La Suède serait-elle devenue l’eldorado du classic rock contemporain, au même titre que la Grèce soit devenue la mecque du stoner actuel ? On peut le penser, tant la propension qu’à le pays à enfanter des merveilles chaque semaine est impressionnante… L’un des derniers représentants en date et l’un des moins manchots du lot se nomme Gaupa, quintette originaire de la ville de Falun, l’une des principales zones d’extraction minière du pays qui accueille l’usine d’assemblage des camions Scania. Voilà pour l’histoire et le décor. Mais ce qui nous intéresse ici, ce ne sont ni les 44 tonnes ni le cuivre sorti des entrailles de la terre mais la zik, rien que la zik. Et croyez-moi, amatrices et amateurs de classic rock à la sauce seventies, vous allez être servi(e)s…
Après un premier EP paru en 2018 (mais seulement disponible depuis quelques semaines sur support physique sous un sublime artwork de l’ami Jo Riou), Gaupa nous a envoyé Feberdrom début avril, album qui suit le single « Alfahonan (Shooting blanks) » balancé en éclaireur en janvier dernier. La pochette, plus conventionnelle que l’EP éponyme mais tout aussi psychédélique et superbe, représente à nouveau un lynx (traduction de « gaupa » en suédois). « Vakuum » ouvre les hostilités avec, dès les premières secondes, la voix tétanisante, frissonnante de pureté d’Emma Näslund, prêtresse blonde et son organe qui rappelle, fatalement, une certaine Björk dans ses intonations et son timbre de voix. Ceux qui attendaient une suite naturelle à l’EP précédemment cité seront tout de même un poil déçus : plus conventionnel dans son approche, Gaupa a mûri et a comme gommé les imperfections de son son qui apparaît dès lors comme lisse, peut-être trop diront certains.
Bon, malgré ce léger défaut, Feberdrom est euphorisant de bout en bout : entre le puissant « Where emperors grow » (quelle voix encore une fois!), l’envoûtant « Grycksbo ganglat » (mot compte triple au Scrabble) ou le tétanisant « Mjolksyra » (et sa basse qui vibre plus qu’un malade de Parkinson), l’auditeur, quelle que soit son orientation musicale, saura trouver de quoi se repaître. Que l’on soit amateur de grosses guitares, d’envolées lysergiques ou tout simplement nostalgique des seventies, Gaupa saura vous emporter.
Au final, difficile de reprocher quoi que ce soit à Feberdrom, hormis peut-être un manque de cohérence entre les titres qui font de cet album une somme d’individualités fortes en goût plutôt qu’un repas gastronomique de l’entrée au dessert. Sans atteindre le niveau d’un 3 étoiles, on est quand même mieux servis qu’au fast-food ! Entre leur EP éponyme et ce premier essai au format LP, Gaupa tape dans le mille et on attend la suite avec impatience…
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