Progressive fuzz, on ne saurait mieux trouver pour définir le trio instrumental lyonnais Fuzzcrafter. Artisans de la fuzz, créateurs d’un premier album studio et revendeur d’un live, ils viennent de détourer, polir et mettre sous écrin une nouvelle plaque sobrement intitulée C-D qui devrait confirmer leur étiquette. En revanche avec un titre pareil et des morceaux allant de “C1″à”D3” c’est à se demander si l’on n’aurait pas affaire plus à des ingénieurs qu’à des artisans.
Pour cette livraison, les Fuzzcrafter nous offrent sous une bonne couche grasse de fuzz des passages entre blues et jazz, où ils déroulent des gammes mine de rien et font passer le tout grâce à un tempo toujours très swing. La structuration des morceaux ne permet pas de qualifier le tout de Jam Session, mais avec deux morceaux de plus de 13 minutes, impossible de ne pas y penser.
Ce nouvel opus fait la part belle au prog dans un étalage bienséant de virtuosité. Fuzzcrafter n’enfonce jamais vraiment le clou d’une musique qui pourrait devenir trop pesante. C’est le cas avec “D2” qui joue un thème suranné avant de bifurquer vers des une basse et une guitare hyper funky, quasi pop. Le tout aboutit à quelque chose qui flottait déjà dans l’air avec certains passages sur “D1”, notamment quand la basse ultra fuzzée soutient les rythmiques hyper sèches de la gratte.
S’il est question de virtuosité tant du côté de la guitare que de la basse, le batteur qui est moins volubile que ses camarades sait cependant apporter sa touche de couleur aux composition grâce ses breaks et à de petites surprises comme avec l’utilisation d’une darbouka sur “C3”. Ce morceau reprend la recette la piste “A4” sur la plaque précédente, il est également assez central au sein de C-D, cette perle électro acoustique d’une finesse enthousiasmante confirme l’essai et Fuzzcrafter va pouvoir réitérer l’expérience acoustique sur “D3” pour une clôture qu’on aurait néanmoins souhaité plus longue. (Et là, je vous recommande d’aller jeter une oreille une fois de plus au premier opus dont la gémellité de structure est flagrante)
C-D est un album moins en recherche de fuzz et de puissance que le précédent et c’est sans renier son enseigne que le trio d’artisan intègre à son art de multiples courants au travers desquels il augmente sa capacité d’expression. Fuzzcrafter vient confirmer avec cette nouvelle galette qu’il a de l’or dans les doigts et des idées plein la tête. Une maison au savoir-faire rigoureux où l’on ne regrette pas d’être client.
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