L’année dernière, Endless Floods sortait un premier album éponyme (chroniqué ici même) tout en sobriété et évitant les détours inutiles pour aller droit au but. Pas originaire de la Canebière pour autant, mais de Bordeaux, le trio composé de deux membres de Monarch nous proposait alors un sludge dronesque teinté de passages ambiants à faire planer/pleurer un mormon, le tout dans une belle ambiance glauque et anxiogène. II décide de poursuivre l’ascension entamée sur les cimes du désespoir.
Les nouvelles compositions restent fidèles aux anciennes et sont toujours aussi efficaces et prenantes. Avec le moins d’artifice possible, Endless Floods va et vient entre ces décharges de violence soutenues par le chant haineux de Stéphane, entre ces passages qui laissent le champ libre aux instruments et à leurs fréquences graves, et entre ces éclaircies où le silence reprend doucement ses droits, mais jamais trop quand même. Le premier morceau, le monolithique «Impasse » de 24 minutes, résume parfaitement cet équilibre.
Si la formule reste donc inchangée, Endless Floods semble avoir voulu épurer un peu plus son nouvel album. Exit les feedbacks un peu trop présents et parfois inopportuns sur Endless Floods, exit les détails inutiles, exit aussi les titres de chanson de plus d’un mot. Sobriété, vous dit-on. L’album est divisé en trois titres seulement, dont la ballade acoustique « Passage » qui vient intercaler ses deux minutes au milieu du disque. Ce morceau aux résonances folk est un souffle d’air pur au milieu d’un paysage toxique, une bouffée salvatrice qui contraste sadiquement avec la laideur qui l’entoure, et qui n’a finalement d’autre dessein que de nous rappeler plus violemment à notre misérable condition. Après un départ sous stéroïde, « Procession » se calme rapidement et clôt l’album en une montée épique qui éclate dans un bordel bruitiste où l’on croirait que nos enceintes sont en train de rendre l’âme.
Comme l’illustre si bien la pochette du disque (d’une photographe dont je vous invite à voir le travail ici, parce que c’est bien), Endless Floods peint notre terne quotidien sous un ciel toujours couvert, mais nous prouve que toutes ces choses monstrueuses peuvent finalement donner naissance à quelque chose de beau, contre toute espérance.
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