J’aime la musique. Et l’une des choses qui me fascine dans cet art c’est cette faculté qu’ont certains humains à mettre côte à côte des sonorités, les emmêler, les triturer pour vous donner ce qu’on appelle musique. C’est captivant. Et dans ce registre, il y a eu de tous temps des personnes, des groupes, plus doués que d’autres. Des compositeurs d’un niveau supérieur, qui maitrisent leur art, qui ont ce petit truc qui vous touche encore plus. Earthless en fait pour moi indéniablement partie. Et ce n’est surement pas avec ce nouvel opus que je vais les retirer du piédestal où je les ai placés lors de leur découverte. Chronique d’un disque qui ne pouvait qu’être bon.
Après une incursion du côté des formats courts, comprendre par-là entre 5 et 10 minutes, le groupe retourne à ses premiers amours avec le format 20 minutes. Après avoir poussé la chansonnette, on retourne aussi sur de l’instru 100% pur jus. Retour aux sources donc pour ce groupe qu’on avait découvert sur ce format.
On retrouve aussi une construction par mouvements, comme une symphonie. Chaque titre se découpant clairement en plusieurs phases, plus ou moins différentes mais clairement identifiables.
“Night Parade of One Hundred Demons, Pt. 1.”
On commence doucement, pas vraiment de rythme clair, on touche les cordes, on effleure les cymbales. On se place et on installe une ambiance. Un peu comme en live lorsqu’on cherche encore son écho parfait, son accordage favori, comme si on s’adaptait à la sonorité de la salle avant de vraiment commencer. On teste les effets, on se regarde entre musiciens et on se sourit. Voilà plus de 4 minutes et un premier motif de guitare se montre clairement. On est prêts, on peut commencer. On teste quand même un petit solo discret pour voir si les ultimes réglages sont bons. Petit blanc… et hop, on y va. C’est parti pour 12 minutes de pur fuzz, de pur solo, de pur Earthless. La basse et la batterie ont leur rythme respectif, Isaiah Mitchell peut donner libre court à sa créativité. Toujours avec cette impression d’être à mi-chemin entre l’impro et la composition. “Listen Without Distraction”, vous connaissez surement cette expression. Elle ne s’applique jamais aussi bien qu’à ce groupe. Laissez vous transporter, laisser vous prendre par ce son unique. Plus de 12 minutes après le début, troisième mouvement qui s’enclenche. Gros son, gros riff, et solos qui vous fouillent le cerveau à la recherche du dernier espace à occuper. C’est splendide, c’est imparable.
Qui dit Part 1, dit Part 2.
La construction est assez similaire à la première partie. On redémarre avec un rythme lent. Allez, je vais dire un peu de mal quand même, ce premier mouvement est peut-être un peu trop long. Ou alors c’est l’impatience qui parle car on sait d’avance que tout cela va déboucher sur un truc de dingue, on le sent. Et on ne se trompe pas. C’est donc après plus de 11 minutes de cette intro planante que le groupe repart avec fougue explorer les tréfonds de nos émotions en enclenchant le deuxième mouvement. Et l’attente en valait la peine. C’est hallucinant dans tout les sens du terme. Comment peut on sortir des sons pareils, comment peut on trouver ces enchainements, ces changements de sonorités, comment est-ce possible ? Je terminais ma chronique du live From The West avec ces mots « Heureux sont ceux qui ont vu Isaiah Mitchell sortir de sa guitare de tels sons avec un tel feeling ». Je ne trouve pas meilleure punchline pour attirer le réfractaire, pour vous persuader de la nécessité absolue d’écouter ce disque.
Après nous avoir parlé de la violence de la mer Rouge (“Violence Of The Red Sea” – From The Ages, 2013), voilà que c’est la mort du soleil rouge que le groupe souhaite dans le troisième titre (“Death to the Red Sun”). Sorti en single sur les plateformes de streaming quelques semaines avant l’album, ce titre a déjà eu l’occasion de passer un paquet de fois dans ma playlist et que vous dire si ce n’est que les 20 minutes de ce titre sont exceptionnelles. Pas de temps mort, intro réduite au minimum. On est dans le vif du sujet rapidement et on ne reprend sa respiration qu’à la fin. C’est encore une fois un hymne à la sainte guitare électrique avec un Isaiah Mitchell inspiré.
Retour aux fondamentaux donc pour Earthless qui sort ici un album absolument magnifique. La technique et le feeling d’Isaiah Mitchell aidés par une rythmique basse/batterie irréprochable et ce sont trois nouvelles pépites qui s’offrent à nous. Chapeau bas, une nouvelle fois messieurs.
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Tout à fait d’accord avec la chronique !