L’an dernier, aussi discrète que fut sa sortie, Love Jail avait assis Dommengang à la table des groupes prometteurs, à surveiller de près. Il n’aura pas fallu attendre très longtemps (même pas un an et demi) pour recevoir son successeur, leur troisième album en l’occurrence, No Keys. Le ressenti est vite confirmé : l’album est éclatant de maîtrise, de créativité et de talent.
Tant qu’à valser entre les étiquettes, on peut caler Dommengang dans une veine heavy psyche qui étend ses ramifications au blues rock, au hard rock, etc… En effet, le trio excelle dans la composition de titres groovy et nerveux, aux sonorités tantôt planantes tantôt plus tendues, où saturation et sons clairs se font perpétuellement la cour. Le groupe se distingue par un talent d’écriture qui rend chaque titre malin, efficace et accrocheur, le tout étant servi par une prod discrète mais qui ne tombe jamais dans le piège de sonorités vieillottes (réflexe facile des groupes qui se revendiquent de racines musicales du siècle précédent).
Les pépites sont nombreuses, mais n’allez pas plus loin que le premier titre, « Sunny Day Flooding », pour vous convaincre : intro basse mâchoires serrées, leads guitare libératrices, chant chargé de reverb emballant, on est pris par la main jusqu’au refrain impeccablement ciselé. Il en va de même pour « Wild Wash », son riff de basse énervé et ses vocaux harmonisés captivants… Le groupe ne manque pas de facettes et de surprises, à l’image de ce « Kudzu » jovial et entraînant, qui rappellera à travers son voluptueux solo central les grands Domadora dans un contexte jam band instrumental. C’est d’ailleurs en format instrumental que le trio tombe certaines de ses meilleures cartes, à l’image de ce très bon « Arcularius – Burke » qui mélange structure prog et séquences jam emballantes sans jamais provoquer l’ennui ni se répéter sur ses presque sept minutes.
Quelques titres sont moins enthousiasmants sur le long terme, mais… même le terne « Earth Blues » ou le très lent et planant « Stir the Sea » restent des titres marquants et mémorables après 2 ou 3 écoutes à peine. Le tout se termine dans une extase psych-blues (!) avec le fiévreux « Happy Death (Her Blues II) », où le chant onctueusement nasillard (!!) de Brian Markham en intro fait écho aux vaporeux riff bluesy de Dan Wilson, accompagnées exceptionnellement (et opportunément) sur ce titre de langoureuses nappes de clavier. Chaud.
Peu aidés par une sortie assez discrète, il serait dommage que la qualité de cette galette – et de ce groupe – passent encore inaperçus. On encourage les découvreurs de talent et les amoureux de bons groupes dans les veines musicales sus-mentionnées de se pencher avec bienveillance sur cet album qui le mérite à bien des égards.
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