Dopethrone – Hochelaga


Hochelaga

S’il est né dans la poisse des marécages de la Nouvelle Orléans, le sludge est un virus qui a aujourd’hui infecté tous les foyers bactériologiques propices à sa prolifération. Et pour le coup, Hochelaga – quartier ouvrier de Montréal tenant son nom d’une tribu iroquoise – est un terrain infectieux parfait. C’est dans cette zone résidentielle, loin d’être la plus attractive de la capitale francophone américaine, que sont depuis toujours établi les trois Canadiens de Dopethrone. Leur doom/sludge aussi crasse que classe en a fait, depuis leurs débuts en 2008 (mais aussi et surtout depuis leur apparition au Roadburn et leurs incessantes tournées européennes ces dernières années) un groupe établi de la scène.

Si leur nom tient en vérité plus de Darkthrone que d’Electric Wizard, leur son creuse quant à lui l’idée d’un doom narcotique aux inflexions vocales suant le sludge bas du front, avec l’indéniable avantage de composer des titres souvent efficaces voire carrément inoubliables. J’en veux pour preuve leur reprise de « Ain’t No Sunshine », contre-emploi impeccable pour un titre digne de siéger aux côtés du « Give Me Back My Bullets » de Weedeater au rayon des reprises qui tâchent. Quatrième production du trio, Hochelaga s’inscrit dans la droite lignée des précédents. Dégoulinant en première intention de petites perles sludge à l’efficacité redoutable, l’album dévoile un torrent de subtilité dans sa seconde moitié. Les ingrédients demeurent inchangés : références sonores à la contre culture la plus morbide des US, science du riffing et apologie du sale, les Montréalais n’ont pas changé leur recette d’un iota.

Reste que ce quatrième effort diffuse subtilement sa puissance, s’offre quelques aérations au détour d’un break et imprime son empreinte dans l’esprit, fusse t’elle celle d’une semelle pleine de boue. Au rayon incontestables hits, « Sludgekicker » et « Scum Fuck Blues » ne devraient pas sortir des set lists du combo avant un bon bout de temps, mais il serait dommage de passer à coté de la véritable réussite du disque, « Dry Hitter », qui outre le fait d’être d’une puissance émotionnelle rare, annonce sans claironner une passe de trois titres de plus de 6 minutes à l’approche plus subtile que le début de l’opus. Ainsi Dopethrone fait étal de son savoir faire en mid tempos aux structures changeantes, au point que l’on serait tenté d’accoler le terme psychédélique à leur musique, quoi qu’il pourrait être ici perçu par le trio comme une insulte. Néanmoins la passe de quatre est brillamment passée pour nos trois canadiens, qui publient peut-être là leur album le plus abouti et sans conteste l’un des plus notable de ce premier tiers de l’année 2015.

 

Le point vinyle :

On peut compter sur Totem Cat, tenu par un fondu de vinyle, pour faire les choses correctement. Hochelaga est donc publié en version jaune marbrée noire ainsi qu’en version classique. Chacun de ces pressages a été fait à 250 exemplaires et est bien évidemment sold out. Un second pressage noir sera disponible sur la tournée du groupe ; d’autres surprises peuvent venir s’ajouter à cela par la suite.

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