Après l’excellent Sonic Prayer signé en 2005 chez Gravity Records, ce sont deux productions d’égale qualité plus un split avec Harsh Toke qui sortent chez Tee Pee Record les années suivantes. Puis en ce début d’année 2018, Nuclear Blast Entertainment reprend la main et offre à Earthless une nouvelle occasion de nous en mettre plein les oreilles.
Et faut-il encore présenter ce trio californien ? Du jam instrumental survolté au space rock en passant par un krautrock teinté de psyché, Earthless conduit un bus dans lequel il vaut mieux attacher sa ceinture. Un manque apparent de structure au profit d’une sensation de jam permanent. La batterie de Mario Rubalcaba, véritable locomotive fiévreuse, installe le décor, épaulé par les lignes de basse à casser des bûches et tout aussi inébranlables de Mike Eginton. Là-dessus, une fois le four à température, Isaiah Mitchell abandonne ses riffs et s’envole dans d’interminables soli. On est littéralement arraché à notre chaise et recraché quelque cent kilomètres plus loin par ce cyclone. Lessivés.
Avec Black Heaven, si nous nous délectons toujours de la substance d’Earthless, certaines constantes ont cependant évolué. Déjà le nombre de pistes de la galette : six, ce qui peut sembler maigre, mais se révèle un record pour le groupe habitué à presque la moitié moins. Par ailleurs et conséquence directe du précédent point, pas de morceau de vingt voire trente minutes ici. On va même jusqu’à pousser le bouchon à moins de deux minutes avec « Volt Rush ». Un condensé cristallisé de tout ce qui fait l’âme du groupe.
Autre nouveauté : la voix. Si la présence du chant demeurait anecdotique dans la discographie du groupe, son utilisation apporte sur Black Heaven un vrai plus. Monsieur Mitchell nous prouve ainsi qu’entre deux soli frénétiques il est capable d’entraîner aussi par ses lyrics. « Gifted by the Wind » en est l’exemple typique. À l’instar d’« End to end » ou d’« Electric Flame » on s’aperçoit que ce chant vient cadrer la musique en lui apportant une structure un tantinet plus classique.
Le titre éponyme reste à bien des égards la pièce maîtresse de l’album. Des soli qui n’en finissent plus, un groove puissant qui danse sur un solide riff dont les premières notes rappellent sans mal le « Good Times, Bad Times » de Led Zeppelin. De manière générale, il s’avère difficile durant l’écoute d’omettre Black Sabbath, Led Zep ou encore Hendrix. En cela le groupe conserve sa patine. Et ce jusqu’à « Sudden End », morceau aux accents plus mélancoliques doté d’une mélodie lancinante sur laquelle la guitare vient pleurer son solo comme si tout s’arrêtait. On sent que la course s’achève et que l’on est de nouveau autorisé à respirer.
Un album plus standard dans sa construction donc, mais aussi sans doute plus accessible aux néophytes. Il emprunte sans conteste plus au hard rock que ses frères, sans pour autant décevoir les amoureux de jam déjanté et de fièvre électrique qui constituaient et constituent toujours l’essence d’Earthless.
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