pare tout de même de jolies entournures sucrées apportant une vraie chaleur à l’ensemble du nouvel opus.
L’album est un concentré de plaisirs, sans contraintes, ni barrières stylistiques. En délaissant la guitare solo à outrance pour plus de paysages sonores, Domadora s’ouvre un champs des possibles absolument vertigineux et excitant. Un terrain de jeux où l’on entend véritablement sourire les musiciens. Et même s’il est parfois trop gourmand et décousu, The U book est un voyage sans pareil pour les adeptes de jams et de libertés, un livre musical savoureux qu’il nous tarde de goûter en live sans plus tarder.
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Dommage qu’un CD n’est été commercialisé…
génial