Déjà, quand on a découvert le premier album éponyme de Firebreather en 2017, on se disait que le trio suédois vénérait secrètement Matt Pike. En effet, leur sludge crasseux et d’une violence extrême était la suite logique des plus grands méfaits d’High On Fire. Fondé en 2016 des cendres encore fumantes du groupe Galvano, Firebreather avait rapidement attiré l’attention des amateurs du genre avec, donc, un premier essai d’une extraordinaire puissance composé de seulement 4 titres pour 32 minutes, le temps nécessaire pour s’immiscer dans votre tête et vous la retourner. Voici maintenant que déboule Under A Blood Moon, second effort du trio.
Dès les premières mesures, le ton est donné : il ne sera fait aucun prisonnier. « Dancing Flames » pose l’ambiance, et elle sera sombre. C’est lourd comme une vanne de Cyril Hanouna, pour vous donner une idée… Pourtant, le côté mélodique n’est pas oublié et le guitariste/hurleur Mattias Nööjd se fend même d’un petit solo bienvenu après plus de 7 minutes éprouvantes. Juste derrière, « Our Souls They Burn » vous éclate la mâchoire à grands coups de boutoir donnés sans sommation par la doublette basse/batterie. Autant vous dire que Firebreather n’est pas venu pour vous conter fleurette : le son est rugueux, viscéral, bouillonnant, épais… La clé idéale pour ouvrir les portes du Mordor, en quelque sorte…
« Closed Gate » ne vous apportera pas de répit et vos oreilles ordonnent à votre tête de se mouvoir en cadence d’avant en arrière. De toute façon, pas la peine de lutter, Firebreather a déjà pris le contrôle de votre corps. Le titre « Firebreather », lui, est un impressionnant magma sonique de sept minutes et demie où la tellurique guitare de Nööjd ravage tout. « We Bleed » enfonce le clou avant que « The Siren » (sans doute le titre le plus « abordable » de l’album) ne vous achève d’un coup de hache en pleine tête.
Autant vous le dire tout de suite, ce genre de groupe me laisse en général totalement froid et j’ai plus souvent l’habitude de volontairement les éviter. Mais Firebreather a été enrôlé par Monolord pour ouvrir leurs concerts lors de leur tournée européenne et j’ai donc décidé d’écouter Under A Blood Moon pour me faire une idée avant le concert, et ce malgré mes réticences initiales. Eh bien, même si je n’écouterai pas cet album en boucle pendant plusieurs jours, je dois lui reconnaître de nombreuses qualités parmi lesquelles une puissance de feu démoniaque, une ambiance apocalyptique assez impressionnante et des compositions capables de retourner les tripes des plus endurcis. C’est épuisant, on ressort de cette expérience totalement vidée mais, étonnamment, on a hâte de vivre çà en live… Il y a des fois où l’on aime se faire mal…
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